Ce film a un problème. En tout cas vu de chez moi.
D'un point de vue réalisation, production, distribution, action, il est impeccable. Tout part d'une obsession, celle de retrouver Ben Laden, projet quasi abandonné par le pentagone, mais l'oeuvre d'une femme de la CIA (dixit le film, je n'ai pas pris la peine de checker les faits de ce côté).
Et puis, du terrain aux bureaux, en passant par la diplomatie, la réalisatrice nous emmène partout. On comprend plutôt bien. La dernière partie, la récupération du coquin ultime, n'est pas toujours limpide, mais on est dans la nuit, ceci peut expliquer cela.
Donc, on est embarqué.
Mais quel est le problème ? J'en vois deux.
1/ Aucun questionnement n'est posé. A quel prix doit-on retrouver ce symbole de la lutte contre le terrorrisme ? Cette prise qui permettrait aux Etats-Unis de dire "vous voyez, on a bien fait d'y aller" ? Au prix de la torture, de morts civiles, de morts de soldats américains et autres ? Et à quel prix financier bien évidemment ?
Exemple, la torture. Le film commence quasiment par de longues scènes de tortures. L'héroïne du film semble choquée. Mais en réalité, non. Il faut juste qu'elle s'habitue à cette violence, à ces odeurs. Mais elle finira par les diriger, ces scènes. Et je ne vois pas, dans la réalisation, ce qui fait qu'il y questionnement sur la légitimité. Ni de l'héroïne, ni de Bigelow. Il semblerait que la fin justifiât les moyens. Soit.
2/ Le point de vue est systématiquement américain. Et même principalement militaro-américain. Il n'y pas ou peu d'autres points de vue. On est face à un film presque nationaliste mais que ne dit pas son nom. Mais également un film un peu démagogique ou populiste, dans lequel les bureaucrates ne sont que des obstacles à la cible ultime. Or, les bureaucrates sont également là pour des raisons démocratiques, diplomatiques, droitdelhommiques... Mais il est vrai que par les temps qui courent, ce sujets tendent à perdre du terrain...
Bref, un film spectaculaire, sérieux, propre, efficace. Mais un film dont le parti pris m'irrite un peu.