J'aime pas le foot, mais ce documentaire est bien (parce que justement, ça parle pas de foot).

Je pense que dans un premier temps il faut remettre les choses dans leur contexte. Il n'est pas question d'un simple documentaire, il s'agit quoi qu'on puisse en penser d'une oeuvre artistique. Et oui, Philippe Parreno et Douglas Gordon sont deux artistes contemporains.


À partir de ce postulat, ça nous permet de prendre du recul sur ces 90 minutes de foot entièrement focalisées sur Zidane. Au début j'étais très sceptique quant au visionnage de ce documentaire, premièrement car le foot et moi ça fait quarante douze, deuxièmement parce que Zidane, même si c'est Zidane, m'intéresse autant que ma première paire de chaussettes, donc assimiler les deux pendant 1h30 apparaissait comme un calvaire.


Finalement j'ai été agréablement surprise, dans ce travail vidéographique il n'est pas question du foot en général, on se fout du match, du score, keskekoi dans l'espace. Pas besoin d'avoir un certain skill en la matière pour comprendre ou s'intéresser au docu'. On regarde Zidane, que Zidane et uniquement Zidane, là est tout l'intérêt. Il s'agit d'une rêverie plastique, d'une perception d'un corps, un travail sur l'espace physique de Zidane durant le temps d'un match.


Ce documentaire est extrêmement bien rythmé, on alterne entre des prises vidéos directes du terrain puis des captations d'écran pour nous montrer le match d'un point de vue plus large (une sorte d'écranception), il y a aussi une rythmique due à l'attitude de Zidane quand il attend, réfléchit, se concentre, puis accélère soudainement pour s'approcher du ballon rond.
On n'est plus externe au match, on est dedans, on le vit au rythme de son corps, au rythme des bruits de la foules et des autres joueurs. Par moment, Zidane apparaît comme seul face aux tribunes, sur le qui-vive tel un gladiateur qui attend son prochain combat. Il n'est pas en représentation de lui-même, il n'est d'ailleurs plus lui-même.


Ce qui m'a beaucoup plu dans ce documentaire c'est l'approche chorégraphique/performative qui en ressort. On le perçoit comme un homme en cage, un homme-animal, avec une attitude chevaline lorsqu'il frotte ses pieds sur la pelouse prêt à courir, il y a là une poésie du geste, de la démarche.


Puis c'est Mogwai qui a fait toute la musique, c'est une belle petite cerise sur le gâteau ça !

Elliana
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le 18 nov. 2014

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