Zodiac
7.2
Zodiac

Film de David Fincher (2007)

« Le temps fuit et emporte avec lui tout ce que nous laissons échapper… »

Le champion du thriller Américain est de retour. Après nous avoir laissé avec le sympathique huis-clos « Panic Room », innovant sur le plan technique, il revient à la charge avec une enquête qui sème autant de doute qu’il existe de pistes. Alors que « Memories Of Murder » se prête plus ou moins au même jeu, le caractère temporel est bien plus prononcé et décortiqué dans « Zodiac ».


David Fincher propose alors une lecture de l’homme et de son reflet, à travers un fait réel qui a secoué la région de San Francisco. Le serial-killer est une bête sauvage, mais il reste humain avant tout. Ceux qui le pourchassent font parties des cellules dont leur implication les rapprochait de la vérité. Mais quel est le véritable but ici ? On multiplie les victimes et suspects pour étudier ce que la nature humaine réagir avec le temps. Effet miroir aux 158 minutes du film, le brouillard s’épaissit au fur et à mesure que l’on avance. Les enquêteurs, tout comme le tueur, sont dépassé par le temps qui les nargue, les oblige à tenir une ligne de conduite stricte. Bien que ce ne soit pas le cas pour tous, des cicatrices évidentes apparaissent pour appuyer cette observation.


On retrouve ainsi les inspecteurs David Toschi (Mark Ruffalo) et William Armstrong (Anthony Edwards) pour la faction policière. Et pour les journalistes, Robert Graysmith (Jake Gyllenhaal) et Paul Avery (Robert Downey Jr.) supervisent l’actualité des drames. Ensemble, dans un mélimélo d’une chasse à la souris, ils génèrent des motivations différentes. Le seul profit que nous autres spectateurs attendons impatiemment n’est autre que l’identité du coupable… Fincher joue donc sur des séquences lourdes, silencieuses où la mise en scène parvient à insuffler le sentiment de peur et de danger. Les protagonistes principaux piétinent donc face à cette torture psychologique que le tueur impose, à la fois aux enquêteurs qu’au public. Tout tourne autour de la médiatisation. Le visage du tueur n’a donc plus d’intérêt, car il se dévoile sur les chaines d’informations. Par ce biais, il parvient tout de même à obtenir une figure qui lui rendra service, en le rendant plus humain et plus commun.


Au final, il n’en reste plus qu’un, Graysmith perturbé qui hérite de la nervosité et de l’obsession du criminel, en un sens. Montant petit à petit en puissance, il y verra une mission personnelle, où les sacrifices seront difficiles à encaisser. On pourrait d’ailleurs être gêné et se sentir mal à l’aise, par sa motivation et son adversité. Or, il s’agit de la personne la plus intuitive et la plus déterminée, après Toschi.


S’il fallait poser le pour et le contre dans ce débat, on trouvera de tout. Mais tout notre intérêt devrait cependant se tourner vers la démarche de cette enquête. On opte intentionnellement pour un décor dans les locaux administratifs, là où les informations se centralisent pour que l’on puisse en profiter. Fincher nous invite à participer, sans toutefois céder une piste sérieuse qui nous rapprocherait de la lumière. La réflexion est à son comble et on ne peut qu’être inspiré par ce récit, malgré des ellipses parfois brusques, donnant davantage raison au style documentaire que le film évite d’endosser.

Cinememories
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le 10 juil. 2017

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