Zodiac
7.2
Zodiac

Film de David Fincher (2007)

Inspiré de la célèbre affaire du Zodiac, tueur en série qui, à la fin des années 60, terrorisa les alentours de San Francisco, le film de Fincher, dans une veine quasi-documentaire, retrace la traque assidue, obsessionnelle et désordonnée, d’un assassin insaisissable. Sur le fond, le film aligne mécaniquement actes et théories véridiques de cette grande enquête jamais résolue, l’apparentant à un film-dossier touffu et captivant. Malgré des longueurs et un rythme languide, Fincher sait maintenir la tension, créer des scènes de pur suspens (les deux premiers meurtres, la rencontre avec le principal suspect, la scène dans la cave...) et apporter une ironie distanciée aux bons moments.
 Si tout cela tient la route, il n’en ressort pourtant pas grand-chose, le film se limitant aux démonstrations, à un récit sans aspérité. Fincher est comme piégé par l’ampleur et la lourdeur des faits imposés, et il manque à son film un souffle, une envie de cinéma qu’il avait si bien su inventer dans ses films précédents.

De plus, Fincher, grand formaliste, et alors qu’il a souvent été raillé pour ça, aborde cette fois sa mise en scène d’une manière trop rigide, trop fermée ; même dans ses films "calmes" (The game et Panic room, en comparaison à Se7en et Fight club, plus nerveux, plus borderline), son sens du cadre et de la composition éblouissait, évident à 200%. Ici, Fincher semble s’ennuyer, préfère l’épure, l’absence d’esbroufe, mais sa mise en scène trop raide trahit finalement sa propension à davantage se surpasser dans des films à dispositifs ou son envie de, justement, s’éloigner de ce pourquoi il est réputé (ou critiqué), ou trahit simplement son incapacité à aborder un sujet plus classique.

Dans les trois cas, le résultat, pour le spectateur, est plutôt décevant et donne la désagréable impression de visionner un long et maussade téléfilm. La faute aussi à Harris Savides, directeur de la photographie pourtant brillant (The yards, The game, Birth, les derniers films de Gus Van Sant) qui s’est fourvoyé dans un rendu formel indigne de son talent censé rappeler l’esthétique usée des films des années 70. Les dominantes marronnasses et orangées, presque monochromes, sans contraste, affadissent incontestablement la portée stylistique du film déjà diminuée par le manque de vigueur dans la mise en scène. Fincher tenait un sujet en or qui lui permettait de réaliser une œuvre adulte s’écartant du côté "gadget" de ses productions antérieures, mais a raté son ambition en échouant à véritablement transcender un scénario peut-être trop cadenassé, auquel il semble ne même pas vouloir totalement se passionner malgré la durée du film (2h30) et une scène finale glaçante.
mymp
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le 20 oct. 2012

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