Un deuxième visionnage, un retour en force!
Lors de mon premier visionnage de Zodiac, je n'avais pas été particulièrement marqué par le film. J'avais du mal à m'attacher au personnage, je trouvais le film lent et long ; avec une intrigue très (trop) complexe. Puis outre le faite que j'avais pas la même vision des films et le même esprit d'analyse, j'avais vu ce film en trois fois ; ce qui n'aide pas forcement. Et en réfléchissant sur mon top, je me dis qu'il fallait que je le revoie dans de bonne condition, et avec un esprit neuf.
Et mon dieu qu'est-ce que j'ai bien fait !! Comme ma note l'indique, ce film est du grand Fincher, un de mes réalisateurs favoris ! Il nous met en scène un thriller morbide, pesant, et passionnant, d'autant plus que c'est une histoire vrai. Et cela fait vraiment froid dans le dos, car cette histoire est la preuve que la réalité peut dépasser la fiction. Et Fincher met en scène un suspens haletant ; nous aussi spectateur nous recherchons le tueur, et une tension à faire frissonner. La scène d'introduction est monstrueusement efficace, la scène du lac est du beauté morbide, et, ma préféré, la scène de l'autoroute, à une tension insurmontable, avec la réplique magnifiquement glauque « Avant de te tuer je vais balancer ton bébé par la fenêtre ». Le réalisateur de Seven mérite amplement son statut de maître du thriller, et mériterais même le statut du nouveau maître du suspens. Et bien évidemment, le tueur éponyme Zodiaque, autour duquel s'articule le récit, est effrayant par son absence visuelle et prend vie à travers ses lettres, ses cryptogrammes, et ses appelles téléphonique faisant froid dans le dos. Le scenario est écrit avec brio. Car en plus de sa construction narrative original (j'y reviendrais), cette enquête est terriblement complexe et dense mais est écrite avec tellement de talent que le spectateur, qui doit suivre comme il faut (il ne faut pas rater une miette sinon on est vite perdu) , arrive à tout comprendre. Ce qui n'était pas forcement facile à faire compte tenu de l'extrême difficulté de l'enquête et du nombre d'informations à assimiler
Mais Fincher ne nous présente pas qu'une enquête prenante. On y voit aussi les conséquences de celle-ci. En effet, le journaliste Paul Avery se noie dans l'alcool à cause des menaces et de l'enquête sur le tueur qui lui sont trop pesante. L'enquêteur interprété par Mark Ruffalo perd sa place dans la brigade, accusé d'avoir envoyé une fausse lettres du tueur, et le dessinateur Graysmith auquel son obsession pour le Zodiaque conduira à l'échec de sa vie sentimental. Et à travers cela, le réalisateur fait ressortir les thèmes qu'il aborde intelligemment. En effet l'obsession, et la déchéance que provoque celle-ci est une notion extrêmement présente dans ce film, avec celles de la chasse et de la proie. Et je me demande même si il n'y a pas une certaine mise en abîme du cinéma et et de la mise en scène. Puis je pense que Fincher critique aussi la bêtise du système judiciaire, car au bout d'un moment, l'identité du tueur est flagrante mais il réussit tout de même à s'en sortir à cause de stupidité judiciaire.
Après avoir parlé du fond, voyons ce que maîtrise le plus Fincher, la forme. Sa mise en scène est toujours aussi extraordinaire. On retrouve son cachet, la photographie jaunâtre, qui est un facteur de l'atmosphère affreusement pesante, qui est représentative des conséquences de l'enquête. De plus, la musique, notamment les notes grave et lente du piano qui m'ont marqués, participe extraordinairement bien à l'effet d'atmosphère. Et quelques effets 3d avec les écritures sont les bienvenues.
Ce thriller est aussi original dans sa construction narrative, montrant à la fois le talent du réalisateur mais dans ce cas surtout du scénariste James Vanderbilt. Alors que la plupart des thrillers sont très linéaires et ont une unité de temps assez court, celui-ci contient énormément d’ellipse, se déroulant sur 22 ans. Et à chaque partie du film, les personnages principaux s'inversent ; donnant un film mosaïque et chorale ce qui est très rare dans les films du genre. Et justement, ces nombreuses ellipse participe à un petit défaut du film. Étant donné que l'intrigue se déroule sur 22 ans, l'évolution des personnages, aussi bien psychologique que leur vie, paraissent très simplifié. Car même si l'évolution est excellente, on a du mal à croire que sur une aussi grande durée il n'y a eu que tel ou tel chose qui ont changé. Après c'est surtout du pinaillage, car le film est tellement bien écrit que nous nous attachons à tous les personnages, chacun ayant une personnalité propre, et ceux jusqu'à même les rôles secondaires!
De plus la direction artistique de ce film est juste grandiose. Les costumes et les décors d'époque sont magnifiquement retranscrits, Fincher allant jusqu'à utiliser des fonds verts pour avoir des décors parfaits. Je pense qu'on peut aussi se permettre de comparer le casting à du caviar. Jake Glyhenall, nous livre une prestation attachante, et assez drôle du personnage un peu renfermé mais irrémédiablement fouineur et obsédé par cette affaire. Mark Ruffalo joue lui aussi à l'excellence le gentil flic surmené, lunatique, aimant la justice, mais n'étant pas toujours d'accord avec elle. Mais celui qui sort vraiment l'épingle du jeu de ce casting est Robert Downey Junior. Ce mec est vraiment un des meilleurs acteurs Hollywood. Comme un peu à son habitude, il joue à merveille le journaliste tout d'abord excentrique, intelligent et hautain mais qui sombre dans l'alcool et la douleur. Sa réaction face au morceau de tissu qu'il a reçu mais juste épaté ! Franchement je crois que c'est la première fois qu'à une scène aussi banale, sans réel force dramatique ou autre, un acteur arrive à m'impressionner autant.
En résumé, ce film est une claque dont je m'attendais pas, étant donné que je l'avais déjà vu et pas spécialement adoré et il est foncièrement quasi parfait. Ce film qui était en avant dernier de mon classement mental des œuvres de Fincher se retrouve propulser à la troisième place !