Après la blaxploitation et la sexploitation le cinéma américain a produit de rares films de marxploitation qui n'est pas vraiment du cinéma d'inspiration marxiste, mais du cinéma d'horreur d'inspiration anti-capitaliste.
"Dawn of the Dead" de George Romero peut être considéré comme l'un des premiers films dans le genre marxploitation en même temps que son meilleur film. Renversant la dialectique des années 50 qui associait les extraterrestres aux communistes, les zombies sont ici des ex-consommateurs qui errent dans les rayons d'un hypermarché, toujours dirigés au-delà de leur mort par les mots d'ordre qui ont gouverné leur ancienne vie. «Consomme et Consomme encore».
Passons sur un début bien bordélique censé montrer la panique qui s'est emparée d' un plateau de télévision à l'annonce de la prolifération des morts-vivants, souligné par la musique hors sujet du groupe Goblin. L'histoire va se focaliser avec plus de rigueur sur un groupe de quatre fugitifs qui s'échappent en hélicoptère et trouvent refuge dans un centre commercial abandonné. Dans cet hypermarché flambant neuf, temple de la Consommation, ils peuvent réaliser leur rêve secret de posséder tout ce qu'ils désirent. Mais ils se retrouvent confrontés à des individus verdâtres plutôt propres sur eux, mais néanmoins affamés de mollets bien saignants et de boyaux humains bien dégoulinants.
Après s'être barricadés et alors qu'ils regardent tranquillement des débats télévisés sur les zombies, les quatre héros devront affronter une armée de bikers excités par le pillage et la violence. Les motards réussissent à pénétrer à moto à l'intérieur du centre commercial en détruisant tout et en faisant une hécatombe d'ex-boomers. Comme ça se passe en Amérique et que le premier rayon dévalisé par les bikers est bien entendu le rayon des armes, les quatre protagonistes seront obligés de rejouer Rio Bravo, à trois et sans John Wayne.
En fin de compte les bikers seront plus dangereux que les zombies mais les héros parviendront à s'enfuir in extremis dans ce film qui, sans en avoir l'air à première vue, a des choses intéressantes à dire, contrairement à la production gore contemporaine.