Dix ans après le séminal "Night of the living dead", le cinéaste George Romero revient aux morts-vivants avec "Dawn of the dead" ("Zombie" en Europe), second segment de ce qui deviendra sa saga des morts-vivants. Produit en collaboration avec le maestro Dario Argento, le film connaîtra plusieurs versions, le metteur en scène de "Suspiria" supervisant le montage européen. Plus punchy, plus resserrée, moins goguenarde et incluant l'excellente bande son de Goblin, c'est de cette version, interdite pendant cinq ans en France, que je vais vous parler.

Budget plus conséquent oblige, George Romero a enfin les moyens de ses ambitions et se fait plaisir, le bougre. A partir d'une poignée de séquences diablement efficaces et d'une ambiance sentant bon l'apocalypse, Romero accouche du film ultime sur le sujet, bien aidé dans sa tâche par les maquillages révolutionnaires pour l'époque du génial Tom Savini, également présent devant la caméra dans un rôle inoubliable de biker allumé et maniant le sabre comme Errol Flynn.

Mais c'est surtout dans son fond que "Dawn of the dead" explose la concurrence et gagne ses galons de classique du cinéma d'horreur. En pleine possession de ses moyens, Romero livre un pamphlet virulent contre la société consumériste de l'époque, s'emparant des symboles de l'Amérique pour se torcher joyeusement le cul avec. Société de consommation, forces de l'ordre, bikers, médias, rednecks, tous passent sous la moulinette de Romero pour finir en gigantesque hamburger avarié.

Horriblement drôle, bourré ras la gueule de petits détails hilarants, contestataire et fun comme c'est pas permis, "Dawn of the dead" a certes un peu vieilli mais reste une oeuvre sacrément subversive, dont les hectolitres d'hémoglobine versés servent avant tout un propos d'une violence incroyable.
Gand-Alf

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