Les zombies, ils font que des problèmes, les zombies ils ont mauvaise haleine

Depuis quelques années, le zombie est devenu un personnage incontournable de la culture pop. Adulé, il est décliné à toutes les sauces : BD/comics (The Walking Dead, Marvel vs Zombies, Zombies, Apocalypse sur Carson city,…), séries (The Walking Dead, Dead Set, Z Nation,…), livres (World war Z, Zombie story, Guide de survie en territoire zombie,…), jeux vidéo (Dead Island, Dead Nation, Resident Evil, Dead Rising,…) et bien sûr une quantité phénoménale de films. Il faut donc rendre à César ce qui appartient à César. Je veux bien sûr parler du réalisateur George A. Romero qui est à l’origine de cette zombiemania. Son premier film, La Nuit des morts-vivants, sorti en 68 deviendra un classique du genre. Un classique certes, mais pas le chef d’œuvre qui servira de point de repère aux générations futures. Ce chef d’œuvre, c’est Zombie. Avec un budget limité 500 000 dollars au lieu des 1,5 millions convenu, Romero et son équipe sont allés chercher ce film avec leurs tripes.


Le film débute avec le chaos déclenché par l’épidémie. D’un côté le couple Francine et Steve, employés d’un studio de télévision, qui décident de s’enfuir en hélicoptère. De l’autre côté, Roger, ami de Steve, et Peter, membres du SWAT, qui liguent leurs forces lors de l’attaque d’un immeuble où les habitants cachent des zombies. Après cette sanglante attaque où civils et militaires s’entre-tuent au milieu de zombies dans des corridors étroits, les quatre protagonistes finissent par se rejoindre et partent à la recherche d’un endroit sûr. Ils finissent par atterrir sur le toit d’un gigantesque centre commercial afin de se réapprovisionner. Prenant vite conscience que l’endroit regorge de ressources et est facilement défendable, le petit groupe décide de s’y installer. Malheureusement pour eux, l’endroit est infesté de zombie et ils ne sont pas les seuls à vouloir s’y installer.


Ce film apporte indéniablement sa pierre à l’édifice même si certains choix faits pour ce film ont été abandonné par la suite, comme le fait de maquiller le visage des zombies en gris afin de rester dans la continuité du rendu visuel de La Nuit des morts-vivants tourné en noir et blanc mais qui au final leur donne des allures de Schtroumpfs. Extrêmement violent pour l’époque, le film est un maelstrom de viscères, sang, cervelles et autres barbaques. Pour la petite histoire, l’acteur Scott H. Reiniger qui interprète Roger, est venu accompagné de sa grand-mère lors de la grande-première. Dès la scène de l’attaque de l’immeuble par le SWAT, celle-ci s’est sentie mal et Reiniger a donc dû quitter la salle avec elle. Le film a longtemps été boudé par la critique et fût même censuré pendant 5 ans en France car accusé de transmettre une idéologie nazie, à savoir des hommes prenant plaisir à tuer ceux qu’ils jugent comme des sous-hommes, lors de la scène de l’attaque des bikers.


Zombie se positionne également comme une réflexion sur notre société hyper consommatrice. Une société qui marque profondément l’homme au point que celui-ci retourne dans son centre commerciale par «instinct» une fois transformé en zombie et au point où les vivants, qu’ils soient bons ou méchants, ne pensent qu’à piller et entasser des richesses qui au fond ne valent plus rien.


De manière plus générale, la zombiemania est représentative d’un malaise au sein de notre société. Pourquoi la représentation de la fin de notre civilisation voir de l’humanité touche un public aussi vaste ? Peut-être une volonté de se rassurer de sa condition tout en frissonnant confortablement installé devant sa télé ou peut-être une volonté d’en finir, de faire table rase du passé et de recommencer à zéro…

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le 20 oct. 2015

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Vincent-Ruozzi

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