Face à l’engouement suscité par ce personnage qu’il avait créé pour la chaîne VH1, Ben Stiller, pour sa troisième réalisation, décida d’en faire un film. Malheureusement pour lui, le succès en salles ne sera pas au rendez-vous. Cette histoire, beaucoup de gens la connaissent : le long-métrage, sorti deux semaines après les attentats du 11-Septembre, a dû faire face à cette tragédie et à la résignation des spectateurs à vouloir faire l’impasse aussi rapidement sur cette dernière. Si le long-métrage est aujourd’hui connu, c’est notamment grâce à son exploitation en DVD, qui incita les curieux à le découvrir enfin, à lui permettre de rentabiliser convenablement son budget et de lui offrir le statut de film culte. À tel point que Stiller et toute son équipe se sont à nouveau réunis pour nous livrer une suite sortie récemment (mais ça, nous y reviendront dans une autre critique). Mais il faut bien avouer que Zoolander n’est pas un chef-d’œuvre pour tout le monde, objectivement parlant.
Car même si le film a bien des qualités, il est évident que le projet de Ben Stiller ne plaira pas à tous les spectateurs. La faute à plusieurs détails. Principalement à l’univers dans lequel Zoolander tente de nous faire enter, à savoir celui de la mode. Un milieu plutôt fermé que le film se plait à dresser un portrait haut en couleurs et ce de manière déjanté, certes, mais auquel il ne faut pas se montrer hermétique pour en aborder toutes les finesses et références. Du coup, difficile de savoir si le long-métrage se présente à nous comme une pure bouffonnerie purement assumée ou bien une parodie des mannequins et consorts (bien que ce fait soit évident lors de certaines scènes). Même chose pour l’humour propre à la troupe d’acteurs comiques du Frat Pack, qui cultivent généralement l’absurde sous toutes ses formes. Et Zoolander, nous avons le parfait exemple d’une comédie n’ayant (heureusement) jamais peur du grotesque pour amuser. Mais encore une fois, il faut adhérer à ce comique qui a autant ses adorateurs que ses rétracteurs. Pour ma part, je suis entre deux, ce qui fait que Zoolander ne se soit pas montré impérissable à mon égard. Juste rigolo. Quant aux fans, ils seront sans aucun doute aux anges !
Mais s’il fallait regarder Zoolander de manière purement objective, on y trouverait un film qui n’a aucune ambition si ce n’est celle de faire rire. Car si vous vouliez un produit artistique, vous serez grandement déçus par ce scénario sans queue ni tête n’ayant tout simplement aucune originalité niveau mise en scène et technicités. Zoolander, c’est plutôt un enchaînement de situations rocambolesques, de détails à foison et de personnages hauts en couleurs pour assurer pleinement le spectacle. Des séquences folles, vous en aurez assurément, comme ce duel de défilés (qui se finit par un arrachage de slip, pour vous montrer le niveau humoristique), ces poses photogéniques en guise de signature, le passage à la mine ou encore le dénouement. Tout cela pour dire que l’ensemble, même s’il ne transpire pas de qualité et d’ambition, se montre plus que généreux en sincérité, en sympathie et en énergie pour divertir le public comme il se doit.
Un constat que nous devons également aux comédiens du long-métrage, qui se sont littéralement prêter au jeu du burlesque et du ridicule avec beaucoup de complicité, d’envie et d’amusement. Que ce soit les acteurs principaux que sont Ben Stiller, Owen Wilson, Christine Taylor et (un impayable) Will Ferrell, mais également les rôles secondaires (Milla Jovovich, David Duchovny, Jon Voight…). Sans oublier les nombreux guests qui ont répondu si gentiment à l’invitation de Ben Stiller de faire partie de son film, pour jouer des personnages atypiques (un étonnant David Bowie) ou bien leur propre rôle (Natalie Portman, Christian Slater, Billy Zane, Lenny Kravitz…). Que l’on soit hermétique ou pas au milieu de la mode ainsi qu’au comique du film, il est indiscutable de remarquer que le casting se démène corps et âme pour amuser. Et c’est un réel plaisir de voir autant de personnalités prendre leur pied comme des petits fous !
Vous l’aurez compris, Zoolander est une immense bouffonnerie et rien d’autre ! Si l’on peut se montrer sceptique envers certains points et que l’humour, malheureusement, est abordable de manière subjective, le tout se montre suffisamment généreux pour faire passer un agréable moment aux spectateurs. On est encore loin du génial Tonnerre sous les tropiques, mais le divertissement humoristique est déjà bien là !