En 2001, le golden boy de la comédie américaine Ben Stiller sortait Zoolander, parodie absurde et hilarante du monde de la mode. Rapidement devenu culte, le film est d'ailleurs un des films favoris de Terrence Mallick, au cinéma pourtant assez éloigné (doux euphémisme), ce qui, en plus d'être un fun fact succulent à utiliser lors d'un dîner mondain organisé par les Inrocks, demeure l'un des plus grands mystères du septième art pour moi. Mais nous nous égarons. Quinze ans plus tard, Stiller s'est fait une vraie filmographie en tant que réalisateur, filmo intéressante quoiqu'en dents de scie, allant de l'excellent (Tropic Thunder) au franchement oubliable (Walter Mitty). Et il nous revient en 2016 avec la suite des aventures du mannequin le plus con du monde, Dereck Zoolander.
Faire une suite d'un film culte, a fortiori plus d'une décennie après, est très casse-gueule (coucou Les Inconnus, coucou Eric & Ramzy). Et pour le coup la logique est respectée, puisque c'est un ratage. Mais un ratage sympathique, qui malgré d'énormes défauts et de pachydermiques lourdeurs, mérite une certaine bienveillance, eu égard au premier volet, et aux allures de plaisir coupable que revêt cette suite.
Niveau suite tardive de film culte, il y a un modèle : Anchorman 2, d'Adam McKay. Et on sent que Zoolander 2 a tenté le même exploit, mais en se trompant de recette. C'est ballot. Là où McKay avait bien compris que le potentiel culte de son film résidait dans le talent de ses acteurs, dans l'absurdité de ces personnages, le film de Stiller se perd dans des caméos infinis (si bien qu'à la fin on croit voir des caméos là où il n'y a que d'anonymes figurants) et un scénario en roue libre qui devient vite lourdement absurde, au lieu d'être génialement absurde comme le premier Zoolander. Il perd complètement de vue les clés du succès du premier, l'alchimie improbable entre Ben Stiller et Owen Wilson, ne gardant que - et fort heureusement car cela sauve le film - le génie comique d'un Mugatu/Will Ferrell, égale à lui-même.
Pour ne rien arranger, Pénélope Cruz peine à convaincre dans ce rôle comique (à l'inverse de Benedict Cumberbatch, au passage) et surtout, Stiller s'avère peu inspiré niveau réalisation, ce qui s'explique peut-être par les gros moyens mis dans le film, venant phagocyter paradoxalement la substance kitsch qui faisait la sève du film de 2001.
Bref, malgré un avis au final positif car ce film a quelque chose de sympathique, pour tout ce qu'il a de mauvais, force est de constater qu'il ne restera pas dans les annales [insérer ici une blague lourde que le film aurait pu faire].