Le chaud puis le froid. C'est simple : une première moitié hallucinante de drôlerie et d'inventivité visuelle, une seconde ultra-convenue qui convoque tous les clichés scénaristiques auxquels vous avez déjà eu droit une bonne dizaine de fois au bas mot si vous êtes un fidèle de Disney.
Pourtant le studio fait des merveilles dès les premières minutes en nous présentant la principale promesse du film, cette ville cosmozoolite grouillante de vie. D'abord en train à travers les différents écosystèmes qui tiennent lieu de banlieues, puis à pied et en voiturette dans les pas de Jude, fraîchement débarquée dans la métropole pour enfiler le costume de flic qu'elle a convoité toute sa vie. Les idées fusent, l'écran fourmille à tel point qu'il est sans doute difficile de déceler tous les petits détails cocasses et autres détournements. Plus que la prouesse technique (pourtant de taille), c'est surtout la puissance comique qui permet rapidement au film d'emporter l'adhésion, notamment avec la scène des paresseux, un petit sommet dans son genre.
En fait, tout va bien du moment que l'on reste au coeur de Zootopie. Dès lors que l'enquête de Jude s'approfondit et que l'on quitte la folie urbaine du centre-ville, le film perd globalement tout ce qui faisait son charme ravageur. En s'engluant dans deux gros lieux communs de l'animation familiale contemporaine (attention spoilers) : la "conspiration machiavélique fomentée par un personnage qu'on n'est pas censé soupçonner", et la "dislocation temporaire de l'amitié entre les deux héros parce que l'un d'eux a dit un truc méchant donc l'autre boude mais ils se rabibochent deux minutes après". Tout se finit en musique bien entendu, si la bousasse de Shakira peut être considérée comme de la musique. Histoire de clore une dernière partie dont une géniale mais brève référence à Breaking Bad constitue le seul morceau de bravoure. Heureusement les gens derrière "Zootopie" ont du métier, et la réalisation dynamique évite de trop s'ennuyer malgré cette grosse baisse de qualité sur la fin. Avouez que c'est quand même dommage de faire rentrer dans le rang le film in fine après lui avoir insufflé autant d'originalité (et de le plomber avec une morale assez bancale et niaise sur le racisme, mais ça c'est une autre histoire).
De toutes façons, pourquoi tergiverser : rien que pour ses 45 premières minutes, "Zootopie" vaut amplement le prix du ticket.