Aussi désopilante qu’intelligente, la dernière création des studios Disney fait le pari d’un film d’animation destiné à tous, grâce à un sous-texte riche et soutenu par une écriture remarquable.
Dans un futur proche, les espèces animales vivent en harmonie : les prédateurs et proies ont appris à vivre en société. Tous cohabitent à Zootopie, incroyable métropole composée de différents quartiers adaptés aux individus qui y vivent. Un présupposé initial soutenu par un univers foisonnant, jouant sur la transposition remarquable de tous les aspects d’une société humaine au monde animal. Dès les premières minutes, les rapports entre individus sont complexifiés, révélant une fracture toujours existant entre dominants et dominés… qui ne sont pas forcément ceux auxquels on pense de prime abord. Les prédateurs souffrent de leur réputation de brute et les proies encaissent les préjugés sur leurs prétendues faiblesses.
Judy Hopps décide de faire fi des stéréotypes et de devenir la première policière lapine de l’histoire du monde animal. Pour résoudre une affaire d’étranges disparitions et faire ses preuves, elle se voit contrainte de former un tandem improbable avec Nick Wilde, renard charmeur et voyou au grand coeur qui, comme elle, abrite des cicatrices liées à sa propre nature.
On a appris à se méfier des films d’animation récents à animaux parlants qui peuvent rapidement infantiliser le spectateur et cibler avant tout un public jeune. Mais Zootopie se déroule comme une démonstration bien construite et ne cesse de surprendre grâce à une recette alliant maturité et humour décomplexé. Le film accorde autant de soin à son scénario qu’à son univers riche et ses personnages attachants. Du sexisme à la xénophobie en passant par la discrimination sexuelle ou physique, toute forme d’ostracisation peut être évoquée puisque le message sur la peur de l’autre est général dans Zootopie. Le vrai génie des scénaristes est d’avoir réussi à explorer les possibilités de ce monde animal et font bien plus que remplacer les héros d’une histoire humaine par des bestioles.
Disney se lâche, incluant quelques références culturelles un peu lourdes mais qu’on découvre (généralement) de bon coeur, allant jusqu’à la blague méta sur ses propres productions, et notamment La reine des neiges qui y a droit à plusieurs reprises. Qui aura repéré le “Let it goat” ? On passera juste sur la bande originale un peu insupportable made in Shakira et qu’on aurait souhaité plus fine.
Au final, Zootopie ravira tous les publics, réussissant à délivrer un message progressiste au creux d’une petite merveille d’animation. Le duo Hopps/Wilde fait de réelles étincelles, à un point qu’on aimerait voir comment leur relation, et le monde incroyable qui les entoure, évolueront par la suite.
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