Comment noter un film dont on a aimé le fond, mais pas vraiment la forme ?
Je tiens à éclaircir les choses tout de suite. Quand je parle de la forme, je ne parle pas de la qualité de l’animation car le film est irréprochable esthétiquement parlant.
Revenons pour le moment au fond. J’ai beaucoup aimé les messages véhiculés par Zootopie. A vrai dire, j’ai été agréablement surprise car certains m’ont paru plutôt culottés et poussés pour du Disney. En effet, le film aborde de manière franche et intelligente la question de la tolérance et de la lutte contre les préjugés.
Plusieurs sujets sont abordés dans le film : le sexisme, à travers la lapine Judy Hopps qui a bien du mal à s’intégrer dans un monde de mâles et doit fournir le triple du travail effectué par ses collègues pour prouver sa valeur.
Le racisme, à travers les différentes races d’animaux et les préjugés qui pèsent sur ces dernières : les prédateurs sont de grosses brutes, les renards sont des voleurs, etc. D’ailleurs, à force d’être vus comme tels, certains finissent par se lasser et endossent le rôle que la société leur a confié : Nick, le renard, au départ plein de bonnes intentions, finit par devenir un arnaqueur. J’ai également trouvé très intéressante la remarque de Judy à Clawhauser, le guépard glouton : « Ne me dis pas que je suis "mignonne", les lapins peuvent se qualifier de "mignon" entre eux, mais pas toi ». A la suite de cela, Clawhauser s’excuse. J’y ai personnellement vu une référence au fameux « N word » ou à tout autre équivalent.
Mais si Judy est victime de discrimination, cela n’empêche pas qu’elle puisse être très maladroite elle aussi. Tout d’abord, on voit que malgré son heureuse collaboration avec Nick, celle-ci ne se débarrasse jamais de son spray anti-renard ! De plus, celle-ci fait une grosse gaffe dans la dernière partie du film, en stigmatisant sans s’en rendre compte tous les prédateurs. Pourrait-on voir, ici, une remise en question des pratiques de la police, un sujet actuellement brûlant aux Etats-Unis ? Peut-être vais-je trop loin, mais j’aime à penser que oui étant donné le film ne se gêne pas non plus pour aborder la question des aspirations politiques qui entravent le bien-être des citoyens (les deux maires, aussi bien le lion que la brebis, ne veulent pas perdre leur poste, quitte à mettre en danger les habitants de Zootopie).
Le film aborde également la question du « bullying » pur et dur, notamment avec le flashback où Nick, vu comme un prédateur, est agressé par une bande de petits animaux ou bien la scène en début de film où Judy, une proie, est attaquée par un renard. Intéressant que la question soit abordée dans les deux sens.
Ainsi, on est bien loin de l’utopie dont Judy rêvait en début de film… ! Toutefois, le message véhiculé par Zootopie est positif : tout le monde peut et doit croire en ses rêves, même si ceux-ci sont vus comme hors-normes ou inatteignables. L’enfance ne détermine pas toute la vie. Une brute peut devenir quelqu’un de bien. Une victime peut prendre du pouvoir. Et non, la discrimination n’a pas disparu mais ce qui est important, c’est d’en être conscient, de savoir s’excuser et de réparer les erreurs que l’on a commises afin qu'elles ne se reproduisent plus jamais. Pas mal pour un Disney, non ?
Bon maintenant, passons au moins bien. A vrai dire, c’est un point de vue tout à fait personnel. J’ai regretté que le film soit construit sous la forme d’une enquête policière. Il est assez amusant que Zootopie ait voulu surfer sur la vague des procéduraux mettant en scène un personnage masculin et un personnage féminin qui ne s’entendent pas du tout au début puis finissent par s’adorer et plus si affinités. Malheureusement, je trouve que Zootopie arrive un peu en retard car c’est un genre qui, à mon sens, commence à s’essouffler. De plus, et encore une fois, c’est tout à fait personnel, si je vais voir un Disney, c’est pour être plongée dans une véritable aventure et non pas pour assister à un remake de Castle. Zootopie a beau être bourré de qualités, il pêche par son scénario somme toute assez banal et parfois presque ennuyeux. Heureusement, celui-ci est porté par des scènes comiques dont certaines sont très réussies, avec des références parfois surprenantes (Disney qui fait référence à Breaking Bad, qui l’eût cru !).
Même si Zootopie est loin d’être parfait, on en ressort le sourire aux lèvres et au final, c'est sûrement l'essentiel. Ainsi, celui-ci mérite bien un 7. Et même un cœur.