Mon dernier Disney pur jus (entendons par là hors du giron de Pixar) devant être La Reine des Neiges, j’attendais du studio aux grandes oreilles qu’il rehausse mon avis concernant sa capacité à délivrer quelque chose de relativement neuf… et sans une ribambelle de chansons alourdissant le récit !
Dans cette optique, on peut dire que Zootopie tombe à pic : exit donc la comédie musicale sur fond de princesses en détresse et autres bons sentiments archétypaux, et place à un univers d’animaux anthropomorphes multipliant les bonnes idées au service d’une intrigue captivante de bout en bout.
Certes, Disney est coutumier de ce genre de décor, aussi Zootopie n’est pas en soi une pure nouveauté, mais force est de constater que son développement d’un tel cadre contrebalance avec brio cet état de fait : fort d’un monde totalement dénué d’humains, le film se pose comme un support satirique créatif comme efficace, car au-delà de son message naïvement optimiste ce plaidoyer malin en faveur de la tolérance nous renvoie avec d’autant plus de force à nos propres et actuels travers sociétaux.
Bref, le tandem Byron Howard (Volt, Raiponce)/Rich Moore (Les Mondes de Ralph) se sera fendu d’une sacrée réussite, la profondeur indéniable de Zootopie prenant des accents quelque peu Pixarien ; de plus, l’intrigue nous réserve bien des surprises, de nombreux rebondissements jalonnant la trame, tandis qu’un humour riche à souhait (attenant au bestiaire du long-métrage) parachève le caractère divertissant des aventures de Judy et Nick… de quoi s’adresser aux petits comme aux grands.
Par ailleurs, Zootopie fait des merveilles en ce qui concerne son fameux duo principal, l’utopiste lapine constituant une héroïne de prime abord classique mais véritablement attachante, celle-ci outrepassant justement son conventionnalisme, tandis que le rusé goupil marque aisément le spectateur au gré de son cynisme de façade, tel un trompe-l’œil masquant une personnalité bien plus étoffée qu’il n’y paraissait
Autrement, sans détailler une galerie de figures secondaires des plus fournies (en quantité comme en qualité), le film arbore un visuel franchement enchanteur (le contraire eut été étonnant), notamment au service d’une inventivité densifiant à souhait son univers, et l’on ne peut que féliciter l’équipe de production de ne pas avoir succombé à la facilité du film-choral (performance fort agréable de Michael Giacchino, tandis que la partition de Shakira, sans être une grosse plus-value, se veut surtout entêtante à destination du jeune public).
Superbe prestation de la part du mythique studio d’animation en somme, celui-ci s’étant notamment autorisé de nombreuses références (de tous bords) savoureuses (on pourrait citer à la va-vite Le Parrain et... La Reine des Neiges tiens !) ; proche du sans-faute narratif comme rythmique, Zootopie vaut donc le détour, et ce serait un tort de s’en priver.