Les 2 premiers films de Michael Cacoyannis attirèrent l'attention de la critique dans les années 50, et l'attention modeste du public sur l'existence d'un cinéma grec. Zorba le Grec en assura la célébrité avec Jamais le dimanche de Jules Dassin, et même enfonça le clou.
Il faut dire que tout avait été mis en oeuvre pour assurer la réussite de cette comédie dramatique et de moeurs : la production d'un gros studio américain, la 20th Century Fox, la force du livre de Nikos Kazantzaki dont Cacoyannis a signé l'adaptation, la présence d'une star internationale, Anthony Quinn, les décors naturels d'une Crète rustique, et la musique de Mikis Theodorakis qui a contribué à faire connaître cette musique populaire grecque à l'étranger. C'est encore un bon exemple de film qui existe en osmose avec sa BO, car il est certain que sans la musique très typée de Theodorakis, le film perdrait de son impact, pour moi c'est aussi important que les partitions de Morricone sur les westerns de Sergio Leone, ou les violons agressifs de Bernard Herrmann sur Psychose, ces 3 films bénéficient d'un véritable langage musical.
L'autre grand atout du film, c'est bien sûr Anthony Quinn ; après avoir été Barabbas, Attila, Gauguin, Quasimodo, Kubilaï Khan, Inuk l'esquimau ou le forain Zampano, il endosse à nouveau la défroque d'un personnage ethnique, un Crétois fruste, simple mais exubérant et heureux de vivre, personnage qu'il rend inoubliable en étant un Grec plus grec que nature. Sa volubilité, sa vitalité, ses attitudes, sa manière de danser le sirtaki sur une plage (qui reste une scène célèbre) et la joie de vivre qui se dégage au contact de son personnage de Zorba, a grandement contribué au triomphe public du film. Il est également bien épaulé par Alan Bates dans un rôle de jeune écrivain raté, et par Irène Papas en jeune veuve fascinante. C'est un film chaleureux, l'histoire d'une belle amitié entre un Anglais paumé et un Grec pittoresque, qui fut couronné par 3 Oscars.