À sa sortie, Zoulou a fait polémique, celleux qui l'accusent de racisme et d'impérialisme se frottant à celleux qui le trouvent au contraire progressiste et anti-belliciste. Au fond, cette polémique rend particulièrement honneur au film parce qu'elle souligne la complexité de son discours et nous confronte à un propos nuancé dont je déplore profonde qu'on y réponde en exigeant une morale toute faite. Avant tout, bien sûr que Zoulou est contre la guerre et toutes les guerres : de quelque côté que l'on regarde, zoulou ou britannique, la dérisoire bataille montrée est une boucherie, et les « vainqueurs », même médaillés pour leur victoire, se voient d'abord comme des survivants, reconnus par leurs adversaires eux-mêmes comme des braves, que comme les héros triomphateurs qu'ils ne sont pas. Zoulou est ainsi aussi un éloge de la bravoure, de la droiture face au danger, même s'il sait faire preuve d'une certaine ambigüité en ne condamnant pas les personnes qui fuient le massacre. Bien sûr, diégétiquement, cette bravoure est celle des soldats britanniques par le point de vue desquels la bataille est montrée, mais en écrivant et lisant ces lignes, on se souvient obligatoirement que les zoulous déploient aussi un courage et une ténacité folles en osant s'attaquer aux fusils, quitte à perdre tant d'hommes. À aucun moment on ne les dépeint comme des sauvages, au contraire, il y a quelque chose d'indiscutablement épique et de profondément civilisé, de terrible et de grand, dans tout ce que l'on voit d'eux, de la danse initiale (où ils laissent partir deux personnes blanches malgré la déclaration de guerre et le fait qu'elles fuient prévenir les soldats) à leur retraite finale, quand on voit bien plus de médiocrité chez les blancs, du pasteur se réfugiant dans l'alcool à la mauvaise interprétation au fond raciste par les Britanniques du salut zoulou. Bien sûr on pourra trouver gênant que les zoulous restent une espèce de masse informe et terrible face à des soldats britanniques personnifiés (même si l'on voit quelques figures blanches intermédiaires, un boer et le pasteur), mais plutôt que du racisme ou même une simplification dramatique j'y vois juste un choix de point de vue qui rend le tout remarquablement efficace et impose de réfléchir. Et pour un film de 1964 (!), qu'est-ce que c'est fort.