Le film illustre une page de l'impérialisme britannique qui colonisait l'Afrique sans respecter les peuples qui y vivaient, les Zoulous furent sans aucun doute leurs ennemis les plus coriaces, ils infligeront à l'Empire britannique la plus cuisante défaite qu'une armée indigène ait jamais infligée à cette nation, celle d'Isandhlawana le 22 janvier 1879 et qui est évoquée au début du film, elle sera traitée d'ailleurs dans un autre film en 1979 (100 ans après, hasard ?), L'Ultime attaque de Douglas Hickox, d'après un scénario de ce même Cy Endfield qui réalise ici ce qu'on peut appeler un grand film d'aventure historique et un film majeur du cinéma britannique à l'époque où il n'était pas encore gangrené par des capitaux américains.
Promis à un grand succès commercial, Zoulou fut sévèrement controversé sur le plan moral par la critique qui le considérait comme un film raciste et belliciste ; d'autres pensaient que c'était un film progressiste et sans égard pour les colonisateurs anglais. Le malentendu venait du fait que le réalisateur Cy Endfield s'est refusé à rendre son discours plus explicite par l'emploi du dialogue. Il s'agit donc de l'attaque de Rorke's Drift, un minable fortin isolé peuplé d'une centaine de soldats, Gallois pour la plupart, contre 4000 Zoulous. Le film ne rentre pourtant pas dans la case du film colonialiste ou raciste, c'est avant tout le récit d'une bataille désespérée qui s'appuie sur le courage ; les Zoulous y sont dépeints comme des guerriers puissants et organisés, et non comme des sauvages qu'il faut éradiquer. C'est en même temps une réflexion sur la guerre, et surtout sur une boucherie qui ne valait pas tant de morts.
Mais c'est aussi un grand spectacle épique tourné dans des décors naturels splendides, renforcé par la qualité de l'interprétation, l'efficacité de la réalisation, l'habileté du montage et une musique de John Barry qui claque. Les scènes de bataille bien réglées sont impressionnantes, avec des milliers de figurants noirs qui n'avaient jamais vu un film de leur vie, d'où parfois des corps à corps un peu limite, mais on remarque une violence un peu crue pour l'époque, le réalisateur veut vraiment dégoûter le public d'une telle guerre. Stanley Baker donne beaucoup d'intensité à son personnage d'officier, l'acteur s'est d'ailleurs senti concerné par le sujet, il fut en même temps le producteur du film ; à ses côtés, le jeune Michael Caine y trouvait son premier vrai rôle important. Le début est un peu long à démarrer, c'est une observation des soldats peuplant le fortin dans une ambiance tendue, mais dès l'assaut des Zoulous engagé, c'est 1h15 de bataille intense et brute. Malgré toutes ces qualités, le film reste étrangement méconnu.