Co-développé par les studios Digixart Entertainment et Aardman Animations, et édité par Bandai Namco, 11-11 : Memories Retold est sorti à l'occasion du centenaire de l'armistice de la Première Guerre Mondiale.
Loin d'un opportunisme douteux, le titre vient rendre hommage, à sa manière, à toutes les victimes de ce terrible conflit.
Car en dépit du cadre de l'histoire, 11-11 : Memories Retold n'a rien d'un jeu de guerre de quelque ordre que ce soit. Il s'agit d'une aventure narrative et interactive mettant en scène deux hommes. D'un côté Harry, un jeune canadien qui débarque en Europe en tant que photographe de propagande, et de l'autre, Kurt, père de famille allemand qui a rejoint les tranchées non par obligation ou idéologie, mais uniquement pour retrouver Max, son fils dont il est sans nouvelle depuis de nombreux mois.
Deux destins qui finiront liés par le hasard des événements.
11-11 : Memories Retold est d'abord un choc visuel. Ses graphismes sont directement inspirés par le mouvement pictural impressionniste, alors autant dire que le rendu n'est pas commun. Si ce choix radical confère une forte identité au jeu, il faut tout de même avouer que ça ne passera pas pour tout le monde. Avant de l'acheter, mieux vaut jeter un œil aux images du jeu pour vous assurer que vous n'êtes par hermétique à cette direction artistique...
De ce fait, 11-11 pourra se montrer frustrant, notamment parce que, par définition, les décors et les personnages sont peu détaillés et que la profondeur de champ est faible.
En revanche, le soft bénéficie d'une bande-son très réussie qui reste en tête. De même, on ne peut qu'apprécier le fait que chaque camp s'exprime dans sa propre langue, ce qui confère au jeu un réalisme et une crédibilité bienvenus (sauf pour certaines phases narratives où Kurt s'exprime en anglais sans raison...un choix étrange pour le coup).
Malheureusement, le jeu de Bandaï Namco souffre d'un mal important: il n'est pas très ludique. Force est de reconnaître qu'on ne s'éclate pas vraiment et que notre rôle à nous, qui tenons la manette, est pour le moins limité. La liberté d'action est réduite et les missions qu'on nous confie manque tout simplement d'intérêt la plupart du temps (prendre une photo du major, jouer aux cartes avec d'autres soldats, trouver à manger à une gamine...). On notera tout de même quelques conversations (orales ou épistolaires) à choix multiples qui peuvent avoir une incidence sur l'histoire, notamment sur la très réussie dernière scène du jeu, dont l'issue pourra être très différente selon ce que vous déciderez. L'aventure étant plutôt courte (comptez 6/7 heures), vous pourrez toujours y revenir pour connaitre les différentes variantes scénaristiques.
Au rang des autres points négatifs, on regrettera également que le jeu soit parfois assez bugé. De même, la rigidité des personnages pénalise l'expérience manette en main.
Plus globalement, il y a pas mal de petits ratés qu'on ne devrait plus voir dans un jeu sorti en 2018.
Si l'amusement n'est pas vraiment au rendez-vous, en revanche, on saluera la dimension pédagogique du jeu. Non seulement à travers les quelques lectures intéressantes qu'il propose, mais surtout par sa capacité à dépeindre ce qu'était la vie il y a un siècle, a fortiori en temps de guerre (rareté des produits de première nécessité, difficulté pour avoir des nouvelles de ses proches, endoctrinement nationaliste, etc.)...
11-11 : Memories Retold est une oeuvre à part dans le monde du jeu vidéo.
Intelligent dans son propos et parfois franchement émouvant, le soft pourra néanmoins rebuter de par sa direction artistique singulière et son manque de challenge.
On le conseillera donc uniquement aux passionnés du premier conflit mondial et/ou à ceux qui sont à la recherche d'une expérience vidéoludique différente et paisible. Il est probable que les autres n'y trouveront pas leur compte.