Un jeu mal vendu

Deathloop est un jeu qui sort de l’ordinaire et il fallait de faite réussir à convaincre le quidam qui, par nature, peu se montrer réticent aux expériences inconnues. C’est sans doute pour cela qu’il nous a été présenté comme un Rogue Like avec un gameplay infiltration proche de Dishonored, en mettant l’accent sur sa composante multi afin d’appâter le chaland avec des composante familières. Pourtant si tout cela n’est pas totalement inexact, Deathloop est bien plus que cela, et cette communication évasive ne lui rend pas honneur, si bien que le jeu semble avoir du mal à se vendre et à convaincre malgré ses qualités remarquables. Moi-même j’ai longtemps eu du mal à me faire un avis « achète, achète pas ? » (merci le rabais steam pour relancer les vente sans quoi je serais surement passé à côté encore longtemps), et une fois le jeu lancé j’ai dû revoir complètement mes attentes, ce qui m’a un peu poser problème pour m’immerger dedans et l’apprécier à sa juste valeur.

Car oui le jeu est assez déroutant dans son introduction, c’est son deuxième problème, assez lourd en didacticiel (parfois répétitif) qui nous prend tellement par la main qu’il ne nous laisse pas expérimenter et comprendre par nous-même ou il veut nous amenez, tout cela dans un contexte de boucle temporel et d’élément narratif énigmatique qu’on a du mal a suivre. On ne sait plus trop où donner de la tête on se demande quand le jeu va véritablement démarrer, quand pourra-t-on explorer librement cette île pour en découvrir les mystères, pourquoi aucune arme ne semble être faite pour l’infiltration/discrètion, comment on fait pour gérer son équipement alors que le jeu ne nous permet pas de faire ce qu’il nous explique, etc ? Il m’a fallu du temps pour comprendre que ce sont mes attentes qui posaient problème, car le jeu n’est ni un rogue like, ni un jeu d’infiltration à la Dishonored, ni un open world, ni un « RPG carfting ».

En réalité Deathloop pioche un peu dans tout ça pour faire quelque chose de totalement nouveau et bordel ce que ça fonctionne bien. Il faut savoir que Deathloop est avant tout un jeu très dirigiste, même s’il nous laisse libre de choisir l’heure et le lieu qu’on voudra visiter, le jeu se présente comme une sorte d’enquête avec des objectif claire et planifié en fonction de nos découvertes précédente. D’une certaine manière il m’a un peu rappelé Outer Wilds dans sa quête de vérité régit par une boucle temporelle qui nous force à explorer plusieurs fois chaque lieu à des moments différents et dans lesquels nos actions peuvent avoir des répercussions sur les évènements. Ce n’est pas un jeu difficile malgré cette légère affiliation au rogue like (et la map n’est de toute façon pas procédurale donc il ne peut pas véritablement rentrer dans cette catégorie), d’autant que l’IA a tendance à être aveugle et sourde (mais à mon niveau ça ne m’a pas dérangé outre mesure). Qui plus est, les équipements peuvent heureusement être conservé d’un run à l’autre moyennant rémunération tandis que tout ce qui n’a pas été « infusé » est perdu en fin de boucle. Enfin, même s’il reprend les principaux pouvoir de Dishonored (invisibilité, téléportation) le gameplay est loin de se présenter comme un jeu d’infiltration, c’est avant tout un FPS assez bourrin, avec des sensations de shoot dignes d’un DOOM. En résumé Deathloop se présente presque comme la totale négation de ce qu’il suggérait dans sa communication (à mon sens en tout cas mais j’ai peut-être mal interprété les signaux, il faut dire que ce n’était jamais vraiment claire, surement dans une volonté de ne pas trop dévoiler l’intrigue et le fonctionnement atypique du game design). Là où il ne nous trompe pas en revanche c’est sur sa direction artistique d’exception (qui compense largement sa technique un brin old gen), son ambiance 70’s immersive, son petit côté James Bond et son ost qui lie le tout à merveille.

Voilà donc les deux erreurs fondamentales de Deathloop, une communication trop imprécise et une introduction trop lourde qui en démotivera surement certains peu prompt à faire des efforts de remise en question. Pourtant, lorsqu’on entre dans le vif du sujet c’est une expérience très réussie, on prend énormément de plaisir à démêler l’intrigue, piéger nos cibles et dénicher tous les mystères de l’île. Redécouvrir chaque lieu à divers moments de la journée est d’ailleurs très ingénieux pour éviter la répétitivité, le level design est vraiment aux petit oignon, digne des meilleurs passages de Dishonnored. Cependant je regrette le manque d’interactivité avec l’environnement, il manque des éléments d’infiltration comme par exemple activer une grue pour faire tomber un truc sur un ennemis et le tué sans attirer l’attention sur nous, avec autre chose que nos flingues (dont aucun n’est silencieux). Par ailleurs, le scénario, loin d’être inintéressant, aurait mérité d’être plus travaillé ou du moins d’être plus étoffé car on sent un grand potentiel inexploité, pas mal d’éléments restent sans réponse ou demeurent trop flou

Aussi je regrette un peu de l’avoir fait sur PC, non pas que le jeu soit mal adapté mais simplement que pour moi c’est un jeu plus conforme à la manette. Etonnant pour un FPS me direz-vous, sacrilège même, « HERETIQUE AU BÛCHER » s’écriront certains avec véhémence, oui mais laissez-moi finir. Le fait est que le gameplay a cette particularité de donner la possibilité d’avoir une arme dans chaque mains + 4 pouvoir/capacité, c’est non seulement ingérable à la souris (même avec ma Rocat Kone AIMO à 8 boutons), mais surtout les sensations d’avoir une gâchette dans chaque mains est incomparablement plus jouissif et immersif, je n’ose imaginer en plus avec les retour haptique d’une dualsens. C’est pourquoi je le referais sans doute un jour sur PS5, l’ayant obtenu pour 30€ sur PC je suis prêt à remettre 30€ sur console, c’est un jeu qui mérite son plein tarif. Du reste, j’ai subi un tearing, des retards d’affichage de texture, des crashs, des chargements interminables et qui buggait même sur la fin (obligé de faire un alt tab pour revenir au bureau et relancer le jeu entre chaque map sans quoi le chargement tournait dans le vide, et je ratais systématiquement une partie du dialogue entre Colt et Juliana en plus de subir un énorme drop de FPS pendant 30s a chaque relance), bref les joies du gaming PC dont je me serais bien passé… On pourra toujours épiloguer 15ans sur cette rivalité mais les consoles auront toujours l’ascendant sur la question de confort de jeu, « change my mind ».

Pour conclure je ne peux que vous invitez à essayer vous-même cette pépite qui, malgré son regrettable mauvais démarrage, s’annonce déjà comme historiquement culte et probablement comme l’une des meilleures expériences de cette génération naissante. Deathloop est un jeu mal vendu, au sens propre (chiffre) comme au sens figuré (communication) et nul doute qu’avec le contexte actuelle (pénurie de console next gen) n’aidant pas au succès du titre, le jeu ne remporteras pas le Game Of The Year bien qu’il en soit digne à mes yeux, car il connaitra un succès plus discret et étaler dans le temps. Il mérite donc toute votre attention pour plus de visibilité, faites-moi confiance, il serait fort dommage de passer à côté d’une telle œuvre !