Aussi enflammant qu'éphémère
Ni allons pas par quatre chemins, Dra+Koi est un visual novel extrêmement court. Avec à peine plus de deux heures de lectures à offrir, sa brièveté est à la fois à son avantage, tout en constituant par la même occasion son plus grand défaut. D'ailleurs il est important de noter que le titre n'a jamais été conçu dans le but d'être vendu seul; faisant partie d'une compilation sortie en 2006 par Nitroplus sous le titre "Sabato Nabe -Nitro Amusement Disc-".
J'ai tenu à débuter ainsi cette critique pour bien vous faire comprendre à quel point l'expérience ici proposée est conditionnée par ce fait.
Car ce que Dra+Koi manque en terme de place pour développer son histoire, il tente sans complexe de compenser par l’exubérance de son écriture.
Pas de noms pour les quelques personnages présents, le vn joue à fond la carte de la mise en abime en présentant divers archétypes dont la tâche va être de tout simplement d'endosser les rôles qui leurs ont été assignés, ou pas.
On y suit basiquement une dragonne sous forme humaine semant le chaos sur terre juste après y être descendue. Poursuivie par un mystérieux chevalier tentant de l’occire, elle va faire la rencontre un jeune lycéen dont elle va bien entendu tomber amoureuse.
Ça vous semble des plus convenu ? C'est normal, parce que ça l'est. Le propos de Dra+Koi n'est pas de créer un récit comme jamais on en a vu auparavant, mais bien de livrer un commentaire sur les récits archétypaux sur lesquels il calque son scénario.
C'est là que l'exécution du titre entre en jeu. Le ton sur le récit est compté est sans cesse changeant, passant presque instantanément d'une scène pseudo-sérieuse à un grand bordel composé de slapstick et de comique salasse bien juvénile.
Tout cela n'aurait n'aurait certainement pas pu fonctionner sans l'aide de la prose, qui est aussi bien à l'aise quand il s'agit d'évoquer le côté solennel de la narration des légendes évoquées par le récit, que pour laisser éclater les personnages dans un flot de jurons.
L'OST est également à souligner. Si elle ne comporte que dix morceaux, tous sont excellents, et complètent à merveille les scènes qui leurs sont attachées.La présence de pas mal de pistes aux accents hard rock ne fait en outre qu'accentuer la brièveté du récit. L'un des meilleur soundtrack que j'ai pu écouter dans un visual novel.
Et c'est maintenant que je me dois d'évoquer le revers de la médaille. De part la concision du scénario, je ne me suis pas senti aussi concerné par son dénouement que je l'aurais voulu. Je pense que ça aurait pu être le cas si le titre avait eu plus de temps pour développer la relation entre ses deux protagonistes principaux. Surtout qu'à côté, Dra+Koi se permet d’insérer pas moins de quatre scènes H, qui personnellement m'ont plus saoulé qu'autre chose à force d'en avoir une toute les 20 minutes.
Conclusion : j'aurais aimé que cette histoire ait bénéficié de plus d'espace pour respirer, au lieu de devoir le sacrifier sur l'autel de la pornographie.