Après un Gears of War 1 qui m’avait beaucoup déçu, un Gears of War 2 qui m’avait énormément plu à ma grande surprise, il est temps de conclure la trilogie Gears de la Xbox 360 avec ce Gears of War 3 que j’ai là encore fait avec le frère d’armes Francisravage en coop local. M’attendant à une expérience qualitative proche de Gears of War 2 et à une conclusion scénaristique pour ses différentes questions en suspens, voyons si les dernières aventures de Marcus Phénix furent à la hauteur. La critique étant longue je vous propose l’écoute de Gears Keep Turning, une musique qui montre bien la pertinence du titre de ma critique que j’avais choisi avant même de connaître cet intitulé.
GAMEPLAY / CONTENU : 7 / 10
Le gameplay de base de Gears of War 3 reprend très fidèlement celui du deuxième épisode et c’est un choix qui paraît très logique vu la qualité de ce dernier. Ce n’est pas non plus une copie carbone puisque qu’on a droit à quelques nouveautés et variations appréciables, notamment au niveau des armes. Certaines armes assez courantes par le passé sont devenues plus rares pour un meilleur équilibrage, de nouvelles proposent des petites originalités sympathiques qui les distinguent des armes classiques que l’on retrouve avec plaisir... Une autre petite variation se retrouve avec les munitions qui arrivent plus facilement à 0 et qui impliquent donc de changer d’arme davantage, ce qui pousse à bien apprécier l’arsenal dans son ensemble.
Le maniement comprend quelques subtilités comme la possibilité de marquer un ennemi, de repousser l’ennemi à l’abri en passant par-dessus sa petite planque... Absolument rien de bien conséquent mais c’est tout de même-là et ça permet d’avoir le sentiment de jouer à autre chose qu’à Gears 2, peut-être à un Gears 2.5 plutôt qu’à un 3 si on veut être tatillon mais c’est mieux que rien. Comme on est sur la même génération de consoles, ça ne me choque pas plus que ça que la différence soit légère même s’il aurait été préférable bien entendu que ça se distingue davantage.
La gestion de la difficulté reprend pour mon plaisir les 4 modes du 2 également, le jeu est peut-être un peu plus facile pour un même mode difficulté mais pas plus que ça j’ai trouvé. C’est surtout que la coop s’impose davantage avec cet épisode qu’avec les deux autres, donc attention à ça si vous comptez y jouer en solo. La possibilité offerte de jouer à la campagne jusqu’à 4 joueurs en ligne est très appréciable et permet de varier les personnages jouables, c’est d’ailleurs la première fois qu’on contrôle un autre perso que Marcus en solo pour certains passages.
Néanmoins, il y a un petit bémol que je regrette : l’impossibilité de choisir le personnage et l’absence de gameplay propre à chacun. Au final, la différence est simplement au niveau de la skin et des armes disponibles au lancement de la partie, il y avait mieux à faire à mon sens. On aurait pu imaginer des capacités spécifiques à chaque personnage, un maniement sensiblement différent d’un perso à un autre... Ça aurait donné un gameplay plus personnalisable par le joueur, avec de nouvelles possibilités pour la coop où l’on choisirait un personnage selon son style de jeu... J’aurais aimé retrouver ça et ça aurait été le bonus propre à Gears 3, là il n’y en a pas vraiment.
Je ne parle pas trop des modes de jeu autres que la campagne puisque ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus, juste que le concept du mode bestial est assez plaisant dans l’idée mais ça m’aurait plus parlé si ça avait été introduit d’une façon ou d’une autre dans la campagne. Ça pourrait être une autre campagne par exemple où on incarnerait les Locustes, même si elle serait plus courte que la principale, mais non c’est juste un petit mode annexe. De façon globale, le jeu est aussi généreux dans son contenu que son prédécesseur, ni plus ni moins.
RÉALISATION / ESTHÉTISME : 9 / 10
Si un bon significatif avait été fait entre Gears 1 et Gears 2, il était impossible de le retrouver avec Gears 3 compte-tenu des capacités de la Xbox 360, même en 2011, soit 3 ans après le 2 mais on est pas encore en fin de vie de la console. Par conséquent, le jeu n’est pas beaucoup plus impressionnant techniquement que Gears 2 mais c’est assez logique. Le plus important c’est qu’il s’en sorte très bien et bon sang que c’est le cas ! Gears of War 3 remplit parfaitement sa fonction de porte-étendard technique de sa console, à l’époque au face à face avec Uncharted 3 sur la PS3.
Les environnements extérieurs sont assez souvent bien plus lumineux que la moyenne de la série tout en conservant des aspects anxiogènes, post-apocalyptiques... Le dernier environnement quasiment tropical avec ses bâtiments à l’architecture sublime jonchés de cadavres en décomposition illustre superbement ce contraste macabre que j’apprécie énormément. Les espèces de statues de cendres qui avaient été mis en avant dès les premiers trailers rappellent tout de même le genre d’ambiance dans laquelle on est plongé, la direction artistique est à la fois sublime, différente et fidèle à l’état d’esprit de la saga, superbe !
Les passages que je qualifierai d’oniriques s’en détachent un peu mais sont assez bien rendus avec le choix des couleurs légèrement sépia, les éléments de décor qui se déforment... Le bestiaire s’est pas mal étoffé avec des créatures qui se disloquent, qui se métamorphosent... et le liquide jaunâtre dû à l’imulsion rend superbement bien avec le travail sur les couleurs très vives que l’on retrouve fréquemment. C’est des éléments qu’on retrouvait déjà auparavant mais ici sous une forme encore plus attrayante et ça s’inscrit très bien dans cette logique de faire un peu mieux que Gears 2 qui avait déjà placé la barre très haut.
L’OST très épique continue de superbement accompagner les phases d’action nerveuses qui ponctuent constamment l’aventure mais aussi les quelques moments mélancoliques qui peuvent arriver, moins souvent mais la musique s’adapte très bien à la situation. Je ne saurais pas dire laquelle je préfère, celle-là où celle de Gears 2 toutes deux composées par Steve Jablonsky habitué des films de Michael Bay (ça donne le ton), mais dans tous les cas c’est une excellente composition musicale que nous avons là.
Il reste des petits défauts mineurs hérités des autres épisodes : il n’y a toujours pas de lumière dynamique, la modélisation et l’animation des visages ne sont pas extra-ordinaires, un peu d’aliasing traîne ici ou là si on attarde un peu trop notre regard... mais rien qui ne saurait poser de grands problèmes. La réalisation et l’esthétisme sont de grande qualité et comme pour Gears 2 c’est le point que j’apprécie le plus. Malheureusement, il y a un point sur lequel Gears 3 s’en sort un peu moins bien que son grand frère, c’est sur le scénario et sur la narration.
SCENARIO / NARRATION : 6 / 10
Si les scénaristes de Gears 1 s’étaient complètement planté à mes yeux à poser leur univers et à raconter à peu près correctement une histoire pourtant simpliste, Gears 2 avait fait bien mieux en rendant son scénario intéressant tout en laissant certaines questions en suspens que Gears 3 peine à traiter, voire qu’il n’essaye pas. Il n’y a par exemple pas d’explication sur les origines de la reine Myrrah, à peine quelques indices pour que l’on se perde en théories plus ou moins folles sur la question or c’était ce personnage qui personnellement m’intéressait le plus.
C’est elle qui concluait Gears 1 sur une note assez intrigante, qui était bien teasé dans Gears 2 et là on sent qu’un secret sur son passé, sur ses motivations... existe mais le jeu ne fait que confirmer cet état de fait sans aller plus loin. Effectivement, c’est bizarre qu’elle ait une apparence un peu humaine, que son passé soit assez lié au père de Marcus... mais impossible d’en savoir plus sans se mettre à imaginer des choses quasiment de toute pièce, un style de narration intéressant en soi mais que le jeu n’assume pas du tout. Peut-être que l’absence de Joshua Ortega, scénariste du 2, explique cela mais c’est dommage dans tous les cas.
Il y a pourtant des ambitions affichées par les nouveaux scénaristes avec un personnage important qui meurt au cours de l’aventure de façon assez surprenante par exemple mais c’est pas très bien foutu. Il se sacrifie pour ses coéquipiers mais ça arrive un peu de nul part et on se dit qu’il y avait moyen de parfaitement s’en sortir sans qu’on en arrive là. C’est pareil pour l’impact que ça a finalement sur la suite du scénario qui ne fait qu’accentuer de façon superficielle un côté dramatique pas bien exploité et si le personnage avait survécu ça n’aurait pas changé grand chose en fait. Mais il y quand même de bonnes choses que j’ai apprécié rassurez-vous !
Des personnages féminins vont enfin se défendre par elles-mêmes et certaines sont même jouables, une avancée que j’apprécie mais que je trouve malheureusement pas très bien amenée. Autant pour Sam, il n’y a pas de soucis vu que c’est un personnage inédit mais Anya, ça fait quand même bizarre de la voir en tenue de combat comme si de rien étant alors que jusque là elle était à la communication et jamais n’exprimait l’envie de se retrouver en première ligne de mémoire. C’est un peu comme s’ils ajoutaient ces persos pour faire plaisir mais sans se donner la peine de justifier scénaristiquement le changement parce qu’au final c’est juste pour faire plaisir, exactement comme pour la mort tragique de certains persos.
La narration est globalement moins maîtrisée que pour Gears 2 et marche un peu moins bien. On est très loin de la catastrophe du premier épisode et je me suis intéressé à ce qui se passait, j’ai été un minimum ému par certaines scènes, j’ai bien aimé l’aspect conclusif de la trilogie de Marcus qui a le mérite de ne pas ouvrir sur un spin-off ou une éventuelle trilogie ou je ne sais quoi... Mais il y avait mieux à faire et c’est le petit point (littéralement) qu’il manque à Gears 3 pour me plaire autant que Gears 2, dommage.
CONCLUSION : 7 / 10
Gears of War 3 est un très bon TPS dans la veine du deuxième épisode tant dans ses mécaniques que dans son contenu, extrêmement convaincant par sa réalisation et par son esthétisme, un peu moins dans son scénario et sa narration qui ne remplissent pas toutes leurs promesses, il lui manque quelque-chose pour être aussi excellent que son grand frère mais c’est un bon jeu de la Xbox 360. Son aspect conclusif le rend tout de même assez indispensable si on a déjà fait les deux premiers opus mais même sans cet aspect il est à faire parce qu’il est assez réussi dans son ensemble.