NO THING est un runner se déroulant dans un régime totalitaire futuriste. Il raconte l'histoire d'un employé chargé d'apporter un message à la reine de glace. Pour cela, il devra parcourir un long ruban de route à angles droits à travers 10 niveaux. A la moindre erreur, c'est la mort !
La grande force du jeu vient de sa radicalité. A partir d'une proposition de gameplay minimaliste (uniquement deux contrôles : gauche et droite pour virer), les développeurs parviennent à proposer une profondeur de jeu insoupçonnable en allant au bout du bout de cette contrainte. Chaque élément du jeu sera utilisé pour varier et intensifier l'expérience. Une accélération progressive ou un rétrécissement de route pour des timings de virage de plus en plus serrés, des segments de route mal alignés ou une route en pente pour une évaluation des distances ambigüe, une certaine gestion des sauts et la nécessité d'une mémorisation hors-champ (la caméra étant fixe, les sauts peuvent dissimuler la route et nous forcer à jouer en aveugle l'espace d'un instant). Même les bugs ont étés identifiés et intégrés au système de jeu. Par exemple, il est possible sous certaines conditions de se coincer sur le rebord d'un segment, mais on pourra tout aussi bien l'utiliser à notre avantage en bumpant sur la route.
Malgré une proposition de départ qui peut sembler simpliste, le jeu se révèle être un jeu d'arcade particulièrement exigeant, de plus en plus retors à mesure que l'on progresse et que les possibilités de jeu se multiplient. En un mot, un vrai représentant de l'école "easy to learn, hard to master".
En plus d'un système de jeu brillant, No Thing se paie le luxe d'être une réussite totale en terme d'ambiance. Tout rappelle le monde dystopique et est prétexte à l'oppression du joueur : un rendu monochrome et une répétition des motifs (sprites 2D) qui font écho à l'uniformisation des masses, motifs infinis qui résonnent également comme un trip psychédélique, trip renforcé par la présence de glitchs qui vont venir perturber le joueur telle la contrainte psychique du système sur l'individu. Pendant que l'on joue, une voix synthétique va nous réciter un texte dérangeant, complètement dingue, à propos de l'univers et de ce que l'on y accompli, texte accompagné par une musique coldwave en chiptune, qui, loin de faire de la figuration, participe activement au sentiment d'oppression.
Au final, ce jeu aura été une excellente surprise, l'un de mes toute meilleures expériences de l'année.