Avant tout, commençons par une présentation basique. Presentable Liberty est un jeu de Wertpol, sorti le 26 décembre 2014. Il est gratuit et peut se télécharger ici. Une tentative de Kickstarter a été faite pour permettre un remake, mais a échoué.
Qu'est-ce que "Presentable Liberty" ? Je n'en ai pas la moindre fichue idée. En fouinant sur Internet, j'ai cherché par quel genre il était défini. J'ai trouvé horreur, jeu d'aventure, j'ai même un foufou y voyant un visual novel. Tout cela me semble faux. Et je ne prendrai pas le risque de m'y essayer.
Appelons ce jeu une "Simulation de taulard dans un univers créé par Orwell". STUO.
Vous ne vous amuserez pas, dans "Presentable Liberty". En réalité, vous n'y ferez pas grand chose. Ce jeu vous fait incarner une personne prisonnière dont les seules activités se résument à recevoir des lettres et jouer à des jeux vidéos dignes de votre vieux Nokia3310 avec comme unique compagnon le "tic-tac" de votre horloge. L'ennui fait partie de l'expérience de jeu. Connaissez-vous cette théorie selon laquelle la lecture de Madame Bovary a été pensée comme ennuyeuse car sensée faire ressentir au lecteur l'ennui d'une femme désœuvrée de l'époque ?
Il en ira de même ici.
Tout ce que vous ferez, c'est évoluer dans cette minuscule cellule ( Aux graphismes assez pauvres. ), à attendre des lettres. De qui ? De plusieurs personnages, ils seront vos yeux, vos amis, les uniques témoins de ce qui se passe dans ce monde en difficulté. Une étrange expérience de livre où "Tout le monde est le héros sauf vous.". Vous, ce personnage sans genre, âge ou passé, vous n'avez aucun moyen d'influencer l'histoire, vous ne ferez que la suivre.
Chacun de ces personnages mériterait son propre jeu. Ce n'est pas tant que leur personnalités soient très fouillées, ou que leurs actions soient hors si fascinantes, mais pour une raison étrange, on se prend, malgré le nombre limité de lettre, à les aimer, à leur vouloir le plus grand bien.
Et c'est là que le jeu se montre cruel. Vous n'avez pas votre mot à dire. De nombreux jeux ont un "personnage muet", mais à cet aspect se mêle celui de "personnage impotent". C'est l'idée même de l'expérience, elle n'est pas pensée pour être agréable. Et pourtant, je conseille de s'y essayer de façon la plus honnête et totale possible, prendre une petite heure dédiée à Presentable Liberty, ne rien faire d'autres et simplement se laisser guider.
C'est à ce prix que vous aurez la possibilité, entre deux parties de "Snake", d'entrevoir ce qui fait la beauté de ce jeu, chaque moment sortant un peu du quotidien de prisonnier prend une importance si démesurée que ça en est saisissant.
L'expérience a fonctionné sur moi. Pour autant, je ne pourrais pas conseiller le jeu à tous, d'autant plus que même en terme d'écriture, le titre est perfectible ( Je pense par exemple à un personnage et une fin qui lui est directement liée, un peu trop caricaturaux à mon sens. ). Mais à côté, sans que je ne m'y attende, il a été source de beaucoup d'émotions.
Surtout de la déprime. Si vous n'êtes pas dans le meilleur de vos jours, ce jeu n'est guère une bonne idée. D'autant plus qu'à mon sens, le jeu a une seconde lecture très intéressante, qui n'est pas plus joyeuse, mais je ne pense pas que ce soit l'endroit pour développer cela.
PS : A noter qu'étant donné la durée très limitée du jeu, en parler sans spoiler est difficile, aussi, je n'ai que très peu parlé de l'histoire ou des personnages. Mais ils valent le coup.