Chose promise chose due, suite à ma découverte de Tales of Berseria je me suis donc lancé dans son prédécesseur qui lui fait en réalité suite. Oui c’est une chronologie bien étrange, alors vous me direz sans doute que c’est assez commun de sortir un préquel en second, certes, c’est même tout le sens du mot, néanmoins ce lien est ici davantage dû à un manque d’inspiration qu’à une réelle intention préméditée. Car les incohérences sont nombreuses entre les deux œuvres dont les liens tiennent plus de l’anecdote fan service que de la synergie narrative. On sent clairement que les deux jeux n’ont pas été écrit conjointement mais l’un après l’autre, il n’est donc pas nécessaire de faire Berseria pour comprendre Zestiria et inversement.
Maintenant que les présentations sont faites, je ne vais pas tergiverser plus longtemps, j’ai déjà exposé mon rapport mitigé à la saga dans ma critique de Berseria. Tout ce que je peux ajouter c’est que ce Zestiria n’a surement pas usurpé sa réputation de pire épisode de la saga et a confirmé mes craintes vis à vis d’elle et des J-RPG en générale. C'est-à-dire un jeu industrialisé qui n’a rien à raconter et dont le synopsis n’est qu’un prétexte à nous faire avancer dans une quête de grinding dénuée de sens et de tout intérêt, un jeu sans âme, sans émotion ni réflexion, un J-RPG réduit à sa sobre fonction de « passe-temps » insipide. C’est cette peur qui freine tout joueur au moment de se lancer dans un jeu qui promet au moins 60-80h, personne n’achète un J-RPG pour faire du grind, on achète un J-RPG pour son scénario, pour l’aventure qu’il nous promet de vivre, pour les moments marquants, les personnages et l’attache qu’on aura nouée avec eux au moment de les quitter.
Autant j’ai pu pardonner à Tales of Berseria ses problèmes de rythme, ses facilités scénaristique, la lourdeur de ses didacticiels et ses écueils techniques, grâce à l’efficacité de son humour, la qualité de ses saynètes, le dynamisme de son gameplay et l’écriture de ses personnages qui parvenait tout juste à contrebalancer ces nombreux défauts, autant pour cet opus je vois difficilement ce qui peut être sauvé…
Commençons une nouvelle fois par l’aspect technique puisque c’est ce qui saute aux yeux au lancement de ces deux opus. Bien qu’il soit sorti 2ans plus tôt et qu’il se situe toujours à mi-chemin entre PS2 et PS3, le jeu est étrangement un peu plus joli que son successeur, avec des textures plus fines et des couleurs moins ternes vis-à-vis de ce dernier. Par contre il est moins fluide, il y a un fort aliasing sur la végétation ou les éléments éloignés ainsi que du clipping et de grosses chutes de framerate en début de combat lorsque les ennemis sont nombreux. En dehors de ça le jeu n’est pas "insupportable" en soit, il est daté mais il "fonctionne bien" d’un point de vue technique (pas de bug) et mécanique (le gameplay répond globalement bien et n’est pas dénué d’intérêt ludique). Cependant, si on regarde plus en détail, absolument rien ne va et je me retrouve à nouveau partagé car le jeu est à la fois indéniablement mauvais et parfaitement "harmonieux". Ce n'est pas un désastre sortie incomplet et rafistolé par des patchs comme ont pu l'être Final Fantasy XV ou Cyberpunk 2077 par exemple, qui par ailleurs sont certainement plus intéressant que ce Tales of malgré tout. Tout dépend donc de ce qui vous importe le plus entre qualité de production et intérêt de l'œuvre, c'est une balance relativement subjective mais pour le moins essentielle dans l'exercice critique. Or on ne peut pas dire non plus que ce Tales of brille par sa qualité de production, il est simplement concordant avec ses modeste moyens, c'est ce qui rend la question plus difficile à trancher de mon point de vue (m'enfin j'hésite juste à lui accorder un 4/10, ça reste un mauvais J-RPG). La question étant "qu'est-ce qu'on va bien pouvoir retenir/tirer de cette aventure", à mon sens RIEN et c'est là tout le problème...
Pour commencer, le scénario est si peu inspiré qu’il est obligé de s’accrocher à des références au mythe arthurien pour tenter de se donner une profondeur et une cohérence qu’il n’arrivera jamais à produire de lui-même. J’ai rarement vue un scénario aussi peu clair, je n’ai pour ainsi dire rien compris des tenant et aboutissant du récit dont la forme est pourtant on ne peut plus simpliste et classique ce qui n’aide pas à y trouver un quelconque intérêt de surcroit. Pour ne rien arranger, les personnages sont d’une platitude absolue, surtout le héros, et ce autant au niveau du design que de leurs personnalités. Seul Edna s’en sort correctement mais ne peu brillé pleinement au milieu d’une telle équipe. Ce que je ne comprends pas c’est que Alisha avait tout pour être une héroïne, sa position politique dans le récit, son design séduisant et sa personnalité plus complexe font clairement d’elle le personnage le plus intéressant du jeu alors pourquoi l’avoir subitement relayé au statut de pnj, ça n’a pas de sens, surtout si c’est pour la faire revenir dans un DLC clarifiant brièvement la fin du jeu…
Les saynètes habituellement la grande force du jeu sont malheureusement elles aussi excessivement soporifique malgré quelques tentatives d’humour plus ou moins acceptable (grâce à Edna) mais largement insuffisante pour redonner un souffle d’intérêt au joueur désabusé. Elles sont assez peu animées et plus étranges encore elles ne viennent plus ponctuer l’aventure de manière contextuelle, il faut les lancer à partir d’un point de sauvegarde, ce qui leur fait perdre une bonne partie de leur intérêt. Pour ce qui est des autres scènes de dialogue j’ai remarqué que lorsque les séraphins parlent par télépathie il y a un effet de réverbération sur le doublage anglais qui est absent du doublage Japonais (sans doute réalisé plus tôt et qui n’a pas été modifié ensuite). Et cette paresse narrative n’a d’égale que sa paresse musicale, je n’irais pas jusqu'à dire que c’est inaudible mais il n’y a probablement aucune piste à retenir, même la fameuse cinématique d’intro est dépourvue de chant, c’est dire à quel point le budget semble manquer sur cet épisode. Ce qui est surprenant c’est qu’on a droit à une chanson aux 2 tiers de l’aventure, chanson qui, sans être incroyable, est probablement la seule piste à peu près mémorable du jeu.
Coté gameplay on reconnais les prémices de Berseria, il faudrait que je fasse le Tales of précédent pour m’en assurer mais je pense que Zestiria a voulu dépoussiérer un gameplay vieillissant, c’est une ébauche que Berseria corrige et améliore grandement. La particularité de Zestiria réside dans les fusions de notre personnage avec les 4 séraphins élémentaires, une bonne idée sur le papier mais pas si ouf dans son application, il y a trop de contrainte à leur utilisation, 1JP nécessaire pour l’activer ou le désactiver, 1 personnage de moins sur le terrain des attaques plus lentes réduite à 1 seul élément et une mort ou une affliction touche les 2 personnage à la fois. Mais ce qui rend ce système vraiment ridicule c’est qu’il est intra diégétique, lié aux capacités normalement uniques du « héro élue » et se retrouve finalement utilisable par le personnage qui vient remplacer Alisha dans la team. Ça n’a pas de sens, et on nous justifie ça d’une façon débile, tout comme ces histoires de Séraphins et d’Helions, visible pas visible, entendable pas entendable, etc, ou le statut de Berger censé octroyer les bonne grâce du peuple mais qu'on doit continuellement cacher pour ne pas être traité de monstre, dans la plus improbable incohérence narrative qui soit. Les règles de cet univers sont tellement vagues, tellement gratuites, ce n’est en rien intelligible, crédible ni même rationnel, encore moins quand on a fait Berseria qui ne s’embourbais heureusement pas dans ces histoire-là avec ses Malak (déjà franchement pas claire) et redéfinissait complètement les règles, renforçant ainsi le sentiment d'inconstance narrative des ces prétendues suites. D’ailleurs puisque j’aborde la cohérence du récit, un bel exemple se trouve en fin de jeu quand on apprend que Mikleo est un bébé humain né en même temps que Sorey, sauf que c’est un séraphin et non un humain, et qu’il est de faite censée être immortel et incapable de vieillir… Mais bref je m’égare, tout ça pour dire qu’il y avait des manières plus logique de procéder, soit avec pour Sorey seul humain, soit avec une team de 4 héros humains chacun liés à un séraphin élémentaire ne pouvant intervenir qu’en soutien lors des combat et permettre la fusion avec leur personnage associé, soit troisième option, ne donner la capacité de fusion qu’a Sorey dans le respect de la mythologie de l’univers présenté et laisser là encore la place de co-équipier à de vrai humain ayant un impact sur le monde et un but à leur existence autre que celui de suivre bêtement le « héros de la prophétie », et là il y aurait eu matière à développer des choses intéressantes…
Un autre petit problème à souligner coté gameplay c’est l’IA qui parfois s’arrête subitement d’attaquer si vous passez en mode auto (ce que j’ai fait dans la seconde moitié du jeu par lassitude), ou simplement les coéquipiers en mode semi-auto. Mais ce n’est pas tout, il faut aussi évoquer la map qui se restreint au lieu où on se trouve et dont les éléments découverts disparaissent, rendant extrêmement laborieux la recherche des coffres qu’on n’avait pas pu ouvrir, les boss optionnels qu’on n’a pas pu battre ou des passages bloqués qu’on n’avait pas pu franchir, voir simplement retrouver nos objectifs de quête (surtout qu’à plusieurs reprise la quête principale nous dit « démerde toi pour trouver tel personne »). De faite les quêtes secondaires sont également une plaie, généralement infaisable sans l’aide d’une soluce… Puisqu'il faut bien trouver un peu de positif, le système de fusion d’équipement et de compétence bonus associées est en revanche assez intéressants bien que parfois contraignant car sujet à l’aléatoire mais j’ai aimé me creuser la tête à trouver les panoplies les plus équilibrées.
Enfin le point qui fâche le plus, parce que le jeu a été bâclé, je me suis sentit contraint d’acheter des niveaux et augmentation de PV qui va avec pour avancer dans le jeu à certains passages. J’ai eu la net impression de ne pas xp suffisamment du tout et c’est réellement problématique d’en arriver là. Il me semble néanmoins important de souligné que c'est une exception, les microtransaction d’aide ne sont pas nouveau dans la saga mais jusqu'à maintenant je voyais ça d’un assez bon œil car ce n’était absolument pas nécessaire ni même mis en avant avec des pubs ou autre technique de forcing. Ceux qui me suivent savent que je suis pourtant pointilleux et intransigeant sur la question mais vraiment, rien dans les autres Tales of que j’ai fait n’incitait à un quelconque achat. Il y a clairement un problème d’équilibrage dans celui-ci, et je ne remets pas en cause la sincérité du studio, je pense que c’est juste un bâclage du jeu faute de temps et de moyen. Parfois je me faisais poutrer par un boss lvl 40 alors que j’étais lvl 70 et parfois un donjon de l’histoire était lvl 45 et le suivant lvl 30. Du reste le système de niveau des équipements ne sert à rien, tout comme celui des titres qui montent également extrêmement lentement.
Pour conclure je dirais donc que Tales of Zestiria marque une période de creux pour la saga dont Berseria souffre encore en tentant de réparer les pots cassés. La pose de cinq ans qui suivis la sortie de ce dernier n’aura clairement pas été un mal même si Tales of Arise n’est toujours pas parfait, mais ça on en parlera dans une autre critique ;-).