Al Pacino, Sherlock Holmes et Minerva McGonagall sont dans un bateau

Sympathique mélange des mécanismes qui ont fait le succès des jeux de société du Loup-Garou et de la Mafia, Town of Salem propose une expérience divertissante qui réussit suffisamment à se démarquer de ses modèles pour avoir son intérêt propre.

Il s'agit , ici encore, de se voir distribuer un rôle dans le village, en tout anonymat, que vous seul connaissez, avec les objectifs de victoire qui vont avec: bien entendu, les villageois bons gagnent lorsqu'ils ont éliminé tous les ennemis, tandis que la Mafia doit être seule à rester debout et que les Loup-Garous s'en donnent à coeur joie niveau ripailles nocturnes.

Mais Town of Salem ne se contente pas de proposer une version en ligne de ces jeux. Le nombre de rôles disponibles est très varié avec quelques inventions originales parfois très sympathiques : j'aime beaucoup l'Arsonist (le jeu est en anglais, c'est une sorte de pyromane fou) qui triomphe s'il réussit à mettre le feu à toutes les maisons et tuer tout le monde, ou le Jester qui doit convaincre la ville de voter contre lui et de le pendre - s'il meurt d'une autre manière, il a perdu. Il y a actuellement 30 rôles disponibles avec chacun leur identité, sans qu'il y ait de déséquilibre flagrant entre les objectifs et aptitudes des uns et des autres.

Le jeu s'enchaîne de façon fluide, avec un compteur de temps pour que les joueurs se synchronisent, les nuits succédant aux jours, avec les dialogues, puis le débat et le vote, puis le nouveau débat si quelqu'un a été désigné pour la pendaison et tente de se défendre, puis le vote final s'il y a lieu. La nuit où tous les chats sont loin d'être gris, quand les morts dialoguent avec le médium, que le Parrain ordonne à ses sbires d'assassiner un homme, que la sorcière lance un sort de guérison en espérant trouver le bon, que l'enquêteur mène ses investigations, que le Jailor arrête quelqu'un et que l'Escort va divertir des individus. Mais, attendez, est-ce que ça ne sentirait pas un peu l'huile sur votre palier ? Oups, ça sent l'Arsonist tout ça.

Bien entendu tous les rôles ne sont pas présents en même temps, il n'y a jamais trente joueurs par partie, le nombre est réduit. On peut choisir divers modes de jeu, plus ou moins classiques, on peut discuter en privé, le tout est gratuit sur navigateur ou à prix réduit sur Steam, vous offrant quelques avantages supplémentaires.

Ce n'est clairement pas le jeu du siècle et il est loin d'en avoir la prétention, mais Town of Salem réussit son pari de renouveler deux grands classiques du jeu de société en y apportant une touche personnelle sans se contenter d'une simple transposition timorée, et avec tous les avantages que procurent le jeu en ligne : pas besoin d'attendre d'avoir assez de potes disponibles pour vous installer avec votre jeu de cartes, et vous pouvez discuter entre loups sans que le voisin ne vous entende chuchoter. Pari tenu, donc, pour un bon jeu divertissant dont les parties sont suffisamment courtes et la communauté suffisamment sympathique pour vous offrir un bon moment de détente et d'amusement.