Les jeux se déroulant durant la période du Moyen-Age n'étant pas orientés Heroic-Fantasy; il n' y en a pas des masses (d'armes...)! Alors quand les développeurs d'Asobo Studio proposent avec A Plague Tale: Innocence de se plonger dans cette période médiévale plutôt méconnue du grand public, cela à de quoi susciter la curiosité.


Hugo délire.



  1. Une date où il ne faisait pas bon vivre dans le Royaume de France ravagé par la Peste Noire et la Guerre de Cent ans! C'est pourtant dans ce cadre ô combien «idyllique» que le joueur incarne Amicia de Rune. Une jeune noble qui va devoir du jour au lendemain s'enfuir avec son petit frère Hugo pour échapper à l'Inquisition. Cette dernière veut mettre la main sur l'enfant qui souffre d'un mal inconnu. Pour tous ceux qui cherchaient en ce jeu, une aventure fidèle historiquement parlant risquent d'être déçus. L'Inquisition n'a rien de religieux mais ressemble à une secte caricaturale, la peste représentée par les rats fait office de malédiction mystique dont les origines restent inconnues et le scénario est centré sur un groupe d'orphelins cherchant à sauver Hugo au moyen de l'alchimie. Il y a un mélange entre authenticité et cliché de cette période du XIVème siècle.
    Cela se ressent d'ailleurs bien durant la première moitié de l'aventure. Le cadre est fidèlement reconstitué, la tension que représente l'Inquisition est palpable et la violence est souvent suggérée ne faisant pas dans le gore à outrance ce qui renforce le côté malsain des situations. La menace des rats monte crescendo qui n'est pas sans rappeler le film les Dents de la Mer. Puis durant la seconde partie, le jeu s’essouffle quelque peu. La relation sœur/frère perd en intérêt, l'émotion du début se dissipe pour se terminer avec une fin nanardesque au possible. Dommage, le jeu manque d'un équilibre dans sa narration mais c'est également le cas dans son gameplay...


L'effrondée.


A Plague Tale: Innocence est un jeu mélangeant infiltration et énigmes. La plupart du temps, Amicia et Hugo devront traverser certains niveaux sans se faire repérer par l'Inquisition ou des soldats en se servant de pierres pour faire diversion ou autres objets à confectionner. En récupérant certaines matières tel que du tissu, du souffre ou de la salpêtre par exemple, il sera possible de créer différentes potions ou d'améliorer son équipement via des établis répartis un peu partout dans le jeu. La star du titre d'Asobo Studio ce sont les rats qu'il faudra utiliser comme arme contre ses adversaires. Ne craignant que la lumière, le but sera souvent d'éteindre toute source lumineuse afin de les attirer vers un endroit voulu. Dommage que le jeu soit ultra scripté à cause d'une IA inexistante proposant rarement plusieurs approches différentes; la faute également à un level design linéaire et à un gameplay dirigiste. Et ce n'est pas en débloquant de nouvelles compétences que cela va changer le côté répétitif. La deuxième partie de l'aventure propose une Amicia qui peut enchaîner les tueries avec sa fronde du haut de ses 14 ans. On se demande pourquoi ne pas lui avoir donné un arc?! Cela manque de pertinence dans le traitement du personnage la transformant en une autre aristocrate plus célèbre...


Il y a de quoi pester.


La réalisation graphique de A Plague Tale: Innocence vient également du Moyen-Age. Les textures sont floues et baveuses et certains personnages sont mieux modélisés que d'autres. En revanche la force du titre réside dans sa direction artistique de toute beauté! Chacun des dix-sept chapitres que propose le jeu invite au dépaysement: château fort fidèlement reconstitué, ville médiévale éclairée seulement par la lune grouillant de rats au regard inquisiteur, champ de bataille sous le brouillard rappelant le Jeanne d'Arc de Besson. D'ailleurs graphiquement le jeu s'inspire beaucoup du septième art (le Nom de la Rose) ou de la peinture d'artiste tel que Claude Gellée. Niveau sonore c'est d'un meilleur niveau. La VF est de qualité même si certains dialogues font trop contemporains. Les «fait chier», «bordel de merde» et autres jurons sont anachroniques au langage du XIVème siècle. La musique retranscrit à merveille la menace que représente ces rongeurs putrides avec des compositions expérimentales. Peut être que cela manque de diversité faisant trop dans le minimaliste. Quelques thèmes un peu plus épiques avec par exemple des chants grégoriens n'auraient pas été de trop. Il faudra seulement sept heures pour connaître le fin mot de l'histoire ce qui fait peu car la replay-value du titre est inexistante. Aucun choix de difficulté ni de bonus à débloquer incite le joueur à repartir dans cette aventure très dirigiste.


Les PLUS:



  • Direction artistique de toute beauté.

  • Une bande-son convaincante.

  • Une première partie prometteuse...


Les MOINS:



  • … mais qui perd de son charme par la suite.

  • Gameplay dirigiste.

  • Une réalisation dépassée.

  • Avare en contenu.


A Plague Tale: Innocence pourra charmer les joueurs voulant sortir des sentiers battus en proposant une aventure hors du commun que cela soit par sa direction artistique, son cadre historique ou son gameplay sans poudre à canon. Malheureusement après une première partie maîtrisée, le titre d'Asobo Studio s’essouffle vite qu'il sera difficile de le conseiller au prix fort pour seulement sept petites heures de jeu.

Nightmare1984
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le 12 mai 2019

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Nightmare1984

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