ADR1FT
5.1
ADR1FT

Jeu de Three One Zero et 505 Games (2016PC)

La VR, c'est bluffant. La VR c'est l'avenir. Et là, j'écris ma première critique d'un jeu VR sur Sens Critique, et ce n'est sans doute pas la dernière. En revanche, pour avoir celle d'un bon jeu, il faudra repasser. En même temps, ce n'est pas tellement étonnant, un simple coup d'oeil sur le classement Steam par notation montre que le top 10 comprend majoritairement des expériences plus que des jeux. Mais ADR1FT, lui au moins, c'est un vrai jeu. Revue de détail.


Malgré la taille modeste de son studio géniteur (Three One Zero, inconnu au bataillon), les ambitions d'ADR1FT sont importantes. Le jeu est un First Person Explorer narratif, oui encore un. Mais celui-ci a la particularité de se situer dans l'espace. Le joueur endosse le scaphandre de Alex Oshima, seule survivante au milieu des décombres d'une station spatiale fortement endommagée suite à une expérience malheureuse à laquelle elle n'est pas totalement étrangère. Elle va devoir ré-activer les un après les autres les divers systèmes de la station afin de pouvoir emprunter une navette de secours. Au cours de son périple, elle va au passage récupérer divers documents, messages et objets pour éclaircir la situation. Enfin normalement, car dans les faits, ce ne sera pas le premier problème du joueur.


Non, car comme sus-cité, ADR1FT se passe dans l'espace, en gravité zéro qui plus est. Alex dispose d'un système de propulsion adossé à son scaphandre, et il va falloir le maitriser. Ce n'est pas chose simple : autant le dire d'emblée, on passe la première demi-heure à se taper les murs, à s'emplafonner les portes, à se retrouver la tête en bas sans pouvoir se redresser, bref, à galèrer comme un dingue juste pour avancer d'un mètre ou attraper une bouteille d'oxygène salvatrice. Une fois cet apprentissage assimilé, on se traine entre les quartiers de la station, tous très similaires, et le seul challenge est de ne pas se perdre. Une fois arrivé à destination, on pianote sur le clavier d'un terminal, ça baragouine un message incompréhensible, et on recommence ailleurs. Passionnant.


Alors non, ADR1FT ne manque pas d'ambition, mais il ne manque clairement pas de défauts non plus. La VR est spectaculaire certes, mais bien platement exploitée. La bonne idée en VR, c'est de placer le joueur dans le casque d'Alex, directement. Convaincant bien sur, mais du coup il est inutile de tourner la tête, le champ de vision étant limité par le casque. Inutile de bouger également, puisque qu'Alex ne peut pas marcher en gravité zéro. Le rôle du Vive se limite donc à celui d'un écran de luxe, un peu plus immersif que la moyenne. Reste les panoramas, spectaculaires mais pas forcément hyper léchés graphiquement parlant, avec notamment un aliasage franchement désagréable lorsque la distance de vision s'élève un peu. C'est d'autant plus regrettable qu'il est difficile de rester indifférent lorsque, au détour d'une sortie dans l'espace, la station déchiquetée s'offre à la vue dans son entièreté, flottant majestueusement devant la terre en arrière plan.


Mais ces moments de grâce, parfaitement symbolisés par l'utilisation du fameux Clair de Lune de Debussy, sont malheureusement trop rares. La plupart du temps, le jeu demande d'accomplir une tâche obscure, à laquelle on ne comprend rien, la faute à une narration particulièrement alambiquée. Le jeu met le joueur dans la peau d'Alex Oshima, officier scientifique qui connait la station par coeur, mais ne lui donne pas ses capacités. On ne connait donc pas les tenants et les aboutissants, et les efforts à accomplir pour y parvenir sont considérables. Et pour se repérer, on ne peut compter que sur un minuscule radar en bas à gauche du casque, que j'ai mis quelques heures à remarquer après m'être largement perdu. L'émerveillement laisse donc très vite la place à l'ennui, voire à l'agacement.


Déception donc. ADR1FT aurait pu être une version jouable de Gravity, un jeu sous tension, qui met le joueur sous pression et qui varie les situations. Au lieu de cela, il préfère le faire flotter au milieu des débris en écoutant du Debussy. En attendant mieux, le seul intérêt réside dans les panoramas spatiaux que permet la VR. Sur un écran classique, la note baisserait de deux points.

JipéF
5
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le 23 août 2016

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