Afterparty
5.9
Afterparty

Jeu de Night School Studio (2019PC)

Ça ne m’arrive pratiquement jamais d’acheter des jeux juste après leur sortie, sans me renseigner plus que ça à leur sujet ou attendre qu’ils aient récolté davantage d’avis. J’avais juste vu vite fait le trailer d’Afterparty, et j’ai été attiré par cette esthétique à la fois dark et colorée, et l’aspect décalé. Et après avoir beaucoup aimé The red strings club tout récemment, j’étais prêt à me laisser emporter par un autre jeu indé.


Le joueur incarne deux amis, Milo et Lola, qui meurent juste après leur fête de fin d’études, se retrouvent en enfer, et doivent chercher un moyen d’en sortir.
La déception a été au rendez-vous dès le début : l’esthétique est en dessous de ce que j’attendais, il y a des couleurs chatoyantes mais même avec l’affichage en qualité "ultra" les graphismes manquent de détail. D’autant plus qu’on reste toujours à grande distance des personnages et des décors, de sorte qu’on n’est jamais submergé par l’atmosphère, et qu’on ne se sent jamais proche des personnages. On ne voit jamais leurs visages en gros plan, toujours à 10m de distance !
Le plus con étant lorsqu’on rencontre pour la première fois un démon qui devient par la suite un personnage récurrent, qu’il commente son look… tandis qu’il nous tourne le dos pendant tout le dialogue.
Les décors sont en 3D mais on ne peut s’y déplacer que vers la gauche ou la droite, jamais dans la profondeur. Et alors que les décors semblent fournis, et qu’on l’explorer en allant tout au bout même si les objectifs ne nous y mènent pas, il n’y a rien à y faire ou à y voir, il n’y a aucune interaction possible, si ce n’est… revenir sur ses pas. Il y a même des zones du décor qui ne servent à aucun moment du jeu, de sorte qu’on dirait qu’elles ont été modélisées juste pour nous faire perdre plusieurs minutes.


L’autre grosse déception, c’est les dialogues. J’attendais beaucoup d’esprit et d’humour, mais à aucun moment il n’y a une blague que j’ai trouvé drôle (il y en a peut-être juste une qui m’a fait esquisser un demi-sourire) ; elles ne sont pas navrantes pour autant, elles sont juste dépourvues d’humour.
Et pourtant, on sent que c’est censé être un point fort du jeu, qui essaye sans arrêt de placer des trucs décalés, mais ça ne marche pas : c’est pas assez inventif, assez saugrenu, poussé, ou inspiré.
Les réparties sont souvent randoms, elles n’ont rien de futé, et ça abuse vraiment des métaphores volontairement foutraques à pratiquement chaque phrase, mais c’est toujours gratuit. Par exemple : "He’s clearly covering old wounds, he’s like me after pilates"… quoi ? Ça ne veut rien dire.
J’ai rapidement été gonflé, car le jeu étire des dialogues inutiles juste pour placer davantage de blagues pas drôles qui semblent du coup de plus en plus lourdes, et me donnaient l’impression de perdre mon temps alors que j’avais juste envie de passer à la suite.
Milo et Lola ont fini par m’irriter aussi à force ; ils sont censés être meilleurs amis, mais je n’ai pas ressenti d’alchimie entre eux, la plupart de leurs échanges, censés être comiques, se basent sur des frictions.
Et puis t’as tout le temps ces bégaiement et ces bouts de phrases laissés en suspens, pour donner un style aux personnages peut-être, mais c’est le genre de truc qui me saoule comme dans un film de Woody Allen.


Ce qui est frustrant, et montre presque un manque de considération pour les dialogues, c’est que ceux-ci, lorsqu’ils surviennent tandis que les personnages marchent, sont interrompus quand on arrive à un repère qui déclenche un autre dialogue à la place. Et on ne revient jamais au dialogue précédent. Ou alors c’est l’inverse : un dialogue s’arrête trop tôt durant une marche, et on se retrouve à faire le reste du parcours dans le silence complet. Ou alors des fois, le son des répliques se coupe avant la fin. Ou alors t’as des tweets qui apparaissent à l’écran (des fois à moitié hors du cadre…), et t’as pas le temps à la fois de les lire et de te concentrer sur ce qui est dit.
Il y a aussi une exacte même conversation qui survient deux fois dans le jeu.
Tout ça est indicateur d’un produit bâclé.


Mais le plus gros gâchis d’Afterparty, c’est son gameplay, qui s’avère très pauvre.
En gros, la principale action qu’on peut réaliser au cours du jeu, c’est choisir entre 2 voire 3 options durant des dialogues.
Un concept qui aurait pu être brillant, c’est que les boissons consommées par les personnages peuvent changer leur comportement et façon de s’exprimer, et débloquer d’autres options de répliques.
Vous devez vous dire que ça ouvre à pleins de possibilités, qu’il faut sûrement ruser en choisissant la bonne boisson pour tel dialogue et tel personnage, afin de trouver le moyen d’atteindre son objectif.
Bah non, pas du tout.
Déjà les répliques que ça débloque sont aussi peu drôles que le reste, mais surtout, peu importe ce qu’on choisit, ça n’a absolument aucun impact. Tu peux aussi bien complimenter quelqu’un ou lui dire d’aller se faire foutre, ça ne change rien non plus.
Afterparty n’a aucun enjeu, il n’y a aucune embûche, et on ne peut même pas perdre.
A chaque fois qu’il faut trouver quelqu’un ou quelque chose, on trouve ce qu’il nous faut en faisant juste quelques pas dans le même lieu. Il faut trouver un nouveau groupe pour jouer dans tel club ? Bah ça tombe bien, des musiciens sont en train de boire un verre à l’étage.
Il y a un mini-jeu de danse où il faut simplement retenir 3 touches à reproduire, et c’est tout ; c’est d’une facilité enfantine.
Mais même quand on perd à un mini-jeu, ça ne change rien, on atteint quand même son objectif. C’est nul, tu peux tout aussi bien ne faire aucun effort.
La compétition finale où il faut batte Satan est d’un total ennui, ça commence par un beer-pong où les tours se succèdent avec lenteur, et à chaque fois quelqu’un rate ou gagne, les participants font des commentaires, avec un moment de latence entre chaque réplique !


Le gameplay insipide a participé à ce que je me fiche complètement de l’histoire. J’ai pas compris en quoi ça devait m’affecter, cette sous-intrigue avec Satan qui ne prend plus soin de la gestion des enfers… je veux dire, tant mieux, non ?
Je n’aurais sûrement pas terminé le jeu si je ne l’avais pas acheté comme un idiot.

Fry3000
3
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le 10 nov. 2019

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