j'ai joué à Alan Wake 2 fois, la 1ère fois en VF, la 2ème en VO, jusqu'à l'acte 1 (environ 1h de jeu
Alan Wake est un jeu narratif d'action, inspiré des livres de Stephen King et cherchant à reproduire leur effet sur le lecteur, développé par Remedy (Max Payne).
Sur le papier, ça semble alléchant ; original, suffisament libre pour laisser place à des scènes intéressantes, et par les gens qui ont fait de Max Payne un parfait mélange d'action et d'ambiance noire.
L'introduction/Tutoriel se passe durant un cauchemar de notre héros, dans lequel nous apprenons qu'il s'appelle Alan Wake, et qu'il est un écrivain très célèbre. Profitons, c'est la seule fois où quelque chose nous sera narré. Il fait très noir et un jeu de lumière faibles permet de faire comprendre qu'il s'agit d'un cauchemar. Lorsque soudain, une lumière blanche dans le ciel, perçant les ténèbres, vient nous expliquer comment utiliser la lampe torche pour combattre nos ennemis. Une fois que c'est fait, cette lumière blanche, perçant les ténèbres, dans le ciel, s'en va. Plutôt qu'Alan ne nous explique par le biais de la narration comment se battre, Remedy a préféré utiliser un Deus Ex Machina ; Dieu (Une lumière blanche dans le ciel perçant les ténèbres, j'appelle ça une allégorie typique de Dieu) vient sauver le monde. Mais il s'agit pourtant du meilleur élément de narration auquel nous aurons affaire durant le long prologue.
En effet, par la suite, Alan parlera énormément, mais uniquement pour dire ce qu'il voit, ce qu'ON voit. il ne développera pas, il n'expliquera pas pourquoi il est la, qui il est, qui est sa petite amie, pourquoi elle a peur du noir, ce qu'il ressent.. Bref, ce que fait un narrateur. Nous n'avons pas affaire à une narration, mais à une énumération de toute ce que l'on vient de voir ou de comprendre.
Le pire, dans tout ça, sont les manuscrits. Durant votre périple, vous trouverez des pages d'un livre d'Alan. Ces pages racontent l'histoire que vous êtes en train de vivre. Pour accéder à ces pages, vous devez mettre en pause le jeu, aller dans les manuscrits, et sélectionner votre page. Et la, Alan va lire le texte qui est sous vos yeux (comme d'habitude au final). Ce texte est... Parfait. Il s'agit de la narration dont le jeu avait besoin. Les détails sont présents, le bon ton est mis.
Donc pour pouvoir accéder à la narration, il faut arrêter de jouer.
Mais ce n'est pas qu'Alan qui gâche l'immersion, le jeu fait un bon travail pour s'en charger lui aussi. Deux éléments viennent perturber le rythme du jeu en permanence :
- La caméra, qui, a la moindre occasion, partira de sa place pour aller nous montrer l'objet a ramasser, ou le lieu ou l'on doit aller. Dès que nous commencons a être dans le jeu, la caméra s'en va, détruisant tout lien entre le héros et le joueur.
- Les ralentis. Ceux ci sont utilisés à toutes les sauces. A chaque esquive, et a chaque mort, nous allons avoir droit à un ralenti (et parfois avec la caméra qui s'en va pour bien combiner les problèmes). Je n'ai rien contre les effets spéciaux, mais ici, ils interviennent à chaque instant, à la moindre occasion.
On passe bien évidemment au-delà des défauts classiques des jeux scriptés ou les développeurs mettent un place un comportement bizarre, assumant que le joueur sait ce qu'il faut faire (mon favori : une porte qui refuse de s'ouvrir si on n'a pas utilisé le téléphone. Time limit, si vous n'ouvrez pas la porte assez vite, vous mourrez. Mais elle était fermée il y a 2 secondes, pourquoi se serait-elle ouverte?) et les filtres inutiles durant les cinématiques, vous faisant croire qu'il fait nuit. Ces filtres sont tellement laids et horribles, qu'on à l'impression que le jeu est plus beau que les scènes précalculées.
Tant qu'on en est sur les graphismes, excepté les visages inexpressifs au possible (Alan semble sourire lorsqu'il crie), le jeu est beau. Bon, on passe la moitié du temps à vous éblouir, mais il est beau quand même. Pas que graphiquement, mais le design, aussi.
Enfin, le coup de grâce m'a été donné par la fin du prologue, ou le titre "Alan Wake" s'affiche quand l'intrigue commence. C'est classe, c'est beau, peut-etre qu'il va arrêter de me dire ce que je sais et enfin me donner des déta --
"Dans l'épisode précédent d'Alan Wake."
Exact ! Le jeu va prendre soin d'utiliser une cinématique de 5 minutes pour vous dire ce qu'il s'est passé il y a... 5 minutes ! Le summum du défaut d'Alan, on nous dit UNIQUEMENT ce qu'on sait déjà.
Un petit bonus à la VF, qui à eu la magnifique idée de prendre des bons doubleurs pour tous les personnages secondaires, et un mauvais pour le héros. Le jeu reste mauvais en VO, mais ça fait déja plus convaincant.
On a donc affaire à un jeu narratif d'action, sans narration, et avec une action mal rythmée. Qu'est ce que ça nous donne? Un mauvais jeu d'action.
Ce que Remedy à d'ailleurs tout à fait compris en améliorant l'action dans la suite, American Nightmare, au dépit de la narration.
Alan Wake est-il un mauvais jeu? Non. Il reste au-dessus de la moyenne des jeux d'aujourd'hui. Mais tous les éléments intéressants du jeu sont gâchés dès que dieu vient nous apprendre qu'il faut appuyer sur Z pour avancer. Rien n'est convaincant, rien n'est immersif, et les efforts n'ont pas été placés au bon endroit. Ce jeu a cruellement besoin d'une narration.