"Monsieur Sam Lake, je suis votre plus grand fan !"
Etant un énorme fan de Max Payne, j'avais appris le changement de développeurs pour le troisième épisode avec amertume, et suivi celui d'un certain Alan Wake par Remedy avec intérêts. Même si j'avais un peu mal pris le gros chèque de Microsoft qui avait fait de cet Alan Wake une exclus 360 temporaire, j'ai enfin pu y jouer sur PC presque 2 ans après sa sortie.
Les ruelles sombres new-yorkaises laissent place à une bourgade américaine tirée tout droit de Twin Peaks et des romans de King. Et malgré ce changement radicale, on reconnaît facilement le talent de Remedy pour faire un jeu vidéo à la fois agréable à parcourir et riche en terme de narrations. Même si l'histoire d'Alan Wake est au final assez classique, c'est tellement bien racontée et servie dans une délicieuse ambiance qu'on en est rapidement séduit.
Alan et Max sont très différents, mais ils sont tous les deux torturés et vivent un cauchemar réel afin de se racheter de la "mort" de leur femme. Sam Lake (scénariste de Remedy, et optionnellement la première tête de Max Payne) propose encore une fois une aventure riche et mature avec un gros travail consacré aux dialogues. Tous les personnages possèdent une réelle identité et semble avoir leur propre passé.
Le jeu comporte également quelques éléments sympathiques qui rappellent le CV des développeurs. L'humour, les bruitages, les références à la mythologie nordique, la phrase "Alan Wake's journey through the night will continue..." à la fin du générique... Tous ces petits détails font plaisir à voir quand on connait Max Payne du bout des doigts. Le plus sympathique dans tout ça est quand même l'apparition de Lake à la télé, qui nous reproduit sa grimace habituelle.
Bref, j'ai passé quelques bons moments en jouant à Alan Wake, avec des passages remarquables (comme le combat sur la scène des Old Gods of Asgard). Mais j'avoue que je me suis aussi un peu ennuyé à plusieurs reprises.
En fait, ce qui m'a posé le plus de problèmes est le gameplay. Sincèrement à ce niveau-là, je ne reconnais pas les papas de Max Payne. La jouabilité de ce dernier s'approchait de la perfection, on contrôlait vraiment Max comme nos mains. Alan Wake, c'est tout le contraire, c'est flou, approximatif, rigide, lourd... On galère sur certains combats non pas à cause de la difficulté, mais à cause de la maniabilité perfectible.
Je ne demande pas qu'Alan fasse des sauts sur les côtés en ralenti, ça reste un écrivain. Ce côté faible du héros aurait pu être justifié comme un moyen d'accentuer l'aspect horrifique du soft. Certes. Mais le problème, c'est que les combats représentent le 3/4 de l'aventure. Même si on sent qu'ils ont essayé de varier les situations tout le long du jeu, on n'a rapidement cette impression de déjà-vu durant les combats qui ont du mal à se renouveler, à cause de la faible panoplie des armes, des ennemis et de leurs apparitions prévisibles.
Un autre détail m'a particulièrement agacé, c'est la caméra. Dans 99% des TPS, le héros se trouve au centre ou plus ou moins à gauche de la caméra. Dans Alan Wake, c'est l'inverse, il est à droite. Il y a heureusement une touche pour changer, mais il faut appuyer dessus après chaque cinématique car le jeu ne retient pas nos préférences. Durant tout le jeu j'ai appuyé sur tab pour changer la caméra, et ça devenait vite pénible.
Le jeu étant à la base une démo technique pour ATI, graphiquement ça en jette. La direction artistique est sublime, les décors sont magnifiques et on reconnait le soucis de détails propres à Remedy en observant le moindre recoin des niveaux. Techniquement, la gestion de la lumière dynamique et l'utilisation de nombreux shaders visuels sont vraiment réussis.
Quelques défauts viennent quand même entacher ce moteur. La qualité des textures est inégale. Le LOD des paysages est maladroit : à pied ça ne gène pas, mais en voiture, on est surpris de voir les polygones des montagnes bouger dans tous les sens. Et surtout, les animations faciales sont carrément loupées. Même certains jeux PS2 comme Silent Hill 2 et 3 enterrent Alan Wake sur cet aspect-là, ce qui est vraiment très dommage pour un jeu qui s'appuie autant sur la narration jusqu'à embaucher des vrais acteurs pour incarner leur double numérique.
La VF n'est pas terrible. Les acteurs qui doublent ne sont pas spécialement mauvais, mais c'est plutôt les traductions des textes qui sont bizarres. Je me rappelle quand même de ce fameux "rongé par la nourriture". Que le traducteur fasse une faute de frappe, ok, mais que le doubleur lit à haute voix ça sans se poser de questions, non.
Le portage PC est réussi. C'est fluide, je n'ai rencontré aucun bug, et les 2 DLC sont offerts. Pour moins de 30 euros, c'est plus qu'honnête.
Alan Wake est donc un jeu principalement basé sur la narration et l'ambiance, qu'on prend plaisir à parcourir pour découvrir le destin de cet écrivain torturé. Mais cette aventure est quand même gâchée par quelques maladresses et redondances au niveau du gameplay. Selon ce que vous recherchez dans un jeu vidéo (une histoire ou du fun), vous allez probablement aimer ou détester Alan Wake. A vous de voir, donc.