Malgré son nom, Aliens Vs Predator 2 n'est pas le second opus de la franchise. Il est certes la suite du AVP sorti l'année précédente sur PC, mais ce dernier était lui-même la suite de l'épisode Jaguar qui fut l'initiateur du passage de la série au genre FPS. Et encore, il y a les épisodes beat'em all qui avaient vu le jour auparavant. Un beau bordel pour les non initiés à la franchise crossover mettant en scène les deux plus mythiques monstres du cinéma de science-fiction.
Quoi de beau dans ce nouvel opus ? On garde grosso modo une recette identique. Trois scenarii au service d'une seule et même histoire qui basculera dans le camp de la race incarnée. L'humain est toujours là en tant que troisième larron derrières les deux stars extraterrestres. Premier changement, chaque chapite se voit agrémenter de cut-scènes avec dialogues doublés. C'est très scénarisés, à contrario de son ainé dont le découpage des niveaux ne restait qu'une succession logique de zone à terminer mais qui ne creusait pas plus loin dans l'intrigue. Là on a droit à la totale, et ce pour chaque campagnes. Mieux, une partie background loin d'être anecdotique vient s'ajouter à l'ensemble. Ainsi, le Marine et Predator pourront lire diverses notes écrites éparpillées un peu partout quand l'Alien et sa capacité à se faufiler dans les moindres conduits d’aérations pourra espionner diverses conversations, certaines pouvant durer plusieurs minutes. Le tout optionnel bien sur, libre à vous de continuer votre chemin droit devant sans faire le détour ou la pause nécessaire dans la progression, mais vous rateriez quelque chose.
On vient à l'ambiance, qui bute, et je pèse mes mots. Le bip-bip du détecteur de mouvement dans un couloir obscur vous foutra les jetons comme jamais quand les hurlements lointains des xénomorphes dans une de leurs ruches vous donnera envie de prendre vos jambes à votre cou. La campagne Marine reste la plus effrayante à ce niveau-là, un pur moment d'horreur. Celle du Predator vous fera passer du sentiment de puissance face aux pauvres humains incapable de vous voir en mode camouflage optique à celui de combattant de l'extrême face à des ennemis débarquant par containers entiers. Et notre ami parasitaire restera plus dans une optique infiltration, les phases plus FPS étant très banales, mais le premier chapitre intitulé "Naissance" reste probablement le meilleur de tout le jeu. On démarre en face-hugger devant traverser une base humaine pour trouver un malheureux incubateur. Puis on passe en l'inoffensif, si l'on peut dire, bébé Alien qui va devoir trouver une source de nourriture. Seul moment du jeu révélant la faiblesse de la créature, où le moindre truc banal, tel les cendres encore brulantes d'une clope lâché par une femme à travers la grille d'aération sous le sol peut vous couter la peau. Et la sortie de l'incubateur reste un moment attendu qui ne déçoit pas. Et pour appuyer tout ça, une excellent musique d'ambiance jouant d'effets qu'on croirait tout droit sorti d'un film épouvante.
Mais tout n'est pas parfait, bien au contraire. D'un point de vue technique, peu d'amélioration à signaler en un an. Il y a eu un effort de fait sur la modélisation des personnages et des visages (même si il a super mal vieilli aujourd'hui), mais les décors semblent avoir régresser à ce niveau-là. Pire, il y a pas mal de passages en extérieur et les textures font bien cheapos. Les zones sont parfois vastes mais super vides. Dommage, car le level-design reste très travaillé, et l'on découvre des accès propre à chaque campagne dans un même lieu.
Le gameplay n’est pas épargné non plus. Assez peu d’interaction avec les éléments du décor, qui sont déjà loin d'être omniprésents. Il y a quelques nouveautés, comme le piratage avec l'humain et le chasseur de crânes, des nouvelles armes pour les deux concernés, l’extraterrestre bénéficiant d'un appareil lui permettant de régénérer à foison son énergie. Fini la gestion sur la durée du premier opus. En s'y prenant correctement, on est quasi-invincible. On perd aussi en vitesse, l'Alien est loin d'être aussi rapide qu'avant, on a vite fait de se faire allumer dans un couloir. Surtout que le jeu n'est pas facile. Aux trois classiques modes de difficultés, "Hardcore" vient proposer un challenge pour les plus courageux. Aucune possibilité de sauvegarder dans les niveaux, aucune instructions (remarquez, on est dans un FPS, c’est pas comme s'il fallait quinze ans pour trouver comment avancer) et des ennemis qui sont devenues de vrais sacs à point de vies en plus de faire de gros dégâts. Rien d'infaisable cela dit, on en chie au départ, le temps de prendre le tout en main, puis ça reste du die and retry avec des pics de difficultés plus ou moins abruptes.
Dernier point noir du gameplay, le changement instantanée d'arme avec la molette de la souris n'est plus, alors qu'il était inclus d'office dans l'épisode précédent. Un retour en arrière incompréhensible, il faut à nouveau faire défiler la liste d'arme et cliquer pour switcher. Que de temps perdu dans les moments d'urgences. Surtout que les raccourcis armes restent franchement pas ce qui est le plus optimisé...
Dommage car il reste agréable à jouer et pas trop dur à prendre à main.
En bref, c'est une bonne suite qui vaut son pesant de cacahuète, ne serait-ce que pour son ambiance de fou. Si vous cherchez un vieux FPS dans un univers fantastique, il peut très bien faire l'affaire.