Ne nous voilons pas la face...
Les nouvelles générations de gamer ne joueront à Alone in the dark que par curiosité, ou par désir positiviste de connaître les jeux du début des années 1990.
Je remarque d'ailleurs que les notes élogieuses fleurissent surtout sur les forums français, qui ne manquent pas de célébrer un peu vite le premier survival horror. Sur les sites anglo-saxons, les notes sont bien plus mesurées, et ça ne sent pas vraiment la francophobie gratuite (encore que...). Un coup d'oeil sur la page wiki "survival horror" en anglais convainct que si AITD a ouvert la voie à "Resident Evil", il n'a pas tout inventé d'un coup : beaucoup d'idées avaient fleuri dans des jeux plus anciens et moins ambitieux.
Il reste que ce jeu a un capital de sympathie évident, et qu''on ne peut nier que Resident Evil lui doive beaucoup :
- les cartouches rares, les ennemis qui arrivent sans crier gare.
- les couloirs étroits vus de haut, de biais, dans des angles improbables.
- de manière plus générale, les cadrages inquiétants.
- les énigmes, bien sûr (mais on y reviendra).
- les notes trouvées de-ci de-là qui font comprendre peu à peu la situation lovecraftienne.
- l'environnement du manoir, avec ses attendus (bibliothèque, bureau, cuisine, salle de bain...).
- les musiques qui changent quand un ennemi arrive.
Par contre, si l'ambiance visuelle et sonore du jeu est fort réussie, il y a plusieurs choses qui coincent :
- Certaines énigmes vitales pour la progression n'ont rien d'intuitif. Pas besoin que ce soit aussi simple que "trouve la clé bleue de la porte bleue", mais plusieurs fois, la combinaison à effectuer est très inattendue, comme lancer une statuette sur une armure, mettre une couverture sur un tableau, etc... J'avoue, j'ai craqué et suis allé voir une soluce.
- Les graphismes des personnages et des monstres sentent encore les tâtonnements de la 3D. Je pense notamment aux goules, ou aux yeux exorbités du personnage féminin. Carnby a des mouvements de vieillard, et on comprend pourquoi les concepteurs lui ont ajouté une moustache. L'âge excuse tout...
- Les combats sont peu passionnants. Ils peuvent être évités en faisant preuve d'intelligence, mais là encore cela relève de l'eastern egg un peu tordu.
- C'est un jeu un peu hardcore, quand on y pense. Le nombre d'ennemis qui peuvent vous tuer quasi-instantanément est assez frustrant.
- Le plus gros problème vient du fait que les situations ne sont pas assez introduites : quand je me suis retrouvé face à l'autel démoniaque, je n'avais aucun moyen de savoir que j'arrivais à un moment crucial. Pour moi je traversais une salle comme les autres. Quant à trouver qu'il fallait lancer la lampe pour rétablir la paix dans l'univers... Merci aux programmeurs de m'avoir fait sentir vraiment idiot.
On l'aime, ce jeu. Mais il sent tout de même son âge.