J'avais découvert "Amnesia : The Dark Descent" presque par hasard en tombant sur un test mitigé mais qui vantait sa paternité avec H.P. Lovecraft. Après la très bonne surprise de "Call Of Cthulhu : Dark Corners of the Earth", j'étais curieux de voir ce que mon auteur préféré avait de nouveau inspiré au jeu vidéo. Comme vous vous en doutez, il en résultat la meilleure expérience que j'ai pu avoir dans un survival horror, avec pour la première fois un jeu qui parvenait à me faire réellement flipper et pas simplement sursauter de surprise. C'était donc avec une certaine impatience que j'attendais le prochain jeu de Frictional Games. J'ai tenu le coup avec les Penumbra dont l'excellent Black Plague et l'annonce d'un nouvel Amnesia me faisait frémir d'impatience et d'horreur... jusqu'à ce qu'on apprenne que Frictionnal Games ne ferait que le parrainer, préférant confier les rennes à TheChineseRoom pour rester eux-mêmes concentrés sur leur prochain jeu (qui n'est toujours pas annoncé officiellement d'ailleurs). Qu'à cela ne tienne, je décidais de me renseigner sur ledit studio pour savoir de quoi il était capable. Créateurs de Dear Esther, ce studio me laissait sceptique car les retours sur ce dernier étaient assez mitigés. Une promo steam plus tard, j'étais tout de même un peu plus rassuré : cette promenade virtuelle (que je n’appellerais pas "jeux vidéo" sans pour autant cracher dessus) possédait une très bonne ambiance, des musiques envoutantes, et une direction artistique à couper le souffle, surtout vu l'âge du moteur source. Bref, j'avais un peu plus d'espoir. Puis les premiers trailers sont tombés et mes derniers doutes avec. "A machine for pigs" s'annonçait digne successeur d'Amnesia, au point qu'il devienne le tout premier jeu que je me décide à précommander (si on exclu Natural Selection 2 puisque la précommande donnait accès direct à la beta : je savais donc déjà dans quoi je me lançais).

Le jeu préchargé dans ma bibliothèque steam, j'attendais donc fébrilement le jour de sa sortie quand les premiers détails sont tombés. Et là, c'est le drame : plus d'inventaire, plus de gestion de la santé mentale, auto-régen et lampe infinie. Autant vous dire que j'ai pris ça comme un foutu coup de poignard dans le dos. S'ajoute à cela le mépris de Canard PC et divers testeurs en qui j'ai globalement confiance. C'était pas gagné mais je refusais de croire qu'il puisse être un tel ratage complet. Je décidais donc de rentabiliser ma précommande de fan aveugle et attendait la nuit pour me lancer dans l'aventure. Volets fermés, lumière éteinte, casque vissé sur les oreilles, paquets de couches, j'étais fin prêt.

ERROR

Le jeu se lance pas, je galère en vain et doit attendre le lendemain soir pour un patch. Bon au moins c'est vite réglé, ça reste un studio indé, on peut pas leur demander de tout prévoir, tant que c'est vite fixé ça me va. Les premières impressions sont plutôt positives mais très vite le bilan s'alourdit : pratiquement plus aucune interaction avec le décor, tout au plus ouvrir les tiroirs pour trouver des notes, plus possible de se cacher dans un placard, la gestion de la santé mentale n'est pas juste moins bonne, elle a tout simplement disparu, votre personnage ne se met plus à délirer quand il voit une horreur et surtout n'a plus du tout peur du noir. Autant laisser la lampe infinie allumée en permanence limite.

Après toutes ces remarques vous devez encore vous demander pourquoi j'ai attribué plus de 3/10 à cette suite ratée. Et bien je pense qu'il faut voir les choses différemment. Comme on l'a dit plus tôt, "Amnesia : A Machine For Pigs" est développé par TheChineseRoom et non Frictionnal Games; et s'il échoue lamentablement à reproduire les sueurs froides de son aîné spirituel, il possède en revanche tout ce qui avait fait la force de "Dear Esther" et surpasse même "The Dark Descent" sur ces quelques points : la direction artistique est beaucoup plus poussée et surtout bien plus variée : des sordides ruelles de Londres aux entrailles cradingues de la machine, en passant par les fastueux banquets et les suintants abattoirs, le jeu est superbe (entendons nous bien : je parle toujours en terme de direction artistique et non de graphismes, c'est ce qui fait qu'un tel jeu me laissera béat d'admiration là où Crysis 2 me laisse totalement indifférent voire blasé). On retrouve également de remarquables qualités d'écriture dans la narration qui sublime ce voyage au même titre que la prose poétique qui ponctuais "Dear Esther". Dernier point fort et non des moindres : l'audio. Là où "The Dark Descent" avait déjà fait très fort sur sa bande-son, "A Machine for Pigs" pousse le vice encore plus loin avec des bruitages toujours aussi réussis mais des musiques encore plus abouties, ce qui constitue en soi un véritable exploit.

Alors non on a pas là un grand jeu vidéo; en l'absence de puzzle et de véritables énigmes je ne suis même pas sûr qu'on puisse parler de jeu vidéo (presque plus d’interaction avec le décor + absence d'inventaire = chaque objet interactif est comme un énorme néon SORTIE sans aucune réflexion sur son fonctionnement); la durée de vie est même divisée par deux ou trois comparé à son prédécesseur mais l'expérience n'en demeure pas moins positive. Alors non on ne se chie plus dessus toutes les cinq minutes, j'aurais eu au mieux une ou deux très légères pointes de stress en étant poursuivi (rien de comparable avec la terreur que m'inspira "The Dark Descent" et pas seulement par ses monstres), mais le progression toujours plus en profondeur au cœur de la machine n'en demeure pas moins une expérience claustrophobique qui n'est pas sans rappeler le tout premier Diablo et sa littérale descente aux enfers : on a pas forcément peur comme un caniche lâché dans un combat de chiens mais putain qu'est-ce que c'est glauque et malsain ! Certains passages n'auraient d'ailleurs pas détonné dans la cathédrale de Tristram avec des décors de boucheries suffisamment malsains pour qu'on s'attende à ce qu'un "Aah ! Fresh Meat !" retentisse au détour d'un couloir. L'ensemble est donc beaucoup plus proche de Dear Esther que d'Amnesia dont il ne garde finalement que le nom et le moteur, mais il en garde l'ambiance générale et l'aspect glauque avec assez de créativité dans les décors et la narration pour que ça en vaille la peine (mention spéciale à l'arrivée dans l'église). Sûr ce je vous laisse, je vais me préparer du bacon.
VincentMotte
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le 16 sept. 2013

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Vincent Motte

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