A Machine for Pigs laisse une impression amère, surtout pour les fans ayant été marqués par le premier opus, Amnesia: The Dark Descent. Alors que ce dernier avait redéfini l'horreur en nous plongeant dans une atmosphère oppressante où chaque coin d'ombre évoquait la peur, A Machine for Pigs, (développé par The Chinese Room au lieu de Frictional Games) s'engage sur une voie différente et déçoit par son incapacité à recréer cette immersion horrifique qui avait tant captivé.
Dans un premier temps, soulignons les choix de design qui paraissent en décalage avec l’esprit du premier opus.
Le jeu semble axer ses efforts davantage sur la narration et le symbolisme que sur l'horreur pure et immersive. On y incarne Mandus, un industriel dans un Londres victorien, qui découvre une machine infernale déshumanisante, un concept intrigant sur le papier mais qui, à l'écran, ne parvient pas à capturer cette peur viscérale que le premier jeu savait si bien distiller. Cette approche narrative, si elle enrichit l'univers avec des allusions aux thèmes de l'industrialisation et de la déshumanisation, vient écraser l'intensité psychologique du jeu en lui conférant une lourdeur qui en casse le rythme.
Sans parler de la métaphore Humain = cochon, qui nous saute au nez à chaque instant, soulignant bien le manque cruel de subtilité du titre... Ce qui est un comble pour un jeu qui avait la volonté d'être un peu plus poétique et narratif que le premier.
Ce choix de prioriser la narration s'accompagne également de sacrifices notables au niveau du gameplay. Dans The Dark Descent, la gestion de la santé mentale et des ressources, lumière, huile et cachettes de fortune... ajoutait une pression constante, créant un véritable sentiment de vulnérabilité face à l’inconnu.
Ici, ces éléments sont largement édulcorés ou absents, ce qui retire une bonne part du suspense. Il y a l'absence de cette sensation d’impuissance si cruciale dans les jeux d'horreur, transformant A Machine for Pigs en une simple aventure narrative sombre plus qu'en une expérience horrifique.
On se retrouve dans un petit train fantôme scripté... Si ça te fait peur, rebrousse chemin et lorsque tu reviendras tous ira bien, tu vas pouvoir avancer sans soucis.
Dommage car artistiquement ça valait le coup...
D'un point de vue visuel, certains décors gothiques et victoriens confèrent une atmosphère glauque et malsaine, ce qui manquait au premier jeu! La bande sonore, contribue elle aussi à l’ambiance, mais même cela paraît insuffisant face à l’absence de réels moments de tension ou d’interactions marquantes.
Loin d'être à la hauteur des attentes, Amnesia: A Machine for Pigs paraît plus contemplatif que terrifiant, une sorte d'expérience narrative qui tente de proposer des réflexions sur des thèmes comme la monstruosité humaine, ne parvient pas à impliquer émotionnellement comme le premier opus. Pour ceux qui cherchaient à renouer avec le frisson que procurait The Dark Descent, cette suite est perçue comme une tentative échouée, plus passive que réellement immersive.
Et pour les derniers défenseurs du titre... Lorsqu'on a le choix de télécharger des mods bien plus intéressant sur le premier jeu, c'est qu'il y a un problème.