Prisonnier du héros

Il y a eu ce moment où je me suis beaucoup intéressé aux jeux typés horreur/angoisse, notamment après mon immense déception en jouant à Resident Evil 5. Fatalement, je suis tombé sur Amnesia, porté aux nues par beaucoup, et j'ai illico téléchargé la démo pour voir de quoi il en retournait.

Amnesia raconte donc l'histoire d'un homme perdu dans un château lugubre, amnésique de surcroît, et qui retrouve des notes laissées par lui-même l'enjoignant de trouver et tuer un autre homme. L'atmosphère revendiquée par les développeurs est résolument empruntée à l'œuvre de Lovecraft, écrivain reconnu de l'étrangeté horrifique, et il faut reconnaître que c'est plutôt bien fait, glauque et assez oppressant, avec une identité visuelle forte. Mais le problème, car il y en a un, est ailleurs : dans le gameplay.

Dans un souci d'immersion, les développeurs ont opté pour une vue subjective, de sorte que l'on voit à travers les yeux du héros. À mon sens, ça a été une terrible erreur : les déplacements de notre personnage sont lents et poussifs, comme pour nous rappeler qu'apeuré comme il l'est, il est OBLIGÉ de marcher prudemment. À cela s'ajoute le souffle haletant du héros dans les situations censées être dangereuses ou angoissantes, et des passages in-game dans lesquelles il se recroqueville dans un coin à cause d'un bruit de courant d'air menaçant, sans que le joueur ne contrôle rien. Et c'est là qu'on se dit qu'il faut choisir.

Ou bien on contrôle un personnage en vue extérieure et on le voit avoir des crises de panique, on lit la peur sur son visage, et on l'aide à s'en sortir.

Ou bien on contrôle un personnage en vue intérieure, mais alors ça devient nous, c'est à nous d'avoir peur et de réagir en conséquence.

Dans cet Amnesia, j'ai l'impression d'être dans la tête d'un inconnu et de le forcer à aller d'un point à un autre avant d'en perdre le contrôle lors de situations possiblement angoissantes, mais qui ne m'angoissent pas forcément. Résultat, j'ai plus envie de pester contre cet individu qui ne m'obéit pas plutôt que de me laisser prendre par l'atmosphère pourtant sympathique que dégage le titre.

En conséquence, mon expérience s'est arrêtée à cette démo. Les petites énigmes à bases de déplacements/utilisations d'objets du décors (pas forcément très réalistes ou agréables par ailleurs) et l'ambiance n'ont pas réussi à me faire oublier l'emprisonnement dans la tête d'un homme pour lequel je n'ai aucune empathie. La vue subjective est censée renforcer l'impression d'être libre, pas diminuer notre liberté.

J'ai bien conscience de n'avoir testé qu'une démo, que sans doute la progression, l'atmosphère et le scénario sont très bons, mais ce point concernant la jouabilité m'a rebuté au point que je ne comprends ABSOLUMENT PAS l'engouement suscité par ce jeu. Un seul conseil donc : testez la démo, et voyez si vous vous pouvez passer outre.