Critique écrite dans le cadre de mon article « ET TOI, À QUOI T’AS JOUÉ ? #2020 » sur mon blog Journalist Scum .


Ladies and gentlemen, nous nous apprêtons à atterrir sur Chocolat’Île, veuillez attacher votre ceinture et veuillez que vous n’avez pas oublié votre crème solaire. La température est de 28 degrés, le cours du Navet est à 203 clochettes et les fruits sont de belles pêches bien juteuses. Au nom de Dodo Airlines je vous souhaite une agréable virée ludique.


Sous la menace d’émeutes à chaque Nintendo Direct où il ne pointait pas le bout de son nez et après une campagne de com’ de la part du Tanuki vénale Tom Nook, Nintendo s’est enfin décidé à sortir son vaccin contre la morosité ambiante et notre billet d’avion première classe pour un des ces jeux de l’année : Animal Crossing New Horizons.


Après un ultime report qui avait fait plonger l’action de Nintendo, sa sortie le 20 mars en duo avec sa waifu DoomGuy était déjà une curieuse coïncidence en soi. Qui aurait pu prévoir sa synchronicité avec un reconfinement du monde entier… Des milliers de fans et de néophytes de cette traversée d’animaux, se retrouvent confinés chez eux prêt à s’envoler virtuellement pour s’évader dans un cocon d’île déserte. Complot japonais ou alignement des astres, ACNH a tout de même provoqué une énième rupture de Nintendo Switch. Pendant quelques semaines, on s’est tous levé au rythme du calendrier insulaire et ce fut bon.


Depuis ses débuts en 2001, la simulation de vie de Nintendo avec sa myriade de voisins anthropomorphes plus mignons les uns que les autres (ou presque) fascine tant elle semble un antidépresseur permanent et sans danger si ce n’est le compteur des heures jouées qui s’affole.


Si New Horizons reprend une formule déjà bien établie, ce cinquième épisode canonique apporte tout de même de la nouveauté sous le soleil tropical. Fini le tumulte des villages et villes, Tom Nook a décidé d’installer sa nouvelle communauté, dont vous faites partie, sur une île déserte.


Tente par tente, votre communauté de gentils voisins venus aux aussi refaire leur vie s’agrandit. Les nouvelles amitiés avec Justine le Flamant rose, Koala le Koala ou Graham le Hamster, s’agrémentent de l’arrivée de nouveaux bâtiments comme le Musée ou la boutique de vêtements pour toujours plus de personnalisation et d’heures passées à écumer son île.


Les activités classiques de tout bon Animal Crossing sont bien sûr de la partie. Pêche, capture d’insectes, fossiles se retrouvent néanmoins accompagnés d’un nouveau système de craft inspiré des dernières tendances dans le jeu vidéo.


Ne nous le cachons pas, le but dans un Animal Crossing, c’est quand même de se la péter avec son intérieur meublé que ce soit avec le goût d’un influenceur ou sur une thématique précise. Encore une fois, New Horizons fournit un bon catalogue et même la possibilité de faire du DIY avec l’outil de personnalisation. Et lorsque l’on trouve notre intérieur trop petit pour ce nouveau squelette de Tyrannosaure et cet ensemble Zen en bambou, Tom Nook n’est jamais trop loin pour augmenter notre prêt.


New Horizons marque aussi le retour de persos iconiques que ce soit Marie tout juste revenue de sa carrière de MMA dans Smash, Rounard le faussaire ou Porcelette, la vendeuse de Navet responsable des pires krachs boursiers de clochettes depuis des années.


Une progression différente des anciens opus où quasiment tout était servie sur un plateau, mais qui contribue à donner au joueur ce sentiment de faire petit à petit, une île à son image. Une sensation encore plus accentuée avec le terraforming que l’on débloque plus tardivement dans le jeu. Avec des îles sur mesure, on s’amuse vite à modeler son monde, à prévoir un lac sur les hauteurs juste à côté du musée, à modeler une reproduction de centre-ville japonais… Puis on fait un tour sur reddit et notre jalousie est décuplée face à des merveilles créées par d’autres joueurs. Même si, dans le fond, on l’aime notre petit bout de paradis.


Oui c’est aussi ça la beauté d’Animal Crossing, se comparer sans cesse à chaque joueur et ami qui sont aussi addicts que nous. On fait chauffer le bouton de screenshot de la Switch comme jamais auparavant pour montrer sans cesse les progrès de notre déco à nos copains de crack (aussi appelés amis). Lors du confinement, ce sont donc des myriades d’images, de vidéos et de memes qui ont ainsi déferlé sur reddit, les forums, et mêmes réseaux sociaux au grand dam de ceux n’ayant pas perdu leur âme dans ce jeu.


Et lorsqu’un simple screenshot ne suffit pas, on se visite chacun notre tour. Le côté multijoueur d’Animal Crossing s’étoffe par rapport à son prédécesseur. Tant pis pour l’empreinte carbone, les vols à coup de Dodo Airlines s’enchaînent, et les Miles accumulés deviennent une denrée rare. Pour débloquer certains villageois et accumuler toujours plus de meubles et de matériaux, il faut voyager, et ne pas hésiter à littéralement exploiter la moindre parcelle de ces îles désertes où on ne remettra plus jamais les pieds ou craquer son PEL de clochettes chez la boutique Nook du voisin. Mais que ne ferait-on pas pour débloquer Raymond le chat ou crafter cette magnifique planche à découper ?


On l’a dit, New Horizons fut une planche de salut pour de nombreuses personnes alors isolées et confinées. Il sera très intéressant à l’avenir de voir à quel point le jeu fut plus qu’un jeu durant ces quelques mois. Allant jusqu’à être le lieu virtuel de remises de diplômes, des mariages et autres retrouvailles rendus impossibles dans la réalité. Certains trouveront sûrement cela puéril, mais c’est un fait. Animal Crossing New Horizons a sûrement sauvé des vies. Et c’est aussi pour cela qu’il mérite sa place dans les jeux de l’année.


En changeant tout juste la recette sans la dénaturer, Nintendo réussit là où on l’attendait : nous fournir la pépite qui justifie à elle seule les heures/journées/semaines passées à modeler notre utopie insulaire. La beauté d’Animal Crossing c’est aussi d’avoir la certitude de retomber en amour à chaque retour dans ce petit havre de paix, même après des mois d’absence. Même si on n’est pas là, la vie continue, les saisons s’enchaînent avec leurs évènements et ton voisin aura toujours un cadeau pour toi.

MartinNolibé
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 10 janv. 2021

Critique lue 194 fois

Nolib _

Écrit par

Critique lue 194 fois

D'autres avis sur Animal Crossing: New Horizons

Animal Crossing: New Horizons
Albiche
9

Belle île en Mer, Marie galante

Dans cette critique, je considère comme acquises les bases de la saga, et je ne reviendrai que brièvement sur les fondamentaux de la série, pour m’attaquer prioritairement aux nouveautés. Je ne...

le 9 avr. 2020

24 j'aime

4

Animal Crossing: New Horizons
rulyo
8

Le nouveau jeu From Software

Enfin. Les fans l'ont tant attendu, et le voici : le nouveau bébé de From Software. Toujours pas de Dark Souls 4, ni même de Bloodborne 2, non. Le studio prodige nous prend par surprise avec une...

le 15 avr. 2020

19 j'aime

2

Animal Crossing: New Horizons
Linkfer
5

Un jeu familial ? Vraiment ?

Je ne reviendrais pas ici sur les qualités du titre de Nintendo. Elles ont été maintes fois reconnues et cette mouture d'Animal Crossing en est surement la version Ultime. Pour qui joue tout...

le 24 mars 2020

18 j'aime

9

Du même critique

Manhattan
MartinNolibé
5

A story of boy meets girl....and it's boring

Près de 38 ans après sa sortie, Manhattan reste encore aujourd’hui considéré comme le meilleur film du très prolifique Woody Allen. La pierre angulaire de son art et de sa vision du couple qu’il...

le 27 janv. 2018

2 j'aime

Risk of Rain 2
MartinNolibé
9

Risque de moussons de sel dans votre région

Critique écrite dans le cadre de mon article « ET TOI, À QUOI T’AS JOUÉ ? #2020 » sur mon blog Journalist Scum . Après un premier épisode réussi, les petits gars de chez Hopoo Games...

le 10 janv. 2021

1 j'aime

Sekiro: Shadows Die Twice
MartinNolibé
9

Lame et des ombres.

*Critique écrite dans le cadre de mon article "ET TOI, À QUOI T’AS JOUÉ ? #2019" * Dans un pur élitisme de bobo gauchiste bien-pensant, j’ai tendance à ne pas mettre en avant les productions...

le 19 févr. 2020

1 j'aime