Jour 1.
Je m’ennuyais devant un chapitre intitulé « Hémi-négligence corporelle et extra-corporelle » alors je me suis lancé dans quelques expériences scientifico-informatiques pour passer le temps et éviter de me cacher au fin fond de ma couette. L’ennui et la curiosité ne faisant pas bon ménage, après une explosion bleue, je me suis retrouvé dans une piscine et je suis mort. Je ne savais pas que je pouvais nager vers la surface, des tentacules m’ont attrapé vers les profondeurs inconnues. Cette fois-ci, je nage, je nage et je sors de la piscine sain et sauf. Je me dégourdis un peu les jambes et vérifie mes capacités physiques : je suis seulement en mesure de marcher, de sauter et de courir.
Et merde, une tentacule est sortie de la piscine et m’a tué, il ne faut donc pas que je reste à pavaner ici.
Je nage, je sors, je marche loin de la piscine, je saute par dessus un ver de terre, je marche, je saute par dessus un autre ver de terre mais je ne sais pour quelles étranges raisons, mon saut rate, le ver s’avère denté, il m’égratigne légèrement, je m’effondre et meurt.
Bordel.
Je nage, je sors, je vais voir de l’autre côté, que dalle, et je retourne vers les vers, je réessaie de sauter, je meurs. Je meurs je meurs je meurs aaah. Une voix m’apprend qu’en fait, je peux aussi donner des coups de pieds ! Bonne nouvelle ! Je les écrase ces petits vers noirs maudits, vlan ! Parfois, je m’approche un poil trop près d’eux dans une folie incompréhensible et ils me tuent. Souvent. Très souvent. Trop souvent.
Finalement, après un peu (beaucoup) d’entraînement, ils n’ont plus aucune chance contre mon pied de dieu. Je me retrouve alors nez à museau avec une grosse bestiole poilue, elle me suivait en effet depuis le début. Je reste abasourdi, espérant idylliquement qu’un coup de pied allait pouvoir au moins l’assommer.
Non, elle me dévore.
Bordel.
Bordel de vers de terre, je sais parfaitement comment vous tuer mais je meurs quand même face à vous dans ma précipitation vaine vers une autre mort certaine. La voix m’explique encore que la meilleure solution est la fuite. Bien. Je me retrouve face à la bestiole, je m’enfuis, je cours comme je le peux, j’arrive au bord du vide, je saute et ! non, je n’ai pas sauté. Je ne sais pas pourquoi. J’ai tout fait pour sauter, ça n’a pas fonctionné. La bestiole m’a bouffé.
Bordel.
Après moultes et moultes morts quelconques, souvent très énervantes, je réussis enfin ce miraculeux saut, m’accroche à cette miraculeuse liane et je m’enfuis encore ! Ça y est ! Oui ! La bestiole se fait dézinguée par un bonhomme encapuchonné, je suis sauvé !
Mon sauveur inespéré me tire dessus.
Jour 2.
Je me réveille dans une cage suspendue au dessus du vide, accompagné de… quelque chose. Un ours blanc sans poil ? Un homme à tête de poisson ? Je hausse les épaules et commence à me balancer de gauche à droite, de droite à gauche. La cage n’est pas très solide mais j’ai un peu peur du garde qui s’énerve et qui commence à tirer des coups de feu en l’air. Tant pis, je continue mon balancement incessant et paf ! la cage lui tombe sur le museau, je suis libre, mon compagnon de chambre tente une communication, je le suis. On se fait tirer dessus, on meurt.
Bordel.
Et hop, ça recommence, balancement, balancement, cage tombée. Cette fois ci je remarque le pistolet au pied du feu garde et m’en équipe. Piou piou, crève sale méchant ! Mon ami (il l’est devenu en peu de temps mais cette solitude créé des liens) hacke le système pour ouvrir la porte, je le protège tant bien que mal. Plus mal que bien d’ailleurs, parce que tire sur le méchant et ça ne l’électrocute pas, je ne vois pas son squelette, je vois le mien.
Bordel.
BORDEL.
La voix m’annonce que mon pistolet a plusieurs fonctions, que je peux créer des boucliers avec ! Avec cette nouvelle information, je vais tous les dégommer et on va pouvoir partir de là sans mourir.
Haha.
Haha.
Je meurs parce qu’après avoir créer mes boucliers, je m’avance de trop près.
Je meurs parce que je rentre dans une pièce, un méchant me tire directement dessus.
Je recommence, je meurs, je meurs.
La voix m’explique comment tuer le méchant solitaire dans sa salle, hé bah putain, je ne sais pas ce que je ferai sans elle. Je tente donc d’utiliser donc mon compagnon de route comme bouclier, forcément nous ne marchons pas à la même vitesse et comme tout est parfaitement réglé au poil le plus fin de l’univers près et comme je suis juste humain, je meurs. Encore et encore.
Je ne sais par quel miracle j’y suis arrivé. J’ai réussi ! Je suis tellement heureux que je laisse appuyer la gâchette de mon pistolet très longtemps et… un gros laser en sort. Formidable ! Je prends l’ascenseur, une porte bloque le passage, je tire dessus mais mon pistolet semble ne plus avoir d’énergie.
Bordel, j’aurais du garder le gros laser pour la porte.
Bordel faut que je recommence tout.
BORDEL DE MERDE SERIEUSEMENT.
J’ai fait du yoga dans un autre monde, je me calme, je délaisse l’amertume car l’univers est joli et que je veux voir la suite. Je veux découvrir mon destin, par moi-même.
Après quelques nouvelles morts, je me retrouve dans un conduit d’aération. Je m’y déplace en roulant sur moi-même, ce n’est pas très confortable. Le chemin est bien évidemment labyrinthique, je tombe de haut, le conduit est recouvert de mon sang, je recommence. Je prends un autre chemin, je vois de la fumée, je roule à travers elle, non ! cela doit être une fuite de gaz ou que sais-je, en tout cas, c’est léthal.
BORDEL
Il ne faut pas que je sois trop brusque, je n’ai qu’un temps très très très très très très précis pour passer à travers la fuite de gaz. C’est fait ! je continue mes roulades tranquillement, rien en vue, paf, je meurs. Une fuite de gaz au rythme d’effusion très particulier vient de me tuer.
BORDEL.
Ça m’énerve ces conduits de merde BORDEL ça ne sert à rien d’aller vite je crève dès la première fuite de gaz BORDEL allez, pense à tes cours de yoga. La deuxième fuite de gaz ne m’aura plus de si tôt, mes réflexes ne sont peut-être pas bons mais ma mémoire l’est. Je tombe et me retrouve coincé entre deux fuites de gaz qui s’allument alternativement et je meurs. BORDEL j’aurais du trouver la salle de commande et couper le gaz avant de partir dans ces conduits BORDEL dans un autre univers c’est ce qu’ils font ou alors la portée du gaz est plus faible BORDEL de fuite de gaz de merde.
Bon, je décide de rouler-bouler d’un côté, il faut bien que je choisisse. Forcément je prends le côté où la chute est mortelle.
BORDEL AHAHAAAAAA JE VEUX SORTIR DE CE CONDUIT.
Après de nombreuses, très très nombreuses asphixies, je sors de cet labyrinthe des enfers. Je recharge allégrement mon pistolet et je me dis qu’une coupe de cheveux électrique m’irait plutôt pas mal. Je casse les murs avec mon gros laser, je me retrouve à l’air libre et un garde me tue.
…
Je recharge mon pistolet, je casse les murs, je tue le garde, je saute, je tombe sur des piques, je suis éventré à mort.
…
Je recharge mon pistolet, putain ça prend du temps ces conneries, je casse les TROIS murs (pourquoi autant ?!), je tue le garde (parfois il me tue aussi), je prépare mon saut mais je glisse, je tombe sur des piques, je suis éventré à mort.
Grumph.
J’avale bruyamment ma salive, je prends des précautions, je saute tel un athlète par dessus ces piques abhorrés, je casse le mur.
Me voilà dans une caverne.
Dans cette jolie caverne, il y a : des trous avec des piques, des pierres qui tombent de manière très aléatoire, des lianes empoissonnées, des trous avec des dents.
Dans cette jolie caverne, je suis mort de trop nombreuses fois pour essayer de m’en souvenir. J’ai crié, j’ai pleuré, j’ai couru dans tous les sens, j’ai pris mon courage à deux mains pour mourir de plus belle, j’ai utilisé tous les gros mots du monde. Rien n’a marché. Le prof de yoga ne m’avait pas préparé à ça.
J’ai préféré retourner dans l’autre monde pour lire le chapitre « Hémi-négligence corporelle et extra-corporelle » plutôt que de perdre mes mains à force de les taper de folie contre les murs de cette grotte immonde.
Peut-être continuerais-je ma destinée un autre jour, ma décision n'est pas encore prise.
Cordialement,
Lester.