"Arcanum : Engrenages et Sortilèges" est un ambitieux jeu de rôles à l'ambiance particulière et d'une profondeur peu commune sorti en 2001 par Troika Games.
Vous y faites évoluer un héros en devenir dans un monde en pleine révolution industrielle et dont les croyances en la magie ancestrale peinent à y survivre, thème qui sera constamment au coeur du soft : MAGIE vs. TECHNOLOGIE.
Votre rôle ? Courir après le fantôme d'un Dieu païen dont vous seriez la réincarnation selon une prophétie millénaire...
Cette aventure non-linéaire vous entraînera bien malgré vous dans nombre d'endroits improbables, afin d'appréhender davantage ce milieu si unique. Au travers de la quête principale et de plus d'une centaine de quêtes annexes, vous visiterez de nombreuses villes aux cultures toutes très différentes ainsi que 76 lieux à découvrir au hasard de vos pérégrinations sur la carte.
Le système de jeu est à l'image du scénario et des quêtes, c'est-à-dire ouvert. Les compétences, les aptitudes, l'orientation techno/mago que l'on donne à son personnage : tout cela offre une customisation extrême de son avatar, ce qui a un réel impact sur la façon de le jouer et les possibilités qui s'offrent aux joueurs (comme tordre le cou aux quelques poncifs de l'univers fantasy, avec un nain lanceur de sorts ou un elfe féru d'armes à feu).
Que vous choisissiez d'incarner un mage maîtrisant les quelques 80 sorts issus des 16 écoles de magie différentes, ou un technologiste touchant aux 56 inventions tirées des 8 disciplines proposées, vous aurez toujours quelque chose à apprendre ou à créer !
Ajoutez à cela le choix du sexe, de la race (présentes au nombre de neuf) et de l'ingénieuse notion d'antécédent - sorte d'historique qui joue sur vos statistiques de départ et vos interactions futures avec le monde et les PNJ : "élevé par des loups", "pyromane", "enfant de héros", "lunatique en liberté", "agoraphobe", etc...
Sans parler de votre alignement (bon ou mauvais) influencé par vos actions qui déterminera les compagnons que vous pourrez recruter parmi les 25 disponibles - si toutefois vous parvenez à les trouver - et vous comprendrez que vous ne jouerez probablement jamais deux fois une même partie !
Malgré son âge déjà respectable et une interface graphique désormais un peu désuète, l'immersion reste toujours aussi forte de par sa réalisation esthétique, sa bande originale mélancolique à souhait (à déconseiller aux dépressifs cependant) et surtout son univers steampunk original...
Univers dans lequel le joueur n'est pas figé dans une trame scénaristique pré-mâchée, où l'on a le droit d'être inventif et peut résoudre parfois les problèmes de quatre ou cinq façons différentes - la violence n'offrant que rarement les meilleures récompenses.
Maintenant que vous devez être bien appâtés après avoir lu jusqu'ici, voici enfin la "cerise sur le gâteau" afin d'achever de vous convaincre sur le potentiel inouï de ce jeu : le combat final contre le Big Boss peut être évité au moyen d'une conversation avec ce dernier, aux répliques mûrement réfléchies - pour peu que vous soyez alors passé maître dans l'art de la persuasion.
Non non ce n'est pas une blague, vous pouvez VRAIMENT amener le grand méchant du jeu à reconsidérer ses actes, au point de lui faire perdre toute volonté de se battre et ce juste avant la fin ! Une première en la matière si je ne m'abuse, qui m'avait fait un effet boeuf à l'époque où je l'ai découvert...
Pour finir, je recommande à tous ceux appréciant les CRPG complexes et profonds de tenter cette aventure car que l'on aime ce jeu ou pas... l'expérience ne laisse en tous les cas jamais indifférent :)
(Malgré sa disponibilité uniquement en anglais sur Steam, j'ai patché le jeu en FR en 5 minutes day one, comme quoi avec un minimum d'efforts Valve pourrait nous proposer une bibliothèque de jeux bien plus fournie pour nous autres francophones...)