Depuis Arcanum, tout me semble fade... A part Fallout 1&2 bien entendu.
Attention, j'évite le plus souvent de tomber dans l'idolâtrie sans l'once d'un début d'embryon d'objectivité quand je critique, mais pour Arcanum, je risque bel et bien de tomber dans ce travers. J'aurai en effet bien du mal à dire du mal de ce jeu, pourtant loin d'être exempt de défauts.
Pour la petite histoire, Arcanum fut développé par des anciens de l'équipe qui avait pondu des petits jeux sans prétention nommés Fallout 1 & 2. Inutile par conséquent de préciser qu'Arcanum me faisait de l'œil à l'époque, moi qui avait toujours eu une certaine retenue concernant BG1&2, de par le manichéisme intrinsèque de leur univers, malgré leur qualité certaine.
Arcanum a comblé tous mes désirs, m'a offert une de mes plus belles expériences vidéoludiques, avec en premier lieu un univers d'une richesse incroyable, fascinant, qui offre un vrai dépaysement par rapport aux canons du genre Donjons & Dragons.
Le postulat est en effet fort simple mais ô combien réjouissant : la technologie débarque dans un monde très proche de Donjons & Dragons peuplés d'elfes, d'humains, de nains, de gnomes et d'orques. Magie et engrenages s'affrontent, tradition et modernité se tirent dans les pattes, avec leurs factions, leurs porte-étendards... Mais parfois, des alliances improbables entre ces deux "conceptions" du monde se créent, pour le meilleur et pour le pire.
Commençons par les défauts :
- Les graphismes. C'est moche. N'y allons pas par quatre chemins. Même pour l'époque, la comparaison avec BG2 voir BG1 ne tenait pas la distance. Une grosse déception à ce niveau là étant donné la richesse de l'univers. Si le design "XIXème steampunk" est bien retranscrit visuellement, que ce soit dans dans le jeu ou dans la conception des menus, on a souvent l'impression de se balader dans des décors semblables, voire de vulgaires copier coller (notamment les villes) des zones de jeu. Vraiment dommage.
- Les combats : il y a certainement eu un débat dantesque au moment du développement du jeu. Combat au tour par tour à la Fallout ou temps réel + pause à la Baldur's Gate ? La solution est foireuse au possible : les deux systèmes cohabitent. Et on peut faire le switch à tout moment. Résultat : le temps réel ressemble à une pale copie d'un gameplay Diablo lobotomisé, le combat au tour par tour est quant à lui bien plus intéressant mais perd en subtilité pour rester compatible avec le temps réel.
Bon, là, vous vous dites certainement que je vais avoir du mal à justifier ma note avec deux défauts pareils. Graphismes et combats pourris, ça débouche rarement sur un jeu d'exception.
Mais il y a un mais. Plusieurs en fait :
- Une carte "étendue" : les graphismes sont laids certes, mais la carte est en contrepartie immense. Et quand je dis immense, c'est IMMENSE... On a jamais fini d'aller un bout à l'autre de la carte, et de découvrir de nouvelles villes, villages, forêts plus ou moins hantées, manoirs, grottes, avec moult quêtes à la clef. Le choix de la race a par ailleurs son importance pour débloquer certaines zones de la carte. Je vous préviens : rien de plus rageant que de tomber sur l'entrée d'une grotte (dont l'obtention de la localisation a pris plusieurs heures de quêtes) censée contenir monts et merveilles pour découvrir une fois à l'entrée que la fissure est trop petite pour un humain et qu'il faut se retaper toute l'aventure en jouant un nain !!!§§§! ^^
- Qualité des quêtes : La quête principale est déjà haletante. On incarne un personnage complètement perdu dans son aventure qui ne sait pas s'il est la réincarnation d'un dieu, le sauveur malgré lui de la tradition magique, ou encore un destructeur malgré lui du monde, perverti par la technologie. Le tout donne un scénario offrant des débouchés divers et variés qui poussent à relancer fréquemment une partie... Les quêtes secondaires sont également très prenantes. On n'échappe pas à des quêtes de coursier, mais le plus souvent, c'est plus subtil que ça, avec pour pierre angulaire, la lutte entre la magie et la technologie.
- Gameplay original et rejouabilité quasi infinie : Si les combats sont nuls, le gameplay général est beaucoup mieux foutu. Notre personnage développe en effet au fur et à mesure de son aventure une affinité particulière avec la magie ou la technologie. Et bien entendu, tenter d'utiliser un fusil en dernier recours alors qu'on est un puissant mage est une très mauvaise idée, l'arme ayant toutes les chances de nous exploser à la figure. J'ai personnellement un fort penchant pour la partie technologie, tant les possibilités sont nombreuses. Notre personnage développe en effet de nombreuses aptitudes pour construire des gadgets de plus en plus délirants pour l'assister dans sa quête (un chapeau diffusant un champ de force, une araignée mécanique, un fusil mammouth, etc). De plus, le jeu est parsemé de schémas, de plans d'objets technologiques d'exception qui vous feront saliver... Mais pas de chance, vous ne vous êtes pas spécialisés dans la branche technologique nécessaire à sa construction, il faudra lancer une nouvelle partie pour ça... Bref, il est vraiment extrêmement rare de refaire une partie identique à la précédente, et on fait toujours de nouvelles découvertes, même à sa vingtième partie.
- Univers et qualité d'écriture : Marque des grands jeux, la plupart des PNJ ont une histoire à nous raconter, les villes ont un passé tortueux, les institutions ont des choses à cacher, la technologie menace l'équilibre géopolitique d'Arcanum... Dialoguer avec les différents PNJ et écouter leurs griefs, leurs points de vue, est un plaisir en tant que tel dans Arcanum. C'est la raison principale qui me pousse encore à jouer à ce jeu. Les écouter évoquer le passé glorieux de la chevalerie aujourd'hui brisée par l'invention des mousquets, découvrir la montée en puissance des humains grâce à la puissance de la vapeur et la mise à mal de la suprématie elfique...
Au final, Arcanum possède des défauts à mes yeux bien pardonnables, tant la qualité de l'intrigue et la profondeur de l'univers offrent des myriades de trajectoires possibles à notre personnage.
Arcanum, c'est également à mes yeux de vieil aigri, le dernier grand jeu vidéo auquel j'ai pu jouer, avec un ton adulte (le politiquement correct est absent, votre nain pourra notamment s'offrir une partie de jambes en l'air avec une orque, s'il a les moyens de payer...) et un assistanat absent. Pas de boussoles ou de didacticiel fumeux. On est directement plongé dans l'action, après une nécessaire et religieuse lecture du bon vieux manuel.
Et bien entendu, l'humour est omniprésent. Et il fait franchement rire, contrairement à celui de Fallout, qui joue sur nos angoisses de monde au bord de la guerre nucléaire.
Bref, après avoir usé jusqu'à la corde mes bons vieux Fallout, Arcanum est ma solution de repli idéale.
A découvrir absolument.
Vas-y.
Maintenant.