Mèmeception (un Mème dans un Mème dans un Mème) (dans un Mème ?)

Sur le podium des Olympiades Transgenres du Jeu Vidéo d'Arkham Asylum, catégorie jeux à camisoles, Army of Tentacles n'obtient peut-être pas la première place, mais il décroche sans forcer les électrochocs du jury.


Geek jusqu'à la nausée, décalé jusqu'au recalage, hyper-référencé au point que même les références ont des références à leurs références, ce visual novel hybride s'autorise tous les délires, tous les détours, toutes les irrévérences en alignant vanne sur vanne sur vanne, de la bien-lourde-qui-tâche à la hou-ben-il-fallait-la-comprendre-celle-là, au point que la narration tourne vite au mindfuck total et sans capote. Tout ça, en fonçant volontairement droit dans le mur. Le quatrième, s'entend. C'est vous dire si vos connaissances en Anglais seront mises à rude épreuve.


L'humour, l'ambiance, le franc-délire font mouche jusque dans les visuels bricolés à la truelle de boucher. La narration, elle, se montre plus laborieuse. Pour ce qui est de s'amuser, ça, les auteurs savent faire, et plutôt deux fois qu'une (et plutôt deux fois qu'une), mais pour ce qui est de raconter une histoire... dès les premières minutes, le jeu vire au foutoir complet et l'on peine à comprendre ce qu'on fait, pourquoi et comment. Chronologie confuse, mécaniques opaques, évènements aléatoires impossibles à anticiper (pour certains) sans un walkthrough qui n'existe pas, c'est la fête du caleçon en poulpe à Innsmouth Plage.


D'un amateurisme revendiqué, l'OVNI ne se contente pas de ses embranchements à choix multiples pour appâter le chaland, alignant les battles verbales surréalistes, mettant l'accent sur la gestion du temps, des statistiques et de l'équipement sans jamais rien expliquer des règles du jeu, ce qui rend le premier run laborieux, et la déconvenue un peu amère en fin de partie ("ha, c'était donc à ça que ça servait, ça ?").


La blague est drôle, c'est certain. Elle vous occupera bien une heure ou deux ou trois (si vraiment vous tenez à réussir votre invasion). Le jeu, lui, n'est qu'à moitié réussi, malgré ses bonnes intentions évidentes.


Alors de là à le payer 5 euros, par contre, c'est vous qui voyez.

Liehd
6
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le 23 mars 2016

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Liehd

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