Du vide. Voilà ce que je retiens de ce premier Assassin's Creed. Je suis sûr que l'équipe d'Ubisoft Montréal est constituée de gens motivés, talentueux, avec pleins de bonne volonté, mais y'a rien à y faire, je n'ai pas éprouvé grand chose à part un profond ennui.
Le concept avait tout pour plaire : le contexte spatio-temporel est original pour un jeu vidéo, le principe de revivre un ancêtre à travers les souvenirs est bien trouvé, c'est techniquement réussi et surtout le déplacement est très fluide.
Pour un jeu de 2007, Assassin's Creed propose quand même une expérience bac à sable efficace, avec un moteur qui gère l'escalade de manière vraiment souple et crédible. On s'amusera pendant un petit moment à grimper sur tous les bâtiments sans but, juste pour le fun. Il reste encore pas mal de bugs mais on peut pardonner quand on voit ce qui se faisait ailleurs à l'époque (ce n'est pas pour pointer du doigt une certaine anglaise ultra rigide, mais un peu quand même).
Mais le reste, c'est le néant. Autant l'aspect bac à sable est réussi, autant en terme de jeu vidéo pur, il n'y a pas grand chose à sauver. S'il y avait un film qui s'appelait REPETITIF alors Assassin's Creed serait son adaptation en jeu vidéo.
J'aurais aimé voir la gueule du développement de ce jeu. Les game designers ont dû s'asseoir autour d'une table et proposer chacun dans leur coin des idées de gameplay sympas : vol à la tire, écouter une conversation en cachette, monter au dessus d'une tour pour observer le quartier, sauver des civils pour qu'ils nous aident par la suite... Ils ont ensuite décidé de les multiplier à l'exactitude pour que le jeu ne dure pas 30 minutes mais 10 heures. Résultat, jouer à Assassin's Creed devient écœurant tellement on passe notre vie à faire, refaire et re-refaire la même chose en boucle sans aucune évolution. Même les villes finissent par se ressembler, on a juste appliqué un filtre de couleur différent pour avoir une ville bleue, une ville rouge, une ville jaune et une ville verte. Subtile...
L'infiltration n'existe quasiment pas, notre assassin passera la majorité de son temps à fuir ou à combattre.
Les affrontements sont d'ailleurs à l'image du reste du jeu : impressionnants, mais chiants et répétitifs. Tous les combats se déroulent de la même manière, aucun skill, aucun challenge, il faut juste appuyer sur le bouton au bon moment et une animation DeLaMortQuiTue® fera tout à notre place. C'est bien beau d'utiliser de la mocap pour intégrer des animations qui en mettent plein la vue, mais on commence vite à s'emmerder au bout d'une heure.
Il n'y a aucune progression dans la difficulté, les ennemis attaquent tous de la même manière avec la même logique, il y a seulement leur nombre qui augmente au fil du jeu. Mais étant donné que les ennemis n'attaquent qu'à un seul à la fois et les autres attendent sagement leur tour, un combat contre 3 ennemis ou 12 ennemis reviennent au final à la même chose. Y'en a juste un qui sera 4 fois plus long que l'autre.
Même Altair m'exaspérait. Je ne vois vraiment pas pourquoi les gens font tout un bruit autour de ce personnage. Ok, son look de tueur à capuche est sympa et bien trouvé (pas mal de jeux ont d'ailleurs copié par la suite) mais le personnage en lui-même est tellement vide et peu charismatique que je n'arrivais pas à m'en attacher. Aucune réplique sympa, aucun dialogue qui mérite la peine d'être écouté, aucun caractère si ce n'est de l'arrogance déplacé. Typiquement le héros faussement bad-ass mais désespérément plat qui n'est là que pour servir de pion sur l'échiquier. Et qui ne sait même pas nager en plus.
Le scénario n'est pas mauvais mais n'a rien de folichon non plus. C'est terriblement mal raconté et mal mis en scène, le twist est tellement prévisible qu'on se demande si ça en été vraiment un. La fin est complètement bâclée.
Les longues séquences de dialogues sont particulièrement ennuyantes en plus d'être nombreuses, faute à des personnages stéréotypés qui manquent sacrément de consistance et de la philosophie de supermarché prétentieuse et inintéressante. Franchement, une cinématique de 15 secondes de n'importe quel jeu Rockstar enterre tous les dialogues réunis de ce jeu (et pourtant je ne suis même pas un fanboy Rockstar). Ah, et bien sûr, on ne peut pas les passer, vous avez cru quoi.
Ce premier Assassin's Creed représente pour moi un condensé des erreurs à ne pas faire. Une réalisation impressionnante et des effets tape-à-l'œil qui ne sont au final là que pour cacher un bac à sable sans aucune volonté d'aller au-delà d'une démo technique. Un simulateur d'escalade réussi, des jolis concepts arts par barontieri, une BO de qualité par Jesper Kyd, un héros au look sympatoche, tout ça ne deviennent que de la poudre aux yeux si le game design n'est pas assuré derrière. Du beau gâchis en somme.