Le titre de la chronique est évidemment une référence au contenu du jeu, mais je ne m'éterniserait pas dessus, par peur de spoiler. Mais je trouvais que c'était un titre qui avait de l'allure pour une critique.
Je dois l'admettre, je suis un fan de la saga Assassin's Creed depuis que j'ai acheté le premier opus, mais surtout depuis Assassin's Creed II. Le personnage d'Ezio m'avait extrêmement plu à cette époque et malheureusement, avait imposé cet handicap à la série, de mon point de vue, qu'il serait presque impossible de passer après lui. Ajouté à cela cette manière géniale de revisiter ou de faire découvrir des événements historiques qu'on ne connaissait pas forcément en détail, on avait un cocktail assez fantastique. Mise à part, évidemment, la partie dans le présent qui ne m'avait jamais vraiment transporté, la faute à Desmond Miles. Et un scénario de Première Civilisation qui, maintenant encore, me laisse perplexe. Ce qui est en parti problématique vu qu'il est un peu la justification de cette exploration du passé.
Black Flag débarque un an après, comme de coutume, après l'opus précédent, le bien-nommé Assassin's Creed III. Un opus en demi-teinte, qui bénéficiait d'un décor inédit et impressionnant, un sens du spectacle indéniable et une narration finement écrite amenant une réflexion et des nuances bienvenues sur le combat des deux ordres, les Assassins et les Templiers, mais qui pâtissait d'un héros pas vraiment charismatique, échouant à assurer son immense potentiel, et se retrouvant par là dans l'ombre même du personnage de son père, bien mieux écrit et mémorable.
Ce nouvel opus est une suite directe du scénario du présent mais une préquelle du passé. Black Flag suit Edward Kenway, grand-père de Connor, héros du 3, alors qu'il cherche à se faire une place dans le monde de la piraterie et se construire une certaine fortune. Sans vouloir trop spoiler, Edward est, à mon sens, le meilleur personnage de la sage depuis Ezio, de loin, et parvient à faire ce que Connor n'avait pas réussi dans mon cœur : passer haut la main après l'italien. Charismatique, bien écrit, Edward, dans sa quête de fortune impitoyable, va ouvrir les yeux sur le monde et va trouver un chemin vers la sagesse... et il est difficile de ne pas spoiler davantage en disant que c'est la première fois que l'histoire est vue des yeux de quelqu'un qui n'est, pour une partie de l'histoire, ni Assassin, ni Templier, ce qui est à mon sens un nouveau vent de fraîcheur sur la saga et permet un regard extérieur sur le conflit et les deux ordres, le tout vu par un personnage qui n'a pas les valeurs d'un Ezio, et qui est dans le fond un connard arrogant qui a encore tout à apprendre, mais pour ça, il pourra compter sur son entourage haut en couleur, une sacrée galerie de personnage qu'on n'avait pas encore vu dans la saga.
Certains traits des pirates relèvent évidemment du stéréotype, mais toute cette bande se révèle fort sympathique et porte une histoire qui, une fois encore, c'était déjà le cas depuis le 3, ressemble un peu à un succession d’événements historiques (ce traitement de l'histoire était plus subtil dans le 2). Comme si les scénaristes se sont sentis obligés de mettre tel événement parce qu'il avait eu lieu mais pas parce qu'il pourrait avoir un vrai enjeu scénaristique. Mais attention, le scénario reste néanmoins très efficace et bien narré, je le répète, en grande partie grâce au personnage d'Edward et de sa clique de pirate.
Niveau gameplay, j'ai lu ici et là des gens qui avaient peur que la saga s'enlise dans une routine et resserve la même sauce d'un opus à l'autre. Cette réserve était vraie pour la trilogie d'Ezio, mais n'était déjà plus d'actualité à mon sens depuis le 3. Ce même 3 qui semble être une sorte de bêta à Black Flag : les moteurs du 3 se retrouvent, agrémentés de quelques nouveautés (l'utilisation des revolver et des fléchettes), et mise énormément sur l'infiltration. à ce titre, si l'I.A n'est pas franchement plus intelligente qu'auparavant, j'ai trouvé les gardes nettement plus vigilants qu'avant, et plus casse-couilles aussi. Ceci dit, ils attaqueront toujours un par un (sauf rare cas où un second peut tenter une attaque pendant qu'on tranche un de ses potes), mais sont quand même assez pénibles à éviter. Mais la grosse amélioration de gameplay vient de l'exploitation de l'univers maritime et du navire d'Edward, le Jackdaw, qui offre une simulation spectaculaire de la piraterie et du conflit naval, le tout dans une liberté grisante au milieu d'une map énorme chargée de secret, d'exploration sous-marines aux requins trop vigilants et aux oursins tueurs, et aux gros poissons à harponner. Harponnage qui est d'ailleurs bien sympathique.
Question graphismes, c'est assez proche du trois, avec peut être des textures visages plus prononcées, mais difficile de ne pas s'extasier devant quelque chose d'aussi simple que l'eau et les remous de la mer. Beau, Black Flag l'est, sans être non plus parfait : quelques bugs ici ou là, des visages de PNJ qui se ressemblent peut être un peu trop lorsqu'on sort des personnages principaux, des animaux terrestres un peu archaïques (on voit que les développeurs ont plus misé sur la faune aquatique), etc.
Néanmoins, Black Flag est le plus gros panard depuis Assassin's Creed II (et sa suite Brotherhood, qui reste, à mes yeux, indissociable de son aîné), une ôde à la liberté vidéoludique, qui réveille un peu une saga qui était au bord de la dérive : personnages haut en couleur, univers bien construit et saisissant, on prend son pied (marin) dès le début, et on est laissé avec un sentiment de joie et de tristesse mélancolique à la fin.
Black Flag, meilleur Assassin's Creed depuis l'histoire d'Ezio ? Assurément.
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