Malgré l'aspect mercantile de la licence Assassin's Creed, il y a quand même un point sur lequel ils ont toujours réussi à innover et à nous surprendre, c'est pour les choix des contextes historiques singuliers dans le monde de jeux vidéo. Après Jérusalem pendant la croisade, l'Italie pendant la Renaissance, l'Amérique en pleine guerre d'indépendance, cette fois on nous emmène sous le soleil chaud des Caraïbes pour incarner un pirate.
Autant commencer par dire que ce choix est judicieux, en fait les meilleurs passages dans le jeu sont ceux où on est à bord du Jackdaw pour faire des trucs de pirates : naviguer librement les mers de Caraïbes pour explorer de nouvelles terres, îles, grottes et même les fonds marins, prendre d'assaut les navires et les forts pour voler les marchandises, partir embaucher dans des tavernes, utiliser des cartes pour découvrir des trésors cachés... On peut même posséder sa flotte et les envoyer aux quatre coins de l'Atlantique pour faire du commerce maritime.
A cela se rajoute une direction artistique sympathique qui retranscrit parfaitement l'ambiance de la piraterie, avec les mêmes soucis de détails impressionnants pour le design des personnages et des décors. Ça permet de compenser les faiblesses techniques qui se font de plus en plus ressentir à côté des Battlefield, Killzone et autres jeux sortis à la même période.
Donc la partie "Black Flag" est vraiment réussie et innovante, et nous réserve quelques affrontements mémorables. Mais voilà, dans "Assassin's Creed IV : Black Flag" il y a aussi le nom "Assassin's Creed" et c'est là où ça commence à poser soucis.
Autant l'aspect piraterie est plein d'énergie et nous hurle dessus sa volonté de vouloir faire quelque chose de nouveau, autant son voisin en capuche à côté veut absolument respecter le cahier de charge de la licence et se trimbale chaque année les mêmes défauts que depuis 2007. Même le héros se retrouve du coup dans l'habit traditionnel d'un assassin alors qu'il a l'air de crever de chaud sous le soleil des Caraïbes.
On retrouve du coup nos amis habituels :
- Des combats aussi impressionnants visuellement que peu intéressant ludiquement.
- De l'infiltration contre des ennemis stupides voire aveugles, créant des tas de situations illogiques (on peut quand même s'accrocher derrière une barrière en bois faite de 2 bâtons et une planche et l'ennemi ne nous voit plus...).
- Des sempiternelles grimpettes au dessus des tours qui se terminent avec un saut.
- Du collectible en veux-tu en voilà absolument partout dans le décor histoire de gonfler artificiellement la durée de vie : des cartes, coffres, lettres, chants de pirate, ruines maya, bateaux échoués, forts, "morceaux d'Animus"...
- Le délire SF habituel avec l'Animus qui n'apporte rien de bien passionnant à l'histoire (même si le principe d'Ubisoft Montréal qui se met en scène dans son propre jeu à travers Abstergo est rigolo... 2 minutes).
Le pire ce sont quand même les très nombreuses missions de filatures ou encore pire celles où on doit suivre un PNJ allié d'un point A au point B en écoutant des dialogues. Passionnant. Il faudrait quand même que les level designers comprennent que "suivre un PNJ" n'est pas une activité intéressante dans un jeu vidéo, car ce jeu en est rempli. Si encore les dialogues étaient intéressants à suivre, mais la qualité d'écriture est affligeante au point où ça devient difficile de rester concentré 10 secondes. Dans un jeu Rockstar par exemple, malgré un aspect un peu racoleur, les dialogues ont la capacité de captiver l'attention du joueur en 5 secondes. Ici, ce n'est clairement pas le cas.
J'ai hésité du coup avec un 7 parce que je me suis amusé avec les phases de pirates, mais globalement plus j'avance dans l'histoire, plus je me force pour vivre des suites de missions un peu artificielles. C'est vraiment dommage car la piraterie a clairement du charme dans le jeu, les séquences en bateau sont vraiment plaisantes, mais avec tout le reste difficile de ne pas ressentir cette impression de "Yet another Assassin's Creed".