C'est fait, il aura fallu attendre quelques expériences catastrophiques pour que Ubisoft accorde enfin une pause à sa licence vedette tout en rompant son infernal cycle de vente annuelle. Grâce à cette décision, les équipes gagnent une année supplémentaire pour au total une durée de quatre ans de développement, ce qui permet de sortir dans de bonnes conditions le très attendu Assassin's Creed Origins. En tant que huitième épisode de la franchise, il a la lourde responsabilité de reconquérir le cœur blessé des fans, mais aussi de contée les premiers pas de notre bien-aimée confrérie d'assassins. Pour ce faire, direction une époque maintes-fois réclamée : l'Ancienne Égypte.
Pour commencer, vous incarnez Bayek le medjaÿ (une sorte de protecteur du peuple tout entier). Son objectif est de traquer et tuer les membres essentiels d'un Ordre mystérieux qui dirige secrètement les puissances de l’Égypte. Le contexte est intrigant, et pourtant l'histoire démarrait affreusement mal. En effet, le début de l'aventure est très bordélique, on parle ici d'un enchaînement de scènes sans une introduction préliminaire et suffisamment confuses pour se dire sur le moment que l'épisode si attendu foire déjà. Il faudra patienter quelques heures avant de saisir plus distinctement les enjeux d'un scénario qui, il faut le dire, n'est pas d'une grande originalité. Quoi qu'il en soit, le principal soucis demeure celui de ne pas convenablement conter les origines de la Confrérie. Le titre du jeu est explicite, et pourtant, il faut avouer que les fondements de ce qui sera un jour les Assassins tels que nous les connaissons sont contés de manière à la fois pauvre et bâclé. Sans en dire plus, on sent bien qu'il faudra plus d'un épisode (ou un gros DLC) pour aboutir à une vraie histoire sur les origines.
Côté gameplay, il faut tout d'abord parler de ce nouveau système de combat. Le concept se base sur un lock de l'adversaire où il faudra esquiver et attaquer avec justesse pour espérer l'emporter. Ce changement devait normalement corriger les problèmes bien connus de l'IA des Assassin's Creed, et il est vrai que les ennemis attaquent enfin simultanément en pensant même à ruser contre le joueur, malheureusement celle-ci demeure toujours autant myope et sourde. Les combats sont alors certes plus difficiles et apportent du chalenge, mais ils empiètent négativement sur la partie infiltration. Ne pensez pas pouvoir tuer un garde d'une flèche dans la tête (casque ou pas) s'il a un niveau trop haut par rapport au votre, même chose pour la lame secrète qui perd de son intérêt puisqu'on ne pourra pas tuer discrètement une cible (armure ou pas) s'il y a là aussi un trop gros écart de niveaux. C'est réellement une régression, on perd ce principe d'incarner un assassin silencieux en quête du moment idéal pour assassiner un adversaire contre une sorte de guerrier bourrin implacable. Concrètement, les affrontements évoluent positivement, mais le côté infiltration régresse vers le même système que celui établi par Assassin's Creed III (soit une approche discrète qui ne se limite qu'aux hauteurs, aux tas de foin, ou aux buissons). Par la même occasion, on perd quelques agréables options initiées par Unity et Syndicate, tels que les choix d'approches et d'assassinats à établir contre une cible importante.
Ensuite, le monde d'Assassin's Creed Origins est certainement l'un des meilleurs Open World de la génération. La patte de Black Flag se ressent énormément en plus d'offrir une map tout aussi grande, et pour remplacer les océans, place aux grands déserts et à leurs mystérieux secrets. De plus, le jeu se veut beaucoup plus orienté quêtes, que ce soit les quelques activités intéressantes qui même si elles semblent banales peuvent prendre une autre tournure totalement imprévisibles, ou les aventures à découvrir par soi-même. On parle ici de quêtes annexes avec un scénario fouillé parfois à un niveau égal de la quête principale, tout comme des lieux secrets tels les tombeaux anciens à explorer avec une gourmandise insatiable. Concrètement, ce nouvel Open World est à la fois vaste, riche, et rempli de surprises. Il n'est pas rare de se laisser tranquillement bercer par l'OST Égyptienne très réussite, tout en parcourant de longues distances à dos de dromadaire ou depuis les airs via notre aigle fidèle Senu.
En somme, Assassin's Creed Origins fait de bonnes avancées dans tout un tas de domaines, mais en néglige aussi beaucoup d'autres. Les combats sont plus difficiles mais empiètent négativement sur l’infiltration, la narration est bonne mais ne se concentre pas assez sur les fameuses origines de la Confrérie, et l'intrigue du présent n'évolue malheureusement toujours pas. Quoi qu'il en soit le bâtisseur d'Open World qu'est Ubisoft offre une nouvelle fois un splendide monde, et c'est peut-être rien que pour cela qu'au final Assassin's Creed Origins est un jeu à ne pas manquer.