Assassin's Creed: Revelations par Samish
Révélations me laisse un sentiment mitigé. L'ambiance est là, et j'ai bien aimé Constantinople, qui était moins plate que ce que me laissaient supposer certaines critiques (je l'ai même préférée à Rome, pour tout dire). Il y a des personnages sympathiques et pas trop manichéens : je pense à Suleiman, Ahmet, Yusuf, Tarik, Sofia... Ezio et Altaïr sont un peu plus développés et ça fait toujours plaisir (surtout pour ce dernier qui était un peu creux dans le premier épisode).
Le jeu propose aussi des séquences de plateforme "grand spectacle" du plus bel aloi, avec des musiques épiques qui dépotent leur mère.
Enfin, j'ai apprécié l'espèce de petit "résumé" épistolaire au début de chaque chapitre, cela permet de ne jamais être perdu dans l'histoire.
Pourtant beaucoup de choses viennent un peu gâcher le plaisir de jeu, et pour moi Révélations est donc une régression qui place le jeu le cul entre le 2 et le 1.
- Tout d'abord j'ai rencontré pas mal de bugs, alors que j'ai fait les deux précédents jeux sans en rencontrer du tout. J'ai traversé le sol pour me retrouver coincé au pied d'un arbre et certains PNJ ont refusé de me suivre.
- Ubisoft a pris l'étrange décision de changer la tête de Desmond et sa voix (en moins bien) et c'est extrêmement perturbant. Cela nuit énormément à l'immersion. Dans le genre persos moches, 16 en tiens une bonne couche aussi. Quant à Ezio, on ne le reconnait plus du tout avec l'âge, mais comme il a la classe on lui pardonne.
- Le cliffhanger de Brotherhood est superbement ignoré, car certes Desmond est dans le coma, mais rien n'est dit sur sa copine qu'il a joyeusement poignardée. Soit c'est que rétrospectivement je n'ai rien compris à la fin de Brotherhood, soit Ubisoft se fout un peu de notre tronche et les scénaristes ne sont pas capable de s'entendre entre eux.
- La seule cinématique du jeu est en fait celle que l'on avait intégralement vue des dizaines de fois dans le trailer du jeu servi à l'E3. Du coup, elle a un bon parfum d'arnaque.
- Les ajouts à l'arsenal de l'assassin ne sont pas exploités suffisamment. Le crochet est un gimmick qui ne sert grosso modo à rien (sauf pour l'occasionnelle tyrolienne, mais c'est plutôt rare). Les bombes sont un véritable gâchis car si elles sont véritablement intéressantes dans le principe, le fait d'être limité à trois modèles différents, et surtout l'obligation de les crafter soi-même, viennent tout gâcher, au point qu'on se retrouve à ne les utiliser que rarement.
- De plus, on regrette qu'Ubisoft s'égare autant en proposant des mini-jeux parfaitement anecdotiques tels que la défense d'un repaire d'une attaque de templier. Ce n'est pas complètement désagréable, mais c'est totalement HS, et on a l'impression qu'Ubi a vraiment voulu jeter du temps de développement et des ressources par les fenêtres. Outre le tutoriel, je n'ai eu à faire ce mini-jeu qu'une fois, et j'ai perdu car tellement de temps s'était écoulé depuis ma dernière partie que j'avais oublié certaines touches.
- Pire : les souvenirs de Desmond, au cours d'insipides séquences à la première personne où notre héros nous parle de son enfance dans une ferme, etc etc... c'est relou au possible, il y en a 5 ou 6. J'en ai fini une, j'ai pensé "bof", j'ai entamé une deuxième, ça m'a saoûlé et j'ai passé mon chemin. Et combien de temps ça a dû prendre à Ubi pour implanter cette fonctionnalité inutile !
- On regrettera l'évolution du système de réputation qui devient plus qu'agaçant. Déjà dans les précédents jeux il était désagréable d'arracher des affiches à chaque fois que l'on sortait d'un combat, eh bien dans Revelation il faudra le faire aussi à chaque fois que vous achetez une boutique, même si ça n'a aucun sens. Rénover un artisan vous en coutera 25% de réputation en plus. Et ne parlons pas de la sécurisation des repaires d'assassins qui remplissent la jauge à 100% et obligent à errer sur la carte au hasard dans l'espoir de tomber sur un héraut à soudoyer. C'est tout simplement une mauvaise mécanique.
- Enfin, comme d'hab, le générique se prend trop au sérieux. Il fait des kilomètres et ne peut pas être passé. C'est toujours pareil mais ça commence à bien faire.
Bref, cette fois-ci je me suis limité à deux choses : l'histoire principale, et la gestion de la confrérie des assassins. Cela donne un total de 13 heures de jeu, ce qui est court pour un Assassin's Creed.
Revelations est toujours un bon moyen de passer le temps si on se limite à la trame principale et si on savoure l'ambiance orientale qui s'en dégage, mais les errances stupides de la part d'Ubisoft sont si nombreuses que cela remet en question le professionnalisme de leurs designers.