Le top de la simulation... mais pas du jeu vidéo

Mon contexte:

J'ai joué à Assetto Corsa depuis sa sortie en Early Access sur Steam en Novembre 2013. A l'heure où j'écris cette critique, j'ai accumulé près de 700 heures de conduite. J'ai fait partie de la communauté de "modding" du jeu (dans le cas d'Assetto Corsa, il s'agit plus de développement de contenu non officiel que de modding à proprement parler) depuis ses débuts. Bien entendu, cette critique portera sur le jeu "stock" (non moddé).

Le top de la simulation automobile

La force d'Assetto Corsa, c'est le réalisme du comportement des véhicules. Le moteur physique a été conçu pour les simulations professionnelles, et ça se sent. Il offre des performances sans égal. Les véhicules, quant à eux, voient leur comportement conçu de façon indépendante à partir des données issues des constructeurs (pas de "template" décliné). Quant aux circuits, ils ne sont pas conçus approximativement en se basant sur des plans et des photos, comme c'est souvent le cas dans les jeux vidéo, mais scannés à l'aide de lasers. Le résultat de cela est une marge d'erreur réduite au millimètre. Chaque aspérité est à sa place. J'ai également apprécié l'éclairage des circuits, qui s'adapte naturellement selon leurs coordonnées GPS et l'heure sélectionnée en jeu (position du soleil, intensité/couleur/inclinaison de la lumière, ombres...). Tout ceci combiné offre un niveau de réalisme jamais vu. Assetto Corsa est d'ailleurs fourni, dans une version adaptée, à de nombreux constructeurs automobiles et équipes de course afin de servir l'entraînement des pilotes, les école de pilotage ou encore les premiers tests virtuels de prototypes et modèles futurs. Et si Ferrari et Porsche considèrent qu'Assetto Corsa est le meilleur logiciel de simulation à l'heure actuelle, force est de s'incliner.

Des graphismes plutôt bons

Si la qualité du moteur graphique d'Assetto Corsa n'est pas à la hauteur de celui de Project Cars, par exemple, il est vite pardonné, d'autant plus qu'il s'affine au fil des mises à jour (voir la section "Un grand cru" ci-dessous). La qualité graphique d'Assetto Corsa provient surtout, au final, de la qualité sans égal des modèles 3D, tant pour les circuits, comme évoqué plus haut, que pour les véhicules, reproduits dans leurs moindres détails. Les textures, quant à elles, peuvent laisser à désirer, faute à une compression parfois excessive (il faut aussi satisfaire les systèmes les moins puissants). Pro tip: les mods sont là pour vous aider, avec des textures allant jusqu'à 8k. J'en profite pour faire une parenthèse sur la performance qui est remarquable pour une qualité graphique de ce type (ceci évidemment avec les textures d'origine).

Un son qui s'améliore

Le rendu du son n'a jamais été le point fort d'Assetto Corsa. Il était acceptable, au mieux, depuis le début. Mais les développeurs en sont conscients et s’attellent régulièrement a y apporter des améliorations.

Un contenu plutôt pauvre

C'est là qu'on attaque ce qui fait d'Assetto Corsa un jeu et non un logiciel de simulation professionnel, et c'est là que le bas blesse. Dans le jeu de base, le nombre de véhicules et de circuits est pour le moins limité. Il faut alors acheter des DLC qui, bien qu'abordables, deviennent nombreux, afin d'étoffer son garage et son environnement. Ceci est tout à fait justifié pour une personne qui, comme moi, comprend, par expérience, la quantité de travail nécessaire à la production d'un véhicule ou d'un circuit pour une simulation aussi réaliste qu'Assetto Corsa. Un simple exemple: 2 ans rien que pour réaliser le Nordschleife, qui se voit donc inclu dans un DLC. Cependant, cela est difficile à concevoir pour un grand public habitué aux productions en série comme Forza. Autre problème non négligeable: si l'on peut choisir différentes heures de la journée et différentes densités de nuages et de brouillard, impossible de rouler de nuit ou sous la pluie.

Un solo sans fun pour le néophyte

Le mode carrière d'Assetto Corsa est pour le moins limité. Il s'agit plus d'un bibelot que d'un aspect essentiel. Pour être tout à fait honnête, en près de 700 heures de jeu, je n'y ai quasiment pas touché. Tout le contenu est d'ailleurs débloqué à l'installation du jeu, il n'y a donc rien pour vous motiver à suivre ledit mode carrière. On trouve par ailleurs des courses contre une IA qui était insupportable à l'origine mais qui, au fil des mises à jour, est devenue réellement intelligente, compétitive et fair-play. Et finalement, des épreuves solo, contre la montre ou simplement pratique libre, où vous serez libre de dompter les pur-sang mécaniques, apprendre les circuits et parfaire vos trajectoires. Parfait pour un "hardcore simracer" comme moi, nettement moins intéressant pour le joueur du dimanche.

Un multi qui s'améliore

Jusqu'à peu, le multi d'Assetto Corsa était une plaie. Chaque course était gangrenée par les joueurs partant en tête-à-queue dans tous les virages ou, pire, oubliant de freiner et vous fonçant dessus en entrée de virage. Ceci à moins de s'inscrire à l'avance dans des serveurs privés bien entendu. Fort heureusement, ce problème a été pris en main par les développeurs, qui ont récemment mis en ligne un système de pénalités plus efficace. Reste le problème que pour rejoindre un lobby, il est nécessaire de posséder l'intégralité des DLC et mods (voitures et circuits) disponibles sur ledit lobby.

Un grand cru

Assetto Corsa est un grand cru et, comme tout grand cru, il s'améliore envieillissant. Petit à petit, le contenu s'étoffe, non seulement grâce aux DLC payants mais aussi grâce à du contenu gratuit ajouté au jeu par les développeurs. De plus, au fil des mises-à-jour, c'est tout le jeu qui se perfectionne. Le comportement des voitures et revu régulièrement, les sons améliorés, les graphismes affinés, le multi dompté...

Conclusion

Pour apprécier Assetto Corsa, il est nécessaire de faire partie de son marché cible: les "hardcore simracers", ces gens qui s'installent devant leur ordinateur pour vivre l'expérience de conduite la plus réaliste possible après physiquement se rendre sur le circuit du coin. Assetto Corsa a été conçu pour s'afficher sur trois écran à la fois ou dans un Oculus Rift (un simple écran fera très bien le travail cependant, rassurez-vous). L'investissement dans un volant de qualité est obligatoire, le jeu étant injouable au clavier ou à la manette et difficilement supportable avec les volants les moins chers, souvent limités à 270° de rotation. Je vous conseille d'ailleurs le Logitech G27, qui reste le meilleur rapport qualité-prix, mais représente quand même un investissement de plus de 200€.

Le joueur "casual" sera donc probablement déçu s'il s'attend ici à pouvoir, comme il le fait avec un Forza, installer le jeu et s'amuser un dimanche après-midi. Le réalisme se paie par la sueur et les larmes jusqu'à enfin arriver à maîtriser les véhicules les plus puissants et jusqu'à apprendre les circuits, ce qui prend des heures de jeu.

Cette critique concernait bien sûr la version PC du jeu. Pour information, les versions XBO et PS4 sont différentes, simplifiées et mieux orientées vers un aspect ludique. Cependant, si la version consoles a été trop simplifiée pour le goût des hardcore simracers, elle ne l'a peut-être pas suffisamment été pour celui du joueur du dimanche...

Parenthèse sur les mods

Les contenus non officiels pour Assetto Corsa pullulent. Voici quelques conseils:

• Pour télécharger vos mods, rendez-vous sur RaceDepartment, où vous trouverez tout ce qu'il vous faudra (les mods disponibles ailleurs sont généralement de très mauvaise qualité ou réalisés par des auteurs malhonnêtes qui ont été exclus de la communauté)


• Les mods payants d'UnitedRacingDesign sont, bien que cela semble bizarre de payer pour un mod, des DLC de qualité remarquable. URD ont d'ailleurs participé au développement d'une partie du contenu du jeu de base.


• Des milliers de skins sont disponibles sur RaceDepartment pour les véhicules, à télécharger et tester. La plupart sont des répliques de véhicules réels.


• A propos des circuits et des véhicules: la plupart ne font pas justice au jeu (en d'autres termes: sont de mauvaise qualité), sans parler du fait que chaque mise à jour du jeu risque de les rendre incompatibles. Trouver les contenus qui vous plaisent et qui fonctionnent risque donc d'être relativement difficile.