Titulaire du plus gros succès commercial de la franchise, Atelier Ryza n’avait pourtant pas suscité une vague d’euphorie telle que l’on pensait voir arriver une suite directe. Avec un début bien trop poussif et plusieurs remarques à faire sur cette aventure, le jeu restait une halte rafraichissante mais loin d’être pleinement épanouissante. C’est ainsi que sa suite, Atelier Ryza 2 : Lost Legends & The Secret Fairy, vient polir les courbes de notre délicieuse égérie en proposant une suite plus réussie.



Un raffinage de la tranche de vie



Trois ans se sont écoulés depuis la grande aventure secrète de Ryza sur l’Île de Kurken. Restée seule sur son île, Ryza reçoit une lettre de son ami évoquant des ruines qui pourraient avoir un lien avec l’alchimie, ainsi qu’une mystérieuse demande impliquant une pierre brillante. Elle quitte ainsi son île pour se rendre dans la capitale Ashra-am Baird et s’embarque dans une nouvelle aventure imaginative où elle sera confrontée aux mystères des ruines entourant la capitale.


Comparé au premier épisode, un virage important est réalisé sur l’intrigue. Dans le premier opus, après avoir découvert l’Under World, le groupe de Ryza fut très vite confronté à des enjeux qui le dépassait liés au secret de l’île Kurken avec des petites notes de tragique et de fatalisme. Passé le cap de la première moitié soporifique, l’aventure devenait ainsi prenante avec un ton grave et un rythme plutôt pêchu. Dans ce sens, Atelier Ryza : Ever Darkness & the Secret Hideout se rapprochait d’une aventure classique débutant avec des petits problèmes locaux pour ouvrir une fenêtre et réflexion plus large.


Atelier Ryza 2 fait différemment et construit toute son aventure autour de la seule fibre tranche de vie, au risque de ne pas plaire à des joueurs recherchant davantage d’action, de surnaturel voire de grandiloquence. C’est un long fleuve tranquille et confortable. Ryza découvre que des ruines avoisines la capitale et contiennent des indices sur des faits passés oubliés. Les ruines correspondent à une ancienne civilisation d’il y a plusieurs centaines d’années datant d’avant celle de Klint qui a détruit l’Under World.


Excepté dans ses dernières heures, il n’y a pas de but noble ou autre, ce jeu retranscrit simplement cette soif de découvrir des ruines inexplorées sans réelles prétentions ni répercussions sur le monde. L’absence de réel objet supérieur à l’histoire est préjudiciable mais non dramatique.


Mais la particularité de cet épisode, comparé à son prédécesseur, est qu’il va purger l’histoire de tout élément frustrant ou lassant afin de conserver un cœur sibyllin des plus apaisant. Effectivement, cette sensation désagréable de long prologue disparait avec Atelier Ryza 2. Grâce aux trois années passées et aux aventures précédentes, le casting est torréfié. Les états d’âme superficiels tout comme les conflits ennuyants entre gamins du village sont en partie évincés. Le casting gagne en maturité. Le jeu propose un casting rapidement uni sans trop d’éléments perturbants. Les nouvelles têtes sont des plus appréciables, excepté Patty assez vide. On pensera à la douceur sans pareil de Serri ou le côté bon vivant et comique de Cliff, sans oublier l’ajout de la mascotte Fi, qui comporte des animations des plus mignonnes et apaisantes, et contribue à cette atmosphère idyllique. Le jeu adoucit et aiguise sa dominante slife au life grâce à cet ensemble de correctifs et d’ajouts.


Atelier Ryza 2 : Lost Legends & The Secret Fairy, comprend toujours un nombre mirobolant de scénettes pour lancer toute sorte de discussions ou quêtes annexes. On aurait bien souhaité que certains personnages comme Bos est un peu plus de poids dans ce jeu ou que nos coéquipiers aient des quêtes personnelles davantage mémorables. En effet, Atelier Ryza par son intrigue avait pour mérite de développer ses personnages principaux, chose bien moins ressentie ici. Ainsi si on pourra reprocher le manque de consistance ou profondeur de plusieurs d’entre elles, cette quantité de discussions banales, non dans le mauvais sens, nous rapproche davantage de ce groupe et immerge correctement dans cette aventure. De plus, précisons que quasiment tous les dialogues sont doublés et ce point reste des plus importants à relever !



Sortons notre panier et partons à la cueillette



Explorer le monde proposé par la série des Atelier est toujours aussi plaisant.


Pour faire de l’alchimie, il faut sans surprise des ingrédients. Le premier but donc de l’équipe est d’explorer tout un tas d’écosystèmes et affronter des monstres afin de récupérer un maximum de composants. Atelier Ryza 2 conserve le même système et les mêmes outils de collecte qu’auparavant (avec l’absence du marteau). Plus on possède d’outils, plus nos récoltes sont variées. Un même point de collecte pourra fournir des ingrédients différents selon l’objet employé tel qu’une hache ou une faucille. On peut maintenant prévisualiser ce que l’on obtient à un point de collecte pour mieux gérer notre récolte. La mécanique de progression de la récolte fonctionne toujours aussi bien. Ryza débute son aventure avec un simple bâton, confectionne ensuite de nouveaux objets de collecte grâce à l’alchimie pour élargir sa gamme d’ingrédients récoltés, puis améliore progressivement le rang de collecte de ses objets avec les nouveaux ingrédients trouvés afin de ramasser des ingrédients d’une qualité et/ou rareté supérieure, dans le but de produire sur la fin de puissantes recettes. Ce schéma synthétisé ici est d’une brillance toujours aussi épatante car il pousse le joueur à maîtriser et organiser sa progression.


Cette aventure est bonifiée grâce à quelques nouvelles mécaniques d’exploration. Ryza peut maintenant nager sous l’eau pour découvrir de nouveaux écosystèmes et points de collecte. Elle peut aussi faire appel à une monture spirituelle des plus fluffy pour explorer ce vaste monde et creuser dans le but de découvrir de nouveaux matériaux.


L’aventure donne l’impression d’être relativement libre, même si au fond elle reste plutôt cloisonnée. Il est possible de rejoindre directement le lieu d’événement, lancer des conversations ou bien fouiller de nouvelles zones annexes. La contrainte de notre panier trop petit pour récolter beaucoup d’ingrédients est levé avec un seuil inamovible à 200 matériaux max. Bien que cette limite nous oblige vers le dernier tiers du jeu à faire davantage d’allers-retours dans notre atelier, cette barre semble équilibrée et évite les quelques frustrations qu’on avait au début d’Atelier Ryza 1.


La direction artistique des divers environnements semble également légèrement plus travaillée qu’auparavant. La technique pour un JRPG est suffisamment bonne notamment au niveau des animations et de la mise en scène pour nous plonger dans cette histoire et les discussions. Certains cadres m’ont agréablement surpris et l’implication des développeurs pour tenter de faire de cette série une exploration toujours plus éclatante se ressent.


Afin d’enrichir cette aventure, il conviendrait pour autant d’améliorer plusieurs détails comme le bestiaire vraiment pas assez varié, ajouter plus d’événements imprévisibles dans cette exploration, varier l’apparence des points de récolte, rajouter quelques carottes à la clé de certaines zones et enfin pousser davantage les différences d’exploration selon les périodes de la journée.



Les secrets enfouis des ruines



En parallèle de découvrir les secrets de l’ancienne civilisation, Ryza peut s’adonner à tout un tas d’activités mineures comme accomplir des petites requêtes de la population, terminer les quêtes de groupe, planter des graines d’alchimie, développer les commerces…


Les donjons dans Atelier Ryza Ever Darkness & the Secret Hideout étaient sympathiques mais manquaient de personnalité. Sa suite comble cette lacune en proposant un trait commun à tous : un système d’enquête de vestiges et de souvenirs.


Au cours de son aventure dans le premier donjon, Ryza récupère une boussole de la mémoire. En l’activant dans chacune des ruines, elle lui permet de revivre des souvenirs de personnes jadis connectées aux ruines et de tirer au clair les mystères liés à celles-ci. La constante est simple : en premier Ryza doit accomplir cinq événements/recherche variés afin que la boussole s’active. La recherche inclut diverses actions comme combattre des monstres, trouver des trésors ou des ingrédients.


Une fois fait, la boussole s’active. Les fragments et souvenirs des ruines apparaissent dans tout le donjon. Après avoir réunis les fragments du premier vestige/lieu d’enquête, elle pourra apprendre une nouvelle recette qui lui permettra de solutionner l’énigme du donjon. Compléter les autres vestiges n’apportera que des SP bonus et des informations pour mieux comprendre les événements jadis en cause.


Bien que ce système s’articule toujours sur un même squelette, le joueur se prend à l’exploration pour rassembler les fragments du passé dans chacun des donjons suffisamment uniques les uns des autres. Le seul bémol -important- dans cette mécanique est l’insertion des fragments de ruine dans les vestiges de souvenirs liés bien trop rudimentaires et redondants. Une simple correspondance des termes et expressions surlignées suffit… un peu faible intellectuellement. Le joueur se sent de fait trop assisté dans cette résolution d’énigmes et de donjons.



Une philosophie de combat différente, bien plus accessible et vive mais moins tactique



La caractéristique principale de la série Atelier ne fut jamais son système de combat mais bien son alchimie. Pourtant, avec la saga Atelier Ryza, les affrontements prennent une place bien plus prépondérante et marquante. Avec un système déjà très bon dans le premier épisode, Atelier Ryza 2 : Lost Legends & The Secret Fairy modifie certains acquis et enrichit le gameplay. Le système de combat, qui quelques années auparavant n’était pas si mémorable ni intrinsèque à la série, pourrait se voir a priori comme essentiel à la série maintenant.


Le système de combat évolue toujours en temps réel construit autour des attributs primaires physiques/magiques et des attributs élémentaires secondaires (feu, glace, vent, éclair). C’est la vitesse des personnages et de l’ennemi qui affecte le temps d’attente entre les actions. La clé du succès revient à viser les faiblesses de l’ennemi.


D’une manière générale, on peut dire que le système gagne en vivacité et plaisir. Tout d’abord, la mécanique des rôles assez barbante et peu fun disparait (attaquant, défenseur, support). En attaquant normalement, l’équipe gagne des points d’action (PA) qu’elle peut ensuite employer afin d’utiliser des compétences offensives propres à chaque personnage et réaliser des chaines de compétences, nouvel ajout, tant qu’il reste des PA.


En utilisant ces mêmes PA, l’équipe gagne des charges fondamentales (CF) qui permettent d’employer un ou plusieurs objets. En complément de l’aspect combat, il est possible de modifier les cristaux fondamentaux pour ainsi augmenter notre charge fondamentale maximum et améliorer nos éléments fondamentaux.


A force de combattre notre niveau de tactique s’élève, ce qui augmente notre nombre de combos pour les attaques normales, facilite le regain de PA, et amplifie certaines compétences. Rien de nouveau ici.


En plus d’avoir toujours la possibilité de changer de personnage, il est possible maintenant de faire appel à un personnage de la réserve. La défense est aussi introduite, permettant de limiter les dégâts et gagner des PA. L’impulsion mortelle débloquée au niveau 50 fait son retour (attaque puissante), et s’accompagne maintenant de l’impulsion fondamentale, pour résumer une action également très puissante mais cette fois-ci liée à l’emploi d’objets à la suite.


On rappellera pour terminer la présence des ordres d’action (suggestion d’attaque) qui une fois accomplis déclencheront des compétences d’ordre puissantes, la jauge d’étourdissement et les attaques spéciales de l’ennemi imparables.


D’une manière générale, je trouve que le système de combat est bien plus vif, prenant et moins prise de tête. On pense notamment à la mécanique des Core Charge et de la conversion des objets simplifiée qui nécessitait de transformer ses objets et retourner à la base… Les effets spéciaux ou compétences s’enchainent proposant un spectacle très agréable à suivre.


Néanmoins, ce système de combat qui gagne en accessibilité perd à l’inverse en technicité, tactique et rudesse. Dans Atelier Ryza 1, le joueur était obligé de souvent changer de personnage, de réfléchir minutieusement à chacune de ses actions notamment ses objets ou l’augmentation de son niveau de tactique, ce qui n’est plus forcément le cas dans ce second épisode où l’on se contente de marteler 4-5 boutons. Certes les boss sont toujours aussi durs, mais c’est davantage dans nos équipements et objets qu’il faudra trouver le salut plus que dans notre tactique. On ne peut ainsi que constater la présence de deux systèmes de combat bien différents ayant chacun leurs spécificités. Quel que soit nos préférences, un travail important a été réalisé pour le modifier prouvant que l’équipe de Gust n’a pas lésiné.



L’alchimie, notre Elixir



Si le système d’alchimie introduit dans Atelier Ryza était déjà vraiment performant, sa suite parachève ce processus pour aboutir à une alchimie des plus complètes.


Auparavant pour débloquer les nouvelles recettes, il était nécessaire d’augmenter son niveau d’alchimie. Maintenant la progression se fait via un arbre de compétence. Les PC récoltés au cours de nos synthèses ou de notre aventure pourront être dépensés ici afin d’apprendre des recettes ou des compétences d’alchimie. Ce mécanisme offre plus de souplesse et choix à l’aventurier en particulier dans les deux premiers tiers de l’aventure où chacun pourra débloquer les éléments qu’il souhaite.


La synthèse dans Atelier Ryza 2 : Lost Legends & The Secret Fairy est similaire au précédent. En sélectionnant une recette, Ryza peut ajouter des matériaux à la boucle de matériaux pour augmenter sa valeur d’élément, le niveau d’objet, affecter divers effets et caractéristiques puis créer de nouveaux objets. D’autres matériaux doivent être ajoutés à une boucle afin de débloquer les boucles connectées. Ces dernières se débloquent lorsque la boucle de matériau d’origine atteint la valeur d’élément requise.


Avec cette mécanique, le cheminement reste toujours le même, plus les matériaux auront des traits intéressants et une qualité haute, plus notre objet synthétisé sera intéressant. L’ajout du blocage de qualité dans certaines boucles est un plus intéressant pour concevoir d’une façon différente son cheminement de synthèse.


Aux côtés de la synthèse, sont toujours présentes la duplication d’objets, la réduction de gemmes et la reconstruction d’objets essentiels à notre progression dans la dernière partie du jeu. Nouvelle possibilité : employer dans la synthèse des essences. Chaque essence fournit un effet positif comme l’augmentation d’un effet ou le changement élémentaire de la boucle. Elles deviennent incontournables pour créer des objets aux effets ultimes et de manière plus simple. Le forgeron d’Atelier Ryza 2 aidera également à concevoir des armes plus puissantes facilement. Enfin, notre jeune alchimiste peut combiner des objets entre eux pour débloquer un effet spécial ou bien générer un objet nouveau. Une remarque ici, où il aurait été judicieux de donner aux joueurs des indices ou recettes concernant ces nouveaux objets et non pas de chercher aveuglément.


Par conséquent, à la différence du système de combat, l’alchimie dans ce nouvel épisode est clairement l’évolution verticale en mieux du précédent système, le conservant tel quel et le bonifiant légèrement en tout point.



Conclusion



PLUS



  • Une alchimie impeccable

  • Des combats dynamiques éblouissants

  • Une atmosphère tranche de vie relaxante…

  • Une multitude de scénettes doublées

  • Nouvelle mécanique d’exploration des donjons

  • Une exploration et récolte prenantes

  • Bonus : Traduction française


MOINS



  • Recyclage fainéant du bestiaire

  • … Mais perdant en technicité et tactique

  • … Un peu trop candide et rose bonbon

  • … Sans réelle consistance, un peu comme les persos

  • … Mais trop simpliste

  • … Qui mériteraient d’être encore plus poussées et variées


Le cœur même de la série des Atelier est travaillé avec soin, le système d’alchimie est infaillible et on peut passer des heures dessus sans voir le temps passé. Bien que les combats perdent sur la dimension tactique/technique, ils deviennent plus vifs et divertissants. C’est davantage sur le reste que la sensibilité de chacun opèrera. D’un côté, le jeu devient paisible en enlevant toute frustration possible, de l’autre cette banalité de la vie ne permet pas au scénario de culminer ni même aux personnages d’avoir des quêtes et dialogues plantureux. J’ai pris énormément de plaisir à jouer à cet Atelier, bien plus que le premier Ryza. J’ai adoré cette atmosphère construite autour du Slice of Life. Néanmoins, je pense qu’il conviendra à l’avenir de mieux équilibrer la notion d’enjeux et de consistance du script, avec cette douce atmosphère relaxante pour aboutir à une histoire moins tranchée, avec bien plus de péripéties et plus dense.

Moja_la_Peluche
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le 22 févr. 2021

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