Automobilista
6
Automobilista

Jeu de Reiza Studios (2016PC)


Introduction



Automobilista se présente comme le dernier née de la famille des simulations automobiles à la sauce Reiza Studios. Après des titres comme Formula truck ou Copa Petrobras de Marcas, on peut considérer qu’Automobilista est le digne successeur de Game Stock Car Extreme du même studio et son évolution logique. Jeune et petit studio Brésilien de plus en plus connu dans le monde de la sim race, le but de Reiza est de proposer sa vision de la simulation auto sur PC.



Le gameplay



Commençons donc par la partie la plus intéressante du titre, à savoir son gameplay et son moteur physique. Depuis Game Stock Car Extreme et ses homologues, Reiza ne cessent de nous démontrer qu’ils savent réellement créer un véritable moteur physique cohérent et un véritable « Motorsport Simulator », comme ils l’appellent. Avec aux manettes Niels Heusinkveld comme « lead vehicle physics developer », Reiza studio est partie du fait que les simulations actuelles sur PC les plus populaires ne proposaient pas forcément un modèle de moteur physique satisfaisant. En parallèle de travailler sur des simulateurs pour des écuries automobiles, N.Heusinkveld a décidé de baser ses simulateurs PC (et donc Automobilista), sur le moteur physique développé à l’époque par Image Space Incorporated pour Rfactor. Le moteur de ISI ayant maintenant plus de 10 ans et étant repris par énormément de développeurs de simu auto sur PC, Reiza à décider de l’adapter à sa sauce afin de démontrer qu’il était possible de faire une véritable simulation auto performante avec un « vieux » moteur, ce que n’ont pas réussi à faire bon nombre de développeurs ces 10 dernières années.


Depuis Rfactor de ISI et le premier Game Stock Car de Reiza, Automobilista en est encore une évolution. Le moteur physique gère les pneumatiques, les freins, les suspensions, l’aéro des autos, et est censé retranscrire fidèlement leurs poids, leur répartition de masses, leur inertie, etc. Ce qu’il faut bien comprendre ici c’est que malgré le fait que Rfactor est censé gérer tout ça aussi, Automobilista le fait avec beaucoup plus de justesse et de cohérence que le fait Rfactor. Chaque voiture à ici son comportement et sa physique propre. Ne pensez pas que conduire une mini avec des slicks sera pareil qu’une formule 3 ou encore une F1 de 1978. Le moteur physique est ici d’une finesse absolue.


Prenons ici l’exemple de la F1 d’Emerson Fittipaldi animé par un bestiale V8 Cosworth DFV. La monoplace nécessite une rigueur de la part du pilote pour pouvoir être exploitée et une finesse de pilotage. Si vous ne rentrez pas sur les feins en virage sans charge sur le train avant, il ne faut pas espérer faire tourner l’auto et il faudra s’attendre à du sous-virage. Les pneus slicks de cette époque ont parfois du mal à faire passer la puissance au sol du V8 dans les virages lents. L’appui aéro aide à stabiliser l’auto en ligne droite rapide et sur des gros freinages appuyés (il n’en ait pas du même ressort si vous prenez le volant d’une Lotus Ford 49 de 1967 avec des pneus moyen-âgeux et l’absence d’aéro).


Contrairement à d’autres simulations placées sur des piédestaux à leur époque (GTR, Rfactor, etc, pour ne citer qu’eux), l’adaptation du moteur physique permet de retranscrire très fidèlement les transferts de charge des autos et également le travail des suspensions et des pneus. Contrairement aux concurrents, les pneus et le grip des pneus est bien plus fidèlement retranscrit également. Les dérivent et le comportement des pneus aux limites ressemblent bien plus à quelque chose de cohérent au niveau de la gestion de l’adhérence et du contrôle de la voiture (ce qui n’est pas du tout le cas de GTR ou Asseto Corsa par exemple). Dans les points positifs, on citera également la gestion des freins (température et pression de frein à la pédale) et le feedback au volant qui est plutôt très satisfaisant. Encore une fois et contrairement à d’autres simulations, les angles de rotation de volant sont directement indiqués dans les setups des autos, ce qui évite d’avoir un mauvais paramétrage de la démultiplication volant. Il pouvait arriver dans certains autres jeux qu’on ne sache pas vraiment sur quel angle de rotation, il faille régler son volant. Il en résultait un gameplay nauséabond. Ici, on a directement l’info et les angles qu’on met au volant et qui sont appliqués à la direction de la voiture dans le jeu sont à chaque fois correctes et cohérents et c’est très appréciable. A noter aussi que le feedback au niveau des vibrations dans le volant aident bien le pilote à sentir les aspérités de la piste et les changements d’adhérence au niveau des pneus, sans sombrer dans le syndrome ou ca vibre tellement que ça en devient déconnant, ici rien de tout ça et c’est encore une fois très appréciable.



La partie graphique et le sound design



Concernant la partie graphique, il y a 2 approches possibles. La première approche consisterait à dire que le jeu est ignoble pour son époque et qu’il propose des graphismes qui ont 10 ans d’âge. C’est ici malheureusement vrai. La 2ème approche consiste à ce dire que le jeu peut tourner sur n’importe quelle machine (même vieillissante) et avec un frame rate élevé pour que le gameplay en soit d’autant plus plaisant. On pourra noter également que le jeu ne pique pas pour autant les yeux et que les textures sont quand même relativement lissées pour un rendu homogène et pas forcément désagréable à l’œil à supposer qu’on fasse un minimum d’effort. Disons donc que côté graphismes et rendu visuel, chacun choisira son camp.


Pour ce qui est du sound design, Reiza nous propose ici des prestations qui sont bien au-dessus de la moyenne et de la concurrence en la matière. Les effets ambiants sont très immersifs et on peut citer entre autre le vent, le bruit des gravillons dans les passages de roue, les bruits des vibreurs, de la transmission ou des freins des voitures. Les sons moteurs sont dans l’ensemble assez bien retranscrits et on est facilement transporté à l’intérieur des habitacles des différentes voitures. On regrettera une legère hétérogénéité sur certaines auto au sound desing un peu trop timide et qui ont parfois un manque de peps. Certains pourront reprocher également que les sons généraux des voitures sont un peu trop « plat » et manque un peu de dynamique. Au final, rien de catastrophique et bilan plutôt positif à mon sens. Sans exceller comme pourrait le faire un Dirt Rally ou un Forza en terme de sound design, on est toutefois relativement conquis.



L’interface et l’enrobage du jeu



On attaque ici les points noirs du titre. Concernant l’enrobage du jeu et les menus, il faudra vous contenter de l’absolument classique et rustique. Comme le fait de rentrer dans l’habitacle d’une Caterham, les menus font dans ce qu’il y a de plus traditionnel et fonctionnel. Amateurs d’interfaces épurées et modernes, passez votre chemin. Dans Automobilista, vous aurez l’impression de relancer un jeu d’il y a plus de 10 ans en voyant le menu et la navigation.
On notera l’absence d’un véritable mode carrière et l’absence totale d’épreuve originales comme peuvent le proposer d’autres titres. Encore une fois, on fait dans le traditionnel et dans l’ « il y a 10 ans ». Inutile de vous attendre à une météo dynamique ou de la pluie sur piste, il n’y en aura pas ici. A supposer que vous aillez envie de vous lancer une petite course et de jouer contre l’IA, vous allez probablement ne pas le refaire si souvent. Sans aucune véritable « intelligence » et avec aucun sens du risque, du respect ou de quoi que ce soit, vous serez encore une fois transportés dans une IA de jeu de caisse du début des années 2000. Tel un petit train débile et complètement agressif et qui ne fera pas du tout attention à vous, l’IA est littéralement aux fraises dans Automobilista.


Pour ce qui est du contenu, on sera relativement comblé. Les voitures pilotables sont d’une très grande diversité de par leur architecture ou leur époque. On notera la présence de voitures de course de tourisme, de monoplaces de 1967 à nos jours, de silhouettes avec moteurs V8 américains, de karts, de prototypes fermés, de GTs ou de voitures de série.

Un bon nombre de tracés sont proposés avec une majorité de circuits brésiliens et quelques circuits internationaux. Les différentes tailles de pistes et les différentes configurations (rapide, lent, avec du dénivelé, etc) permettent de se faire plaisir et d’exploiter toutes les autos de différentes façons.


Avec l’arrivé d’un DLC « Brit Pack » amenant des tracés et des véhicules anglais, Reiza a décidé d’enrichir son titre au maximum dans les mois qui viennent. Le studio nous aura également promis d’autres contenus qui s’étendent jusqu’après la début 2017.



Conclusion



Automobilista est une véritable pépite dans son genre. Dans la lignée de l’ancêtre Grand Prix Legends, Reiza a su de la même façon que Papyrus à son époque, s’appliquer à développer un véritable simulateur automobile grand public. A supposer que l’on fasse abstraction de ses graphismes datés, son interface rugueuse et son IA d’un autre monde, Automobilista est aujourd’hui une référence en terme de simulation auto sur PC avec un moteur physique à des années lumières de la concurrence. Très loin des gros studios et gros moyens, et là ou bien d’autres studios ont échoués ou bâclé leur titres, Reiza aura su démontrer qu’il était possible de faire un véritable « motorsport simulator » abordable, pointu et exigent et ce avec beaucoup de rigueur et d’application.

Voussoir27
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 9 oct. 2016

Critique lue 13.7K fois

1 j'aime

Voussoir27

Écrit par

Critique lue 13.7K fois

1

Du même critique

DiRT Rally
Voussoir27
9

On the road again

Un peu d'histoire Après quelques épisodes chaotiques et pas toujours exceptionnels, Codemasters cherchaient un peu depuis plusieurs épisodes où ils devaient placer leur vieille licence de...

le 4 avr. 2016

3 j'aime

Forza Motorsport 6: Apex
Voussoir27
7

Heureusement, il est gratuit

Introduction Forza 6 Apex : première version PC de la série Forza Motorsport et dernière épisode de la saga de Microsoft. Un free-to-play donc, et une version « light » de Forza 6, version Xbox One...

le 3 déc. 2016

2 j'aime

Automobilista
Voussoir27
9

Motorsports Simulator

Introduction Automobilista se présente comme le dernier née de la famille des simulations automobiles à la sauce Reiza Studios. Après des titres comme Formula truck ou Copa Petrobras de Marcas, on...

le 9 oct. 2016

1 j'aime