Si la scène indé du jeu vidéo regorge de jeux de plateforme ou de puzzle games, il est plus rare d'y trouver des city builders. Et pourtant, Banished a été développé par Shining Rock Software, un studio composé de Luke Hodorowicz. Et c'est tout, oui oui. Depuis 2011, le développeur a créé son jeu en solo, et celui-ci est sorti depuis quelques jours. Le temps d'y engloutir quelques dizaines d'heures et voici mon avis
Dans Banished, on contrôle un petit groupe de villageois bannis (d'où le nom du jeu) qui vont reconstruire un village ailleurs et tenter de survivre à la faim et aux éléments. "Survivre" étant le maître mot dans cette aventure.
Dans ce jeu, pas de campagne épique et grandiloquente, d'ailleurs pas de campagne du tout. On sélectionne quelques paramètres (taille de la map, type d'environnement etc), et nous voilà à lutter contre la faim, le froid et les éléments dans le mode bac à sable, sur une map générée aléatoirement, et avec tous les bâtiments disponibles d'entrée. Ce mode est le seul disponible, une chose à savoir avant d'acheter le jeu. Pas d'autre objectif que ceux que l'on se fixe. Se débrouiller pour faire survivre ses ouailles, les faire se multiplier, et la satisfaction d'étendre sa map tout en faisant attention à l'équilibre de sa communauté.
Si je parle d'équilibre, c'est parce que d'une part, Banished serait presque un jeu écolo. La cabane de forestier ne va pas servir qu'à remplir la réserve de bois : le forestier devra aussi, sur une partie de son temps, replanter des arbres afin que son périmètre d'action ne soit pas dévasté. Et quand l'hiver approche, que la réserve de bois est basse mais qu'il ne faudrait pas tout raser sous peine de se retrouver avec encore moins à l'avenir, il y a des choix difficiles à faire.
D'autre part, c'est parce que chacun de vos villageois devra être affecté manuellement à une activité en les répartissant au mieux en fonction des besoins de la ville.
Par défaut, s'ils ont l'âge de travailler (soit autour des 10 ans), ce sont des "laborers" qui iront aider à ramener les ressources des bâtiments de production à la réserve, pourront défricher ou ramasser de la pierre/fer sur la map ... mais si vous placez un bâtiment de production, il faudra d'abord affecter des villageois à sa construction, puis un certain nombre à son fonctionnement. On est juge du nombre de villageois à affecter dans chaque activité, le tout étant de les répartir au mieux pour que chacun ait à manger, du bois pour se chauffer, un toit pour dormir ... car sinon c'est la mort, et chaque décès de travailleur pénalisera une activité et toute la ville par ricochet.
A devoir garder un oeil sur sa population, la quantité de nourriture, sa variété, le bois de construction/de chauffage, les outils, les vêtements chaud, et tant d'autres paramètres, il faudra construire sa ville lentement et pas à pas sous peine de la déséquilibrer et courir à la catastrophe. Et côté construction on est dans du relativement classique avec Banished : logements, réserves de nourriture et de ressources, bâtiments de production, marché et autres, bien connus des joueurs de city builders. Si tout est disponible d'emblée, il faudra bien sûr des montants de ressources très importants pour les bâtiments avancés, ce qui empêche de les construire trop vite sans que le jeu ait besoin de les bloquer au départ.
Banished est donc difficile, mais pas spécialement injuste. Il est vivement conseillé de passer par le didacticiel avant de commencer une partie, car il évite les erreurs de base. On peut suffisamment se planter misérablement en ayant l'impression que tout allait bien sur une erreur faite il y a plusieurs heures.
Par exemple (c'est du vécu), si l'on n'a pas compris que, bien que les maisons aient une dizaine de places, un couple ne fera pas d'enfant s'il n'y a pas de maison vide pour y déménager et procréer ... on se retrouve avec une population qui ne se reproduit pas, et quand il est déjà trop tard, une bande de vieillards qui meurent un à un, sans enfants pour prendre la relève, c'est à dire un village qui meurt à petit feu. Ayez toujours une maison en construction.
Mais en général tout est logique, et après quelques échecs on réussira à éviter les principaux écueils ... la plupart du temps, et quand ce ne sont pas les catastrophes en jeu comme la tornade, ou l'arrivée de nomades et leurs maladies exotiques.
Côté technique, c'est plutôt joli, notamment les environnements et les bâtiments. Les personnages sont plus simplistes, mais rien de scandaleux sachant qu'on a là l'oeuvre d'une seule personne. La musique met dans l'ambiance sans être transcendante, et l'interface est claire et bien fichue sans être d'une beauté à tomber, en tout cas on y retrouve les infos sans problème.
En clair, Banished est un city builder exigeant, mais qui ne s'adressera pas à tout le monde. L'amateur de campagnes scénarisées sera évidemment déçu, mais les adeptes du mode bac à sable y trouveront leur compte, surtout s'ils apprécient le challenge supplémentaire très intéressant proposé par le jeu. Si recommencer une ville parce que vous avez fait mourir tout le monde en voulant aller trop vite vous intéresse plus que de créer des maisons à la pelle et regarder votre mégalopole se remplir de centaines d'habitants qui s’octroieront tout seuls les emplois disponibles, Banished est fait pour vous.