L'asile qui libère le petit Batsy
Sorti en août 2009, au milieu de l'année, sans crier gare, avec peu d'annonces au préalable, ce petit Batman a fait grande sensation. Et ce ne sont pas les fans du Caped Crusader qui vont s'en plaindre. En effet, à part le Batman sur SNES ou éventuellement le LEGO Batman, il n'y a que peu de bonnes adaptations en Jeu Vidéo de la chauve-souris en collants (même si je dois avouer avoir un petit faible pour le Batman sur NES, dur mais intéressant).
Le jeu commence par l'enfermement du Joker à l'asile d'Arkham. Et ce n'est pas vraiment spoiler de dire que ce n'est que le début. Joker s'empare rapidement du complexe pour réaliser ses plans de conquête de Gotham et d'éradication de tous les rats volants qui traînent dans la ville. Les petits gars de Rocksteady Studios (inconnu auparavant pour moi et n'ayant réalisé que ce Batman et Urban Chaos sur la génération précédente) se sont surpassés. Au niveau de l'histoire, et du fan service, beaucoup d'adversaires connus de Batman font leur apparition, en chair et en os (et parfois écailles) ou de façon plus insidieuse comme E. Nigma. Le déroulement de l'histoire est linéaire mais cela permet d'immerger le joueur dans l'univers de l'asile d'Arkham sans empêcher un gameplay qui l'est beaucoup moins, mais j'y reviendrai. Les événements eux-mêmes sont intéressants mais cela manque peut-être un peu d'introspection du héros, de questionnement tel que cela a été fait dans The Dark Knight au cinéma. Ici, ça n'est qu'effleuré.
Le gameplay, donc, est à mi-chemin entre le jeu sandbox à la GTA et le beat them all classique : si l'on veut simplement être pris dans l'histoire et avancer, on peut. Par contre, on a aussi droit à pas mal de quêtes annexes, optionnelles mais qui sont un vrai plus, selon moi. En cela, ce Batman : Arkham Asylum se rapproche assez d'Assassin's Creed (surtout du 2e). Le mélange de combats, d'infiltration et d'énigmes est proche de la perfection pour moi. Les coups sont assez variés, les enchaînements, quand on maîtrise la bête, sont fluides et impressionnants. Même s'il y a essentiellement 2 types d'ennemis (les brutes de base et les Titans), on a droits à certaines variations armées qui demandent une adaptation dans les combats. Ainsi, le jeu pousse à faire des combos toujours plus longs et variés. Or, ces ennemis armés viennent interrompre l'enchaînement si on ne fait que "bourriner" sur les boutons. Il faut alors, encore plus que face à des adversaires normaux, jouer avec les esquives, les coups imblocables et les bat-outils. L'infiltration se fait assez naturellement en jouant avec les éléments du décor, les approches dans le dos et les "passages secrets". Il est jouissif, par exemple, de s'approcher discrètement d'un ennemi, d'utiliser le batclaw pour monter sur une gargouille puis de descendre à l'envers pour venir choper l'adversaire et l'accrocher à la gargouille, le laissant pendu comme un saucisson ! Enfin, les petites énigmes du Riddler sont nombreuses (240) et classées suivant différents types. Il faut prendre des photos d'endroits particuliers, découvrir des trophées cachés, scanner des archives, récupérer des interviews de patients célèbres de l'asile.... On découvre alors tout une base de données sur les personnages de l'univers de la créature de Bob Kane. Je ne suis pas un grand amateur de Batman donc j'ai pris beaucoup de plaisir à lire toutes les fiches, écouter les interviews,....
Et tout ceci, les énigmes, l'infiltration et même les combats, est plus facile voire simplement rendu possible grâce à l'outil que vous utiliserez le plus dans le jeu : le "Detective Mode". D'une simple pression sur L2, la vision change, le contraste est meilleur, le monde devient bleu et les informations sur les forces en présence, les éléments du décor qu'on peut utiliser et certains pièges à éviter apparaissent à l'écran. Pour vous donner une idée, cela ressemble à l'Eagle Vision d'Assassin's Creed. J'ai même lu que certains regrettent un peu ce mode car, à trop l'utiliser, on rate les belles textures et le joli travail réalisé sur l'éclairage dans le jeu.
Et une fois le jeu fini (ou en même temps, d'ailleurs), les défis sont toujours présents. C'est un mode à part entière qui propose deux types d'activités en plus du mode histoire : des combats en arène fermée et des missions d'infiltration dans les décors du jeu. Et si réussir à avoir 3 batarangs (meilleure note possible) pour les premiers est assez facile, ça se complique pour celui qui vise le trophée de platine ! En tout cas pour moi ! Il ne me reste "qu'à" avoir tous les batarangs de ce mode de jeu et je ne sais pas s'y arriverai ! Quoiqu'il en soit, les défis ajoutent de la durée de vie, du challenge et permet même de varier les plaisirs entre 2 parties en mode histoire.
Pour finir, un petit mot sur les musiques. Elles sont lancinantes, présentes en filigrane durant la partie. Je dirais que, comme notre héros, elles ne se font pas remarquer mais elles sont toujours présentes. Le travail de Ron Fish (les God of War) est subtil mais très intéressant. Je dois avouer avoir le thème du menu en tête en ce moment même ! Elles accompagnent parfaitement l'action sans l'étouffer.
Bref, avec son histoire sympa, un univers connu et intéressant de Justicier, un gameplay qu'on pourrait rapprocher de celui de God of War mélangeant combat et énigmes, un déroulement pas tout à fait linéaire et des outils à la Assassin's Creed le tout dans une ambiance oppressante, cette adaptation de Batman en Jeu Vidéo est tout simplement la meilleure à ce jour, selon moi. Mais plus que cela, c'est aussi un excellent jeu d'action/aventure.